Vers la création d'un nouvel atelier de découpe ?

Difficile de défendre l'image d'un produit local lorsque toutes les étapes de fabrication ne sont pas effectuées sur le territoire concerné. Citons notamment l'exemple des brasseurs artisanaux qui apprécient vivement le fait de pouvoir s'approvisionner en malt ou encore en houblon locaux. Pour les éleveurs, c'est un peu la même chose. Si certaines exploitations sont autonomes en ce qui concerne l'alimentation, ce n'est pas le cas pour les ateliers de découpe et de transformation. C'est dans ce contexte que plusieurs agriculteurs drômois réfléchissent actuellement à la création d'un atelier qui serait implanté au nord du département. « Cela répond à un besoin. Mais cela a également un sens, surtout lorsque l'on défend le local », précise d'ailleurs Rémy Estavil, installé à La Motte-de-Galaure, qui commercialise notamment des caissettes d'agneaux en vente directe.
De l'exploitant au consommateur
D'autant plus qu'aujourd'hui les producteurs dépendent de prestataires de services, situés à plusieurs dizaines de kilomètres selon les cas. Olivier Penel élève depuis peu des porcs plein air à Claveyson, destinés à la vente directe (il cultive également 30 hectares de céréales et 6 de vergers). Lui aussi compte sur la création de cet atelier. « Pour le moment, nous sommes obligés d'aller loin, à Valence ou Romans-sur-Isère pour l'abattage. Pour la transformation, j'ai commencé à me renseigner à Vaunaveys-la-Rochette », explique-t-il. Une dernière solution, près de Crest, qui est tout de même située à 60 kilomètres de son exploitation.
Rémy Estavil peut, quant à lui, se tourner vers Romans Viande, à Peyrins. D'autres solutions existent, tel l'atelier collectif de découpe et de transformation « Les Artisous » situé à Quintenas (07). Un espace qui a d'ailleurs vu le jour en juin 2014 sous l'impulsion d'une dizaine de producteurs locaux, aucune structure de ce type n'existant alors au nord du département de l'Ardèche. Cette SARL travaille aujourd'hui avec 110 éleveurs implantés en Ardèche bien sûr mais aussi en Isère et Drôme. Difficile de ne pas faire un parallèle avec le projet porté par les agriculteurs drômois. Mais, dans le cas présent, c'est un outil coopératif qui est envisagé.
L'équipement du Nord-Drôme viserait ainsi à réduire les coûts de transport et, in fine, gagner en temps et souplesse. « L'idée est de maîtriser la découpe », note Rémy Estavil. Avant de poursuivre : « Nous pourrions aussi justifier auprès du client que tout est vraiment local ».
Avoir du volume
Pour l'heure, ce dossier n'en est qu'au stade de projet. Mais plusieurs agriculteurs ont toutefois montré leur intérêt. Ce qui permet peu à peu de prévoir un volume, un élément essentiel pour la bonne avancée du dossier. Certains espèrent qu'il aboutira d'ailleurs rapidement.
Pour cela, les agriculteurs se sont tournés vers la communauté de communes Portes de Drômardèche. Ce que confirme l'intercommunalité qui précise, d'ailleurs, avoir reçu un agriculteur. Mais même si elle agit en matière d'agriculture (création d'aire de lavage, agritourisme, etc.), elle n'a pas en l'état d'aides spécifiques pour ce type de projet. Son service développement économique accompagnera néanmoins les agriculteurs dans leurs démarches. À suivre.
A. T.
D'autres initiatives sur le territoire
Une démarche similaire a déjà été menée à Saint-Michel-sur-Savasse. Le GIE Viande Drôme des collines a ainsi vu le jour en 2000. « Des éleveurs voulaient créer un atelier de découpe », explique Claude Martin (Gaec La Cour). Ce dernier en est d'ailleurs le principal utilisateur (60 % du chiffre d'affaires). Mais on en compte au total une dizaine, originaires des communes alentours, mais aussi du Vercors et de l'Isère.