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VIGNES

Vendanges : une pluie salvatrice

Après une période de sécheresse exceptionnelle, les pluies de la semaine dernière sont apparues comme une aubaine pour les viticulteurs drômois à quelques jours des vendanges. Explications.

Vendanges : une pluie salvatrice
Selon les secteurs drômois, la plupart des vendanges de chardonnay ont démarré entre le 16 et le 22 août. ©AD26

« La pluie des derniers jours a changé la donne et a été relativement bénéfique pour le vignoble », signale Juliette Allain, directrice de la cave La Suzienne, à Suze-La-Rousse. Avec une pluviométrie de 70 à 80 mm d’eau selon les secteurs, les grains de raisins ont retrouvé du pep’s. « Les baies commençaient réellement à souffrir de la sécheresse. Mais la pluie, puis la météo des jours suivants, sont assez favorables, avec un peu de vent et du soleil. Globalement, le contexte est meilleur que celui que l’on pouvait avoir à la mi-août. De plus, nous n’avons pas d’inquiétude à avoir sur l’état sanitaire des vignes. Nous sommes donc relativement confiants », poursuit-elle.
En termes de volumétrie, les rendements ne seront pas au rendez-vous des quantités espérées en sortie de floraison. « Nous étions assez optimistes au moment de la floraison avec de belles sorties de grappes. Nous avions une belle récolte en perspective, mais la sécheresse nous a contraints à revoir les chiffres à la baisse. La pluie ne rattrapera pas l’impact total de la sécheresse du mois d’août, d’autant plus que nous avions l’interdiction d’irriguer. Dans certains secteurs, les vignes ont réellement souffert du manque d’eau », déclare Juliette Allain.

Des rendements plus bas qu’espérés

Les estimations des volumes pour la cave tournent autour de 64 à 65 000 hectolitres (contre 70 000 hectolitres initialement prévus). « Nous avions gelé les deux années précédentes, donc il est difficile de comparer, juge la directrice. Cette année, tout dépendra vraiment du poids des grappes. La pluie va être décisive en termes d’impacts sur la récolte.» Quant aux vendanges, celles des Chardonnay ont commencé dès le 16 août. La suite des récoltes en blanc et en rosé devait se poursuivre cette semaine. Celle des rouges en revanche est prévue début septembre. 
Du côté de la cave de Tain, les pluies ont là aussi été salvatrices. « Nous étions en situation de stress hydrique et de blocage avec les fortes chaleurs. Les pluies intervenues entre le 15 et le 17 août, pour un cumul allant de 45 à 60 mm selon les secteurs, vont apporter un vrai plus pour la maturité des raisins. Cela va permettre de débloquer certaines vignes. En termes de maturités, cela apportera vraiment un gain. Sur les volumes, je suis un peu plus réservé. Globalement, je m’attends plutôt à des rendements bas », indique Claude Laÿs, président de la cave. Pour rappel, la cave de Tain regroupe cinq crus septentrionaux : Saint-Joseph, Cornas, Saint-Péray, Hermitage, Crozes-Hermitage. L’irrigation n’est pas indiquée dans ces décrets d’appellation, donc il est impossible d’y avoir recours, sauf pour le Crozes-Hermitage sur dérogation exceptionnelle. « Nous devons donc mettre tout en œuvre pour que nos vignes puissent résister le mieux possible à la sécheresse en adaptant nos techniques. Toutefois, si le changement climatique que l’on commence à ressentir se poursuit, il faudra songer à faire évoluer les décrets d’appellation… », avoue le président de la cave.

Un état sanitaire correct

 Par rapport au potentiel de production de la cave, il estime une baisse de 10 à 15 % des volumes. « La cave englobe près de 1 100 hectares, soit des vendanges d’environ 45 000 hectolitres. Cette année, on sera plutôt aux alentours des 40 000 hl », poursuit-il.
Quant à l’état sanitaire des vignes, « l’absence de pluies signifie également l’absence de maladies. Nous n’avons pas eu de soucis de champignons (oïdium, mildiou). C’est une année où nous avons finalement pu faire l’impasse sur pas mal de traitements, se réjouit Claude Laÿs. Désormais, les viticulteurs du nord Drôme sont dans les starting blocks. » Les récoltes des blancs ont démarré cette semaine : « les degrés ont monté et l’acidité a baissé. Il faut vraiment les surveiller pour privilégier l’acidité et avoir des vins sur la fraicheur comme on le souhaite ». Les vendanges des rouges débuteront quant à elles fin août / début septembre. « Finalement, l’année n’est pas aussi précoce qu’on l’avait imaginé ». Par rapport à la moyenne effectuée sur les dix dernières années, les vendanges ont lieu avec dix à douze jours d’avance. « Nous sommes toutefois moins avancés qu’en 2003, année de référence en termes de canicule et de sécheresse dans notre secteur », conclut le président de la cave de Tain.

Amandine Priolet

JAILLANCE

Dans le Diois, des vendanges précoces

Cette année, les vendanges ont démarré tôt pour les viticulteurs adhérents de la cave Jaillance à Die. Nicolas Fermond, directeur technique de la cave, fait un premier bilan sur l’état du vignoble, le rendement et les enjeux des années à venir.

Après un été caniculaire, les vendanges ont commencé dès le 11 août sur le territoire de l’appellation Clairette de Die. Nicolas Fermond, directeur technique de la cave Jaillance se souvient de 2003, où les vendanges avaient démarré dès le 18 août. « En comparaison, l’an dernier nous avons débuté le 9 septembre », indique-t-il. Environ 100 hectares avaient déjà été vendangés à la date du 19 août sur les 1 200 hectares des adhérents de la cave. Ce démarrage précoce a mis en difficulté certains viticulteurs pour le recrutement de main d'œuvre. Mais la coopérative est venue en renfort. « Nous mettons en relation les équipes de vendangeurs qui nous contactent avec les viticulteurs qui recherchent », explique le directeur technique. 

Pour ses adhérents, la cave coopérative pilote le suivi de la maturité du raisin, de façon parcellaire ou pour de gros volumes. Ces suivis permettent de donner une date aux viticulteurs pour le début des vendanges. Selon les estimations, au 22 août, tous les viticulteurs de l’AOC devraient avoir démarré leurs récoltes.

Quelques brûlures sur les raisins

Globalement, le vignoble est dans « un état sanitaire exceptionnel », même si Nicolas Fermond indique que « sur les premières vignes vendangées, on constate quelques brûlures sur les raisins à cause des fortes chaleurs ». La pluie des derniers jours (60 millimètres environ sur l’intégralité de la vallée de la Drôme) devrait faire du bien à la vigne. Mais le rendement sera probablement plus faible que ce qu’autorise le cahier des charges (55 hectolitres par hectare), même s’il est encore trop tôt pour une estimation précise. Sur quelques parcelles situées dans des secteurs très secs ou sur les jeunes vignes, des stress hydriques ont été constatés. Plusieurs réflexions sont déjà engagées sur l'appellation pour faire face aux dérèglements climatiques et adapter les cultures dans les années à venir. Pour 2022, la qualité du raisin reste tout de même excellente, avec une acidité atteinte qui donne « un bel équilibre et une belle fraîcheur », affirme le directeur technique. 

Elodie Potente