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Vins

Vins IGP de la Drôme : pas si tranquilles que cela...

En assemblée générale, la fédération drômoise des IGP viticoles s’est penchée sur les prochains défis à mettre en place pour répondre aux évolutions climatiques, sociétales et de marchés.
Vins IGP de la Drôme : pas si tranquilles que cela...

«La récolte, hors secteur grêlé, a tout de même été convenable par rapport aux attentes », a affirmé Adelin Marchaud, président de la fédération drômoise des IGP viticoles, à l'occasion de l'assemblée générale le 18 février à Cléon-d'Andran. Pour rappel, le rôle de la fédération départementale est d'assurer la gestion et la défense des vins IGP (indication géographique protégée), à savoir ceux de la Drôme, des Collines rhodaniennes et des Coteaux des Baronnies. Devant une vingtaine de personnes, représentants de la filière viticole, le président est revenu sur le millésime 2019 touché par plusieurs phénomènes météorologiques : démarrage de printemps plutôt en retard par rapport aux cinq dernières années, orages de grêle dévastateurs au nord de Valence et sécheresse estivale ponctuée d'épisodes caniculaires. « La vigne est une espèce relativement plastique et adaptable, puisque nous avons tout de même eu du raisin », a rassuré Adelin Marchaud. Pour autant, la récolte 2018 ayant été peu abondante, les stocks sont minces. « En fin d'année, bon nombre de réservations se sont conclues entre 110 et 120 euros l'hectolitre (hl) en rosé, 85 en rouge et 120 en blanc », a-t-il poursuivi.

L’assemblée générale de la fédération drômoise des IGP viticoles s’est tenue à Cléon-d’Andran, en présence de représentants de la filière.

De nouveaux cépages au JO ?

Un bilan 2019 plutôt positif même si la bonne forme des ventes enregistrées l'an passé pourrait ne pas se maintenir pour l'année en cours. « On assiste, après une fin d'année active en termes de réservation, à une accalmie depuis deux mois. Un bon tiers de la récolte reste à commercialiser au 1er mars... ». Du côté de l'organisme de défense et de gestion (ODG), un travail a été mené sur les divers cahiers des charges en collaboration avec l'Inao*, notamment sur les cahiers des charges Drôme et Baronnies. « Les premiers effets sont palpables, puisque l'intégration de nouveaux cépages patrimoniaux a été validée pour les Collines rhodaniennes », a annoncé le président. Ils seront prochainement inscrits au Journal officiel (JO). Ainsi, ces vins pourront être revendiqués dès la prochaine récolte.
De bonnes nouvelles donc, même si la fédération drômoise des IGP viticoles se soucie des évolutions de l'attente sociétale. Dans un premier temps, les zones de non traitement (ZNT) font débat. Elles obligent, pour la viticulture, à respecter une distance de dix mètres. Cette distance pourrait être réduite à cinq ou trois mètres des lieux d'habitation en cas d'utilisation de matériels et de moyens anti-dérives reconnus, et seulement si une charte départementale est signée à cet effet. D'autre part, la mise en place des taxes à l'export (aux Etats-Unis ou en Chine) et le Brexit entraînent des inquiétudes majeures au sein de la profession viticole. « Ces problématiques rendent l'activité incertaine, livrées à des besoins et des efforts d'adaptation non négligeables et coûteux : contenants contournant les taxations, partenariats avec des importateurs embouteilleurs, etc. », a prévenu Adelin Marchaud.

Vers des vins effervescents ?

Enfin, il n'a pas manqué de rappeler les adaptations auxquelles la filière doit réfléchir pour faire face au réchauffement climatique. « Nous avons certainement les outils pour aborder ces difficultés : il faut notamment réfléchir à la possibilité de développer de nouveaux profils aromatiques et diversifier les choix d'implantation de nos vignobles, tant au niveau de l'encépagement que du mode de conduite. Et pourquoi ne pas imaginer le développement de bulles sur notre secteur traditionnellement tranquille ? », a-t-il annoncé.
En ce sens, Axelle Fichtner, directrice d'Inter-Med (ODG de l'IGP Méditerranée), a présenté les principales modalités du cahier des charges des vins effervescents IGP Méditerranée. Elle explique : « Nous avons exclu la zone de production de l'AOP Clairette de Die et étendue la zone de production immédiate (vinification et prise de mousse) à l'Ain et la Savoie ». Ce vin effervescent sera défini comme un vin mousseux de qualité, réalisé soit en méthode Charmat (cuve close, vieillissement minimum de six mois), soit en méthode traditionnelle (bouteille, vieillissement minimum de neuf mois), avec un taux d'alcool d'au moins 9 %. A ce jour, la production de vins effervescents IGP Méditerranée représente seulement 3 500 hl, pour 17 opérateurs. Arrivera-t-elle dans le département de la Drôme ? Adelin Marchaud annonce d'ores et déjà qu'une rencontre avec les prestataires prise de mousse sera proposée par l'ODG si la demande est suffisante pour développer cette nouvelle gamme.
Amandine Priolet
* Inao : institut national de l'origine et de la qualité.

 

Repères / Millésime 2018
178 opérateurs actifs.
621 lots déclarés toutes IGP confondues.
Volume total toutes IGP : 127 800 hl.
- IGP Collines Rhodaniennes : 29 065 hl.
- IGP Drôme : 21 533 hl.
- IGP Ardèche : 963 hl.
- IGP Coteaux des Baronnies : 14 483 hl.
- IGP Méditerranée : 61 756 hl.