Accès au contenu
Elevage

Veaux de boucherie : à la recherche du temps… gagné

Deux cents éleveurs de veaux de boucherie étaient invités à Paladru (Isère) au début du mois par leur intégrateur pour évoquer les différentes voies d’amélioration des conduites d’élevage.

Veaux de boucherie :  à la recherche du temps… gagné

Les frères Drevon, situés à St-Sulpice-les-Rivoire au pied du massif de la Chartreuse, œuvrent sans relâche depuis 1983 pour structurer une filière régionale de veaux de boucherie. Leur histoire aurait pu faire long feu, mais c'était sans compter sur leur pugnacité. Ils ont démarré leur activité au début des années quatre-vingt avec une deux chevaux fourgonnette pour collecter les veaux de leurs voisins. Ces veaux étaient ensuite élevés au lait reconstitué dans leur grange pendant cinq ou six mois... Jour après jour, René et Gilles Drevon ont affiné leur technique. Ils ont su convaincre des agriculteurs pour créer des places d'élevage dans leurs exploitations. Ils ont affiné une technique d'élevage sur paille là ou d'autres intégrateurs proposaient des caillebotis... Quarante-trois ans plus tard, ce sont 130 éleveurs qui les ont rejoints et produisent au total 60 000 veaux de boucherie par an. C'est un moyen de donner de la valeur à des veaux laitiers qui n'en avaient pas, d'apporter un complément de revenu à des exploitations de la grande région Rhône-Alpes et d'organiser toute une filière d'aval avec la grande distribution. Aujourd'hui, c'est au tour d'Anthony Drevon, fils de René, de reprendre le flambeau. Il accomplissait ses premières armes en invitant à cette demi-journée d'échange avec les éleveurs, la chambre d'agriculture et le conseil départemental de l'Isère ainsi que les banques et fournisseurs. Au programme de cette rencontre : comment gagner du temps à tous les niveaux dans le travail quotidien de l'éleveur, y compris sur la durée d'élevage en ne dépassant pas les 140 jours ?

Anthony Drevon à la tribune : « Nous verserons 3 euros supplémentaires par veau si vous optez pour du paillage automatique ».

Identifier les tâches chronophages

Gagner du temps, c'est gagner en productivité et c'est gagner en marge par veau... Cette lapalissade est plus que jamais dans l'air du temps. Ici les interventions de l'agriculteur dans son élevage ne sont pas calculées au centième de seconde comme sur une chaîne de construction automobile. Mais, pour autant, de nombreuses marges de progrès existent encore dans le travail quotidien de l'éleveur. La mécanisation du transport de la poudre de lait dans les louves, par exemple, est une première piste de réflexion abordée en réunion. Un élevage standard de 200 veaux consomme plus de 250 tonnes de poudre de lait par an, conditionnée en sacs de 25 kg. Un fournisseur de matériel d'élevage proposait un système de transport de poudre de lait par vis souple jusqu'aux louves et évoquait les économies en temps et en fatigue. Le paillage automatique est un autre axe d'économie de temps à passer dans l'élevage. Ce procédé développé dans de grands troupeaux laitiers de l'Ouest était présenté aux éleveurs. La paille est d'abord défibrée dans un broyeur à l'extérieur du bâtiment d'élevage, dépoussiérée et distribuée par des tubes sous forme de flocons au-dessus des loges des veaux. Plus de problème de toux pour les veaux incommodés par la poussière d'une pailleuse classique. Plus d'ouverture des portes de l'élevage pour rentrer des bottes de paille avec un tracteur et perturber la quiétude des veaux ainsi que l'ambiance du bâtiment. Anthony Drevon annonçait à ses éleveurs qu'il accorderait une prime de 3 euros par veaux à ceux qui opteraient pour cette nouvelle technique.

Gagner sur la durée d'élevage

La durée moyenne d'élevage est actuellement de 150 à 160 jours. Le service technique de l'intégrateur doit répondre à une double exigence, celle du marché qui demande des veaux plus jeunes et à l'impératif économique de l'éleveur qui doit assurer plus de bandes par an dans son bâtiment. Pour cela, il est prévu de raccourcir le temps d'élevage à 140 jours dans les prochaines bandes. Pour y arriver, les techniciens prévoient de fournir un lait plus énergétique et d'ajuster la complémentation en céréales. Il faut en même temps continuer à travailler sur l'amélioration des conditions d'élevage des veaux, c'est-à-dire le bien-être animal, étape aussi importante pour les gains de croissance, rappelaient les intervenants. La filière régionale de veaux de boucherie se porte assez bien et la consommation est en légère croissance comme venaient en témoigner trois enseignes de la grande distribution. Il reste encore une quinzaine d'élevages à monter pour satisfaire cette demande indiquaient les frères Drevon en clôture de cette rencontre.

Roland Meunier