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Oléiculture

Vers une année exceptionnelle pour l'olive de Nyons

Alors que la récolte bat son plein sur toute la zone de production de l’olive noire AOC de Nyons, la traditionnelle fête de l’olive piquée aura permis de déguster la primeur d’une année qui s’annonce belle et généreuse.
Vers une année exceptionnelle pour l'olive de Nyons

L'olive piquée, spécialité nyonsaise, est une préparation traditionnelle ancestrale qui permet aux oléiculteurs de goûter leurs olives fraîches aussitôt après la récolte, sans attendre les six mois nécessaires à la préparation en saumure. Perforées dès la cueillette, les olives de la variété tanche sont saupoudrées de sel fin qui les fait « pleurer » pour en expulser l'amertume et leur confère un goût puissant et prononcé.
Traditionnellement organisée le samedi précédent Noël, par le Syndicat de l'olive noire de Nyons et des Baronnies, l'Afidol et l'Institut du monde de l'olivier et leurs partenaires, la fête de l'olive piquée s'est déroulée à Nyons le 19 décembre. Tout au long de la journée, un vaste programme d'animations et de nombreuses activités gratuites ont permis de célébrer comme il se doit cette perle noire. Plusieurs centaines de petits et grands gourmets se sont ainsi pressés toute la journée dans la grande salle de la Maison de pays où, en fin de matinée, la Confrérie des chevaliers de l'olivier a tenu son traditionnel chapitre en présence de la confrérie des Côtes-du-Rhône, du maire et conseiller départemental Pierre Combes, du sous-préfet de Nyons Bernard Roudil et de la sénatrice Marie-Pierre Monier.

Stands d’oléiculteurs dans la Maison de pays, samedi dernier à Nyons.

D'excellentes prévisions de récolte

Cette fête est également l'occasion de faire le point sur une récolte qui s'annonce prometteuse après une année 2014 catastrophique. Cette « annus horribilis » pour la profession avait fait tomber les chiffres de production de plus de 50 %, aussi bien pour l'huile que pour l'olive de table (seulement 138 tonnes d'huile et 113 tonnes d'olives de table pour l'appellation). Les prévisions 2015 sont à ce stade très bonnes, tant en quantité qu'en qualité.
Jacques Rouit, oléiculteur nyonsais et secrétaire du syndicat de la Tanche, parle d'une belle récolte sur l'ensemble de la zone de production, particulièrement généreuse dans le secteur de Buis-les-Baronnies. « Une récolte plutôt précoce pour l'huile et un peu tardive pour les olives de bouche, explique-t-il. Les fruits sont bien noirs et lisses, ce qui est excellent pour l'huile. Mais, pour l'olive de conserve, la douceur de l'hiver n'a pas encore permis de finir la maturation, de friper les fruits. Il manque quelques gelées matinales. »

« Tous les feux sont au vert »

Le président de la coopérative du Nyonsais, Serge Roux, très euphorique, annonce même une année exceptionnelle. « Tous les feux sont au vert, constate-t-il. Un temps sec pour la récolte, des arbres très chargés, une qualité remarquable... Pour l'huile, la coopérative a déjà trituré près de 700 tonnes d'olives et depuis le 15 décembre nous calibrons les olives qui iront à la saumure pour faire des conserves. Nous pensons atteindre les 1 300 tonnes d'apports dont 800 à 900 à triturer (soit 200 à 250 tonnes d'huile) et 400 à 450 d'olives de bouche. Avec le nouveau cahier des charges de l'AOP, ajoute-t-il, nous avons un peu modifié notre façon de faire et les agriculteurs ont cette année récolté les olives plus tôt de manière à avoir un produit qui se rapproche des caractéristiques optimales de l'appellation, que ce soit en termes d'acidité ou de taux de peroxyde. Avec une acidité très basse et un peroxyde quasi inexistant, nous allons produire une huile de très grande qualité que l'on pourra conserver sans difficulté et ainsi reconstituer nos stocks et relancer la commercialisation qui avait été freinée l'année dernière. »
Le réchauffement climatique en question
A la question de savoir si le réchauffement climatique, illustré cette année par un hiver exceptionnellement doux, peut avoir des conséquences sur l'oléiculture dans les Baronnies, Serge Roux reste optimiste et positif. « Contrairement à beaucoup d'autres secteurs agricoles qui pourraient en souffrir, l'oléiculture du Nyonsais ne peut que profiter de ce réchauffement, estime-t-il. Les Baronnies sont en effet au pôle nord de la production oléicole européenne et, s'il y a un petit réchauffement, cela ne peut que préserver nos productions. » Un avis que partage le président de l'Institut du monde de l'olivier, Christian Teulade, qui modère cependant son opinion en précisant qu'une telle évolution climatique pourrait aussi, à terme, modifier la typicité de l'olive de Nyons. 

Alain Bosmans