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Génétique

Vers une union de trois coopératives de l'insémination animale

La coopérative d'insémination animale, Eliacoop, travaille à un rapprochement avec deux autres coopératives du Sud-Est : Codélia et UCIA. Objectif : permettre au nouvel ensemble de pouvoir amortir les futurs investissements en compétences et en outils pour apporter le meilleur des nouvelles technologies de la génétique et de la reproduction.
Vers une union de trois coopératives de l'insémination animale

C'était l'un des sujets phares de l'assemblée générale de la coopérative Eliacoop, spécialisée dans les métiers de la reproduction et de la génétique en bovin et caprin. « Nous menons, depuis plus d'un an, une démarche de rapprochement avec Codelia et l'UCIA pour travailler ensemble sur un volume d'activité plus important, a expliqué Guy Cabaussel, le président d'Eliacoop. Comment pourrons-nous amortir les nouvelles compétences humaines et les nouveaux outils dont nous aurons besoin demain sans cela ? »
Devant les nombreuses innovations qui se préparent dans les domaines de la génétique, l'épigénétique et la reproduction, le conseil d'administration d'Eliacoop estime qu'il faut que la coopérative s'unisse avec d'autres pour atteindre une taille suffisante pour faire face aux nouveaux investissements en formation du personnel ou en outils. « Les trois coopératives souhaitent conserver un bon ancrage territorial et une bonne relation de proximité avec les éleveurs », a insisté Guy Cabaussel.

Un rapprochement en préparation

Cette question a été largement abordée lors des différentes assemblées de section en amont de l'assemblée générale de la coopérative. « J'ai été surpris par la maturité des éleveurs qui comprennent très bien l'intérêt de ce rapprochement et le besoin de notre coopérative de travailler avec d'autres pour continuer à remplir notre mission efficacement », a poursuivi Hugues Dauzet, directeur des trois coopératives Eliacoop, UCIA et Codelia, depuis le 1er janvier 2015. Le nouvel ensemble représentera 16,3 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 124 salariés pour 300 000 inséminations auprès de 6 428 adhérents sur les départements suivants : Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Rhône, Ain, Drôme, Ardèche, Isère, Rhône, Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence. Elle devra stocker
600 000 doses de semences, 25 races différentes et plus de 2 000 tonnes de produits d'approvisionnement à distribuer. Le futur ensemble qui se dotera d'un nouveau nom devrait voir le jour d'ici un à deux ans.

Un chiffre d'affaires en hausse

L'assemblée générale d'Eliacoop a dressé un bilan de l'exercice du 1er octobre 2013 au 30 septembre 2014, qui a vu son chiffre d'affaires augmenter de 6 %. D'un point de vue comptable, la coopérative affiche un résultat de l'exercice en perte de 91 270 euros, soit 1 % du chiffre d'affaires. « Les pertes se réduisent par rapport au dernier exercice où la coopérative avait vu son résultat plonger à 328 500 euros », indique Gérard Charry, le comptable de la coopérative qui précise que le niveau des réserves de la structure reste  élevé. Malgré un recul du nombre d'éleveurs, le nombre d'IA bovines et caprines est quasi stable. Les semences sexées connaissent des taux de croissance importants : + 38 % en montbéliard et + 71 % en prim'holstein. « Elles permettent des gains intéressants dans les élevages, qui peuvent être calculés via deux outils informatiques de la coopérative », indique Laura Balberini, chef de projets génétiques à Eliacoop.
La branche des approvisionnements représente 1,8 million d'euros en hausse de 6,1 %. C'est 20 % du chiffre d'affaires. « Ces services sont indispensables à la coopérative car les minéraux, les antigermes et l'homéopathie apportent des solutions aux élevages », a indiqué Hugues Dauzet. 
Camille Peyrache

Réglementation : un projet de règlement zootechnique européen pour 2016
Le dispositif génétique français actuel date de 1966 suite à la loi sur l'élevage. L’État y tient une place importante en termes d'organisation. Depuis la loi d'orientation agricole de 2006, le désengagement de l’État a commencé par la création d'une interprofession France génétique élevage (FGE) et la création du service universel de l'IA. « Le projet de règlement zootechnique européen vise à harmoniser les pratiques et les textes actuels, clarifier les normes et sécuriser les pratiques, assurer la libre circulation des reproducteurs, du matériel de reproduction et accroître la compétitivité de l'élevage européen, explique Xavier David, le président d'Allice, ex-UNCEIA. Sur le plan des financements, l'ensemble du dispositif est aujourd'hui très majoritairement payé par les éleveurs puisqu'ils financent 95,5 % sur les 326 millions d'euros. » Seuls 15 millions d'euros proviennent de l’État ou de financement professionnel (Casdar, etc.) et vont probablement se réduire dans les années à venir.
Ce nouveau règlement zootechnique européen va mettre fin aux derniers monopoles et mettre la contractualisation entre acteurs au cœur du système. « C'est un texte d’inspiration libérale sur lequel Allice est fortement mobilisée, souligne Xavier David. Ce nouveau règlement va générer de nouvelles opportunités que nous souhaitons saisir. Il peut conforter la maîtrise collective de la génétique qui appartient encore aux éleveurs, simplifier et optimiser le dispositif de création génétique, et va provoquer une restructuration et une rationalisation de nos structures par l'innovation. » 
C. P.