Vendanges : petite récolte mais de qualité

Nord-Drôme
En côtes-du-rhône septentrionales (crozes-hermitage et hermitage), après un démarrage très précoce de la végétation, le froid a donné un coup de frein. « Nous avons échappé de justesse au gel. Nous avons été très chanceux », reconnaît Pierre Combat, vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme en charge de la viticulture. Du fait de l'été très chaud, le stress hydrique a été compliqué à gérer. « Mais le stress a été moins fort qu'au sud, fait remarquer Isabelle Méjean, responsable de l'équipe viticulture à la chambre d'agriculture. Au nord, quelques pluies sont tombées fin juillet-début août. »
Sur le plan sanitaire, peu de traitements ont été nécessaires. « Le temps a été parfait, observe Pierre Combat, si ce n'est le sec qui va réduire un peu les volumes au sud de l'AOC crozes-hermitage (galets). La partie nord de l'appellation (lœss) a mieux résisté. Qualitativement, 2017 sera un millésime au top. » La récolte devrait commencer la semaine du 4 septembre en blancs et la suivante en rouges. « L'année est plutôt précoce, constate Isabelle Méjean, mais moins que sur les autres secteurs viticoles du département. »
Diois
Dans le Diois, les premiers coups de sécateur ont été donnés le 23 août en muscat sur le secteur de Saint-Sauveur et le lendemain sur la zone ouest (Crest-Saillans). « Avec de belles maturités, du fait du temps chaud depuis la floraison », précise Fabien Lombard, président du syndicat de la clairette de Die et des vins du Diois. L'aléas climatique marquant de la campagne dans le Diois est le gel de fin avril. Le 3 août, un orage « appréciable » a arrosé de 30 à 40 millimètres à peu près toute la vallée de la Drôme. « Peu de parcelles se sont retrouvées en stress hydrique poussé, du fait aussi d'une petite charge des vignes (peu de grains), note Fabien Lombard. Mais il n'y a pas eu pléthore d'eau. » Sur le sujet, Isabelle Méjean observe : « Dans le Diois, la pluie est tombée plusieurs fois. Les vignes ont peu souffert mais les baies sont assez petites ». Elle signale aussi un peu de mildiou sur feuilles mais sans conséquence. L'état sanitaire est satisfaisant.
Les comptages réalisés en juillet laissaient espérer une demi-récolte en muscat. Sur les premières parcelles vendangées, les volumes sont mitigés, explique Fabien Lombard. On n'aura certainement pas de très bonne surprise, les grappes n'ont pas gonflé comme on aurait pu le penser. L'avance est d'environ deux semaines sur la moyenne. L'année étant précoce et les vignes peu chargées, les raisins devraient être de qualité, c'est un peu une compensation. On attend avec impatience de faire le bilan pour connaître vraiment l'impact du gel, savoir si la moitié de la récolte sera sauvée. Ce sera peut-être un peu plus avec l'orage de début août qui a davantage profité au cépage clairette. Cependant, ce cépage ne représente que 350 hectares sur les 1 600 que compte notre vignoble. »
Sud-Drôme
Dans le Sud-Drôme, le gel a surtout touché les IGP et, de façon plus localisée, quelques côtes-du-rhône. De la grêle est tombée début mai (incidence sur la nouaison) sur une grande zone, puis début juin (baies abîmées). Globalement, la nouaison des grenaches a été très irrégulière (coulure due à l'alternance du froid et du chaud). Le déficit hydrique est élevé : il n'a quasiment pas plu depuis début juin sur une grande partie du vignoble, surtout à l'ouest de l'enclave des Papes, hormis des orages locaux. Résultats : des baies de raisin petites et des grappes desséchées. La différence avec les vignes irriguées est très visible. La pression des maladies, elle, s'est révélée moyenne à faible (un peu de mildiou sur feuilles).
« La récolte sera petite en grenache, moyenne à petite en syrah ainsi qu'en blancs, estime Isabelle Méjean. En carignan, elle sera plus proche de la normale mais les surfaces de ce cépage sont limitées dans le Sud-Drôme. En blancs et rosés, les vendanges ont commencé le 22 août, avec deux semaines d'avance. Les rouges, eux, n'ont pas encore atteint leur maturité phénolique (couleur, tanins). La récolte devrait débuter avec environ dix jours d'avance en syrah et une semaine en grenache. Et la qualité s'annonce bien. »
Un tour de table a été fait la semaine dernière lors d'une réunion au syndicat général des vignerons des côtes-du-rhône. Serge Roux, président du Cellier des Dauphins, en retient que, dans les secteurs plus au sud ayant commencé à vendanger, des viticulteurs se retrouvent avec des pertes de récolte de 35, 40 et jusqu'à 70 % suivant les endroits et l'intensité des aléas climatiques (gel, grêle, sécheresse). « La sécheresse avance encore, observait-t-il au début de cette semaine. Nous sommes très inquiets car la récolte risque d'être faible. »