Vieillir, oui, mais en bonne santé !
Dans le cadre de son action sanitaire et sociale, la MSA Ardèche-Drôme-Loire a accompagné des animateurs bénévoles des ateliers mémoire Peps Eureka* sur la création d'un spectacle théâtral et musical intitulé « La belle vie ». Une initiative soutenue financièrement par la Conférence des financeurs, un dispositif de la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement, et contractualisé avec l'association « En compagnie des Oliviers » basée à Forcalquier (04). Six représentations étaient proposées en Ardèche, Drôme et Loire. L'une d'entre elles a eu lieu à Souspierre (26) le 29 novembre. Et une autre le 5 décembre au Vans (07), un territoire sur lequel la MSA initie une action spécifique de développement social local : la charte territoriale de solidarité avec les aînés.
Fugue à quatre voix
Dans ce spectacle, on apprend la nouvelle à la radio : trois résidants et une aide-soignante se sont sauvés d'une maison de retraite au nom fleuri, Les Glycines. Et on est sans nouvelles... Nous retrouvons nos comparses dans un bistrot itinérant, en fait un camping-car appelé « Au tord boyaux » en clin d'œil à Pierre Perret, acheté grâce à leurs économies. Certes, disent-ils : « On était gentils avec nous et on mangeait bien mais on avait un robot pour les cours de gym pour économiser le personnel et on s'ennuyait beaucoup, on était en coma social artificiel. Une vie sans la vie quoi ! » Jean-Pierre George, responsable de l'association « En compagnie des Oliviers » et metteur en scène, est l'auteur d'un texte vivant et facile d'accès. Avec beaucoup d'humour, quelquefois grinçant, ironique et coquin, il n'est pas exempt de tendresse et montre comment la vieillesse est perçue aujourd'hui.
« Croisade contre le mal vieillir »
Passer de la vie active au statut de retraité n'est pas chose aisée. Il s'agit de trouver des raisons de vivre, ne pas se résigner surtout et ne pas se laisser aller. Comme le dit l'un des personnages : « Je ne veux pas abandonner mes idéaux, conserver l'amour du merveilleux et le désir intrépide de défier les évènements, avoir des projets. Je veux bien bouffer, beaucoup de fruits et de légumes, pas trop de sel, pas trop de sucre, du bon gras et du pinard (avec modération bien sûr), bien dormir, rigoler, rêver, aimer et baiser. » Le sexe, sujet tabou surtout à cet âge-là, n'est pas absent : « Qu'est-ce qu'il a mon âge », dit Monique. Il fait partie de la vie et les personnages veulent vivre toute leur vie et pas une vie au rabais. Avec l'impétuosité qui caractérise son personnage, Monique s'écrie : « Je suis en croisade contre le mal-vieillir ».
« Expérimenter la vieillesse heureuse »
Des intermèdes musicaux ponctuent la pièce, une façon élégante d'insérer une note poétique avec des auteurs tels que Léo Ferré, Gérard Joyet, Georges Moustaki et Pierre Perret, des rebelles irrévérencieux qui moquent la vieillesse. Les chansons sont interprétées par les acteurs mais aussi par Sarah Larher, musicienne et adjointe de Jean-Pierre George, à l'accordéon et au piano. Dans la pièce, elle joue l'aide-soignante qui, mal considérée et mal payée, devait faire « dix toilettes à l'heure ». Elle a voulu « expérimenter la vieillesse heureuse ». Les acteurs - Odile Chareyron, Josiane Ibarrondau, Monique Schapman, Jean-Paul Vanie - et animateurs bénévoles ont eu le mérite de se prêter au jeu du spectacle. « Je les ai fait beaucoup travailler. Ils ont dû apprendre le texte, ce qui n'est pas facile, répéter les chants. Ils ont bien bossé. On les a emmenés le plus loin qu'on a pu », confie Jean-Pierre George. Et le résultat a été au rendez-vous, avec beaucoup d'applaudissements de la part d'un public subjugué. Le prochain spectacle sera présenté à La Voulte-sur-Rhône (07), le 10 janvier.
Cécile Chanteperdrix
* Programme d'éducation et de promotion santé.
