Vins de la Drôme des collines : un projet d'AOC

Raphaël Cros, présentez-nous le vignoble de la Drôme des collines.
Raphaël Cros : «Historiquement, les vignes de notre secteur sont installées sur les coteaux sablonneux d'une douzaine de communes entourant Saint-Donat, bourg où une coopérative vinicole a été créée en 1931. Depuis une quinzaine d'années, le vignoble de notre secteur a subi une profonde mutation. Avant, la viticulture y était pratiquée par une multitude d'opérateurs avec un à trois hectares chacun sur des exploitations en polyculture. Depuis les années 2000, elle s'est largement professionnalisée et spécialisée. Dans une logique qualitative, les rendements ont volontairement été revus à la baisse. Sur les dix dernières années, leur moyenne est de 53 hectolitres par hectare, alors que le maximum fixé pour l'IGP Collines rhodaniennes est de 80 hectolitres. La qualité de nos vins a été améliorée. Des récompenses ont d'ailleurs été obtenues à des concours ces dernières années. »
Quand et pourquoi le syndicat des vignerons de la Drôme des collines a-t-il été fondé ?
R. C. : « L'idée de tenter de faire reconnaître notre vignoble en appellation d'origine contrôlée Côtes-du-Rhône remonte à fin 2013. Dans cet objectif, nous nous sommes fédérés en créant, le 1er avril 2014, le syndicat des vignerons de la Drôme des collines. Puis, en fin d'année dernière, nous avons déposé une demande au syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône, qui l'a transmise à l'Inao. Actuellement, elle est en attente d'être traitée au niveau national. »
Qui sont membres du syndicat ?
R. C. : « Le syndicat regroupe seize adhérents, des caves coopératives et particulières. Les principaux opérateurs sont la Cave de Tain, le Domaine des collines à Chavannes (Christine Pochon), le Domaine du château vieux à Triors (Fabrice Rousset). Cette année 2015, le syndicat a été rejoint par la Cave des Clairmonts et deux autres vignerons ayant des vignes à Châteauneuf-sur-Isère ou Granges-les-Beaumont. Concernant l'AOC, une demande complémentaire a donc été déposée en février pour ces deux communes. Leur terroir est différent de celui-ci de la zone de Saint Donat. Constitué de diluvium alpin (graviers argileux), il penche vers celui du Crozes-Hermitage. »
Comment ont réagi à votre demande le syndicat généraldes vignerons des Côtes-du-Rhône et l'Inao ?
R. C. : « Le président du syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône, Philippe Pellaton, estime qu'une possibilité existe. Notre demande a été bien accueillie et nous avons toujours été bien renseignés au cours de notre cheminement. Pour l'élargissement de notre demande aux vignes de Châteauneuf-sur-Isère et Granges-lès-Beaumont, nous avons interrogé la délégation territoriale Sud-Est de l'Inao. Il nous a été répondu que c'était faisable. Les experts examineront les communes une à une, afin de vérifier si elles entrent dans les critères. »
Alors, êtes-vous confiants dans l'aboutissement de votre démarche AOC ?
R. C. :« La situation semble favorable. Il y a une demande, des volumes sont recherchés en Côtes-du-Rhône. Et nous avons un cépage très prisé sur notre zone : la syrah. Notre demande nous paraît donc légitime. Nous sommes un noyau bien soudé, motivé et qui se tient prêt à répondre aux sollicitations de l'Inao. Nous savons que du travail nous attend encore, notamment sur l'historique. Deux référencements des parcelles sur le plan qualitatif ont déjà été réalisés, dont le dernier date du début des années 1980. Ce sont des bases sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Nous devons aussi travailler sur la définition de la typicité des vins issus de ces terroirs. Ils doivent être évalués sur toutes les communes.
En IGP Collines rhodaniennes, nous jouons déjà dans le haut de gamme, sélectionnons des cuvées, des parcelles et arrivons à bien valoriser nos vins. Mais, à l'export, AOC Côtes-du-Rhône est plus parlant qu'IGP Collines rhodaniennes. Nous aurons cependant toujours besoin de vins IGP sur notre secteur. L'AOC serait un moyen de segmenter l'offre, d'élargir notre gamme de vins.
Pour nous, cette demande de reconnaissance est une aventure, l'histoire d'hommes et de femmes se retrouvant autour d'une même passion, celle de la vigne et du vin. »
Propos recueillis par Annie Laurie
(*) Inao : institut national de l'origine et de la qualité.