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Vigi Agri 26

Vigi Agri : mailler pour sécuriser les exploitations au maximum

Pour lutter contre les actes de malveillance envers le milieu agricole et sécuriser les exploitations, a été mis en place Vigi Agri 26. Ce dispositif vient d'être présenté à la filière avicole.
Vigi Agri : mailler pour sécuriser les exploitations au maximum

Agribashing, intrusions dénigrant des conditions d'élevage, menaces, destruction de cultures, matériels, vols sur les exploitations, incendies criminels... « Ça nous touche aux tripes. C'est l'un de nos dossiers prioritaires », a confié le président de la chambre d'agriculture de la Drôme, Jean-Pierre Royannez, le 21 février à Bourg-lès-Valence, lors d'une réunion d'information sur Vigi Agri 26 et la sécurisation des exploitations. A cette rencontre dédiée au secteur avicole, participaient la Gendarmerie et la Police nationales. Et un éleveur victime d'intrusions sur son exploitation a témoigné.

SMS d'alerte, référents sûreté, signalétique...

Philippe Juven, président de Filavi 26, Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme, et Thierry Mommée, élu de celle-ci, à la réunion Vigi Agri 26 avec la filière avicole (de gauche à droite).  

Lancé l'an passé, Vigi Agri 26 est un réseau d'alerte par SMS. Gendarmerie et police (selon la localisation des exploitations) envoient des messages pour avertir rapidement de faits délictuels commis au préjudice d'agriculteurs et renforcer la vigilance. « Globalement, le système est efficace », a assuré le chef d'escadron de gendarmerie Robert Kauflin. A aussi été mis en place dans chaque circonscription un référent sûreté (gendarmerie ou police), comme le maréchal des logis chef Rodolphe Oger, présent à cette réunion. Son rôle : évaluer les points de vulnérabilité sur les exploitations et conseiller des améliorations techniques pour plus de sécurité. Mais aussi servir de relais en cas d'observation de faits inhabituels ou inquiétants. Sont également en place des correspondants sûreté. Après inscription à Vigi Agri sur le site internet de la chambre d'agriculture, le nom du référent est communiqué au nouvel adhérent. Et une visite des forces de l'ordre sur l'exploitation est prévue. A signaler encore, une signalétique a été conçue (à l'image des « voisins vigilants ») pour dissuader des actes de malveillance, à afficher sur l'exploitation « à des endroits judicieux », a conseillé le chef d'escadron.
A savoir aussi, en cas d'actes de malveillance identifiés, de présence d'individus suspects, appeler le numéro d'urgence 17. Quant aux démarches de plaintes, elles ont été simplifiées avec la possibilité de pré-plaintes en ligne (www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr). « Avec le système de pré-plainte, qui tombe en gendarmerie ou à la police (selon la localisation), vous êtes rappelés dans les 24 heures. Un rendez-vous est pris, il n'y a pas d'attente. C'est un traitement particulier », a expliqué le chef d'escadron.

400 adhérents et bientôt plus

Lors de la réunion sur Vigi Agri 26 dédiée au monde avicole, avec au premier rang le chef d'escadron de gendarmerie Robert Kauflin, le maréchal des logis chef Rodolphe Oger et le major de police Jacques Farcis.

Olivier Durant, chef de service à la chambre d'agriculture, a donné le chiffre de 400 adhésions à Vigi Agri 26 et rappelé la participation demandée de 24 euros pour deux ans, le dispositif ayant un coût. La coopérative Valsoleil va faire adhérer tous ses aviculteurs et cuniculteurs en prenant en charge le coût, a indiqué le président de sa section volailles, Serge Faure. « Au plus des agriculteurs adhéreront à Vigi Agri, au mieux le réseau fonctionnera », a observé Philippe Juven, le président de Filavi 26 (association de la filière avicole de la Drôme). « Le dispositif fonctionne. Il faut le faire monter en puissance. On continue à mobiliser », a complété Jean-Pierre Royannez. « Personne n'est à l'abri d'actes de malveillance, a fait remarquer Thierry Mommée, élu chambre d'agriculture. Pour assurer l'efficacité de Vigi Agri, il faut un maillage fort, l'adhésion d'un maximum d'agriculteurs. »
Le chef d'escadron Robert Kauflin a encore dit à l'adresse des agriculteurs : « Vous pouvez nous donner des pièces de puzzle qui nous manquent et être des acteurs de prévention ». Le major de la Police nationale Jacques Farcis, lui, a notamment recommandé de veiller à préserver les traces et indices en cas de délit sur une exploitation « pour nous laisser toutes les chances de confronter les auteurs ». Encore un conseil du chef d'escadron : pour les matériels identifiés avec un numéro de série, penser à relever celui-ci, c'est un moyen de les retrouver en cas de vol.

Annie Laurie
Intrusion dans les élevages /
Le vécu de Philippe Barbeyer
Philippe Barbeyer, qui a été victime d'intrusions sur son exploitation, accepte des interviews pour défendre la filière.
Philippe Barbeyer élève volailles et lapins à Allex avec ses frères, Didier et Hervé. En mars 2019, une voisine lui apprend qu'une vidéo de leur exploitation a été postée sur internet. Elle a été filmée par l'association activiste pour le droit des animaux DxE. « La DDPP m'a appelé puis est venue et deux gendarmes sont arrivés en même temps, raconte Philippe Barbeyer. DxE a filmé un dindon boiteux. Sur 4 500 mâles, il faut accepter qu'il y ait un tordu. Ce n'était pas la totalité. En plus, des images de la vidéo ont été prises ailleurs car ce n'était pas notre matériel. A l'abattoir, le lot était conforme. Et, heureusement, on était dans les clous pour la réglementation. Du coup, ça s'est fini assez bien ; c'est une chance pour nous. Et aussi pour la filière, qui est montrée du doigt. » Bien que non procéduriers, les frères Barbeyer ont porté plainte. « Mais je n'y crois pas, poursuit Philippe. Malgré qu'on soit blessé, je pense qu'il y a des choses plus importantes. Nous faisons notre métier par passion et, là, on vient nous démolir. »
« Avant, on travaillait en confiance »
Avant cette « visite » de DxE remontant certainement à fin février, « on travaillait en confiance et on ne fermait pas nos bâtiments à clé ». Depuis, ils sont fermés à double tour et des loquets ont été posés sur les portes. Donc maintenant, « si quelqu'un pénètre dans l'élevage, il y aura obligatoirement effraction ».
Depuis aussi, Philippe Barbeyer accepte des interviews pour défendre la filière. Il espère, ainsi, « faire passer des messages à des gens qui ne sont pas du métier » car « un fossé s'est creusé avec nos concitoyens qui n'ont plus de lien avec l'agriculture. On doit rattraper les années perdues mais ça prendra du temps. Aujourd'hui, il faut ouvrir nos bâtiments à la visite. » Thierry Mommée, élu chambre d'agriculture, a répondu : « Mais pas n'importe comment. Il y a des règles de biosécurité à respecter pour protéger les animaux de bactéries et virus venant de l'extérieur. Il faudra trouver un compromis. » Et il a salué le courage, l'action de Philippe Barbeyer.
A. L.