Vol de drone au-dessus d’un champ de noyers

L'année 2017 était vraiment une année à la noix. « La météo était propice à des qualités exceptionnelles », souligne Christian Mathieu, président de la Senura (station d'expérimentation nucicole Rhône-Alpes) lors de l'assemblée générale à Chatte. Les volumes récoltés par la station furent en hausse et de bonne qualité. Plus de 70 tonnes récoltées en 2017 contre 58 en 2016, en partie à cause du gel. L'année passée a aussi connu quelques épisodes de gel. L'été 2017, plutôt sec, a limité le développement de maladies. La Senura en a profité pour inaugurer un laboratoire dédié à la recherche concernant le colletotrichum, champignon ravageur des noyers depuis plusieurs années. La station de recherche s'est également impliquée dans les Etats généraux de l'alimentation (EGA) afin de proposer des solutions techniques concernant l'usage des produits phytosanitaires.
Noix, amandes et autres fruits secs
Mais pour 2018, les perspectives sont différentes. La station disposera de dix hectares supplémentaires d'expérimentation à Chatte, loués à la famille Chabert d'Hières. De nouvelles plantations vont faire leur apparition. « On va planter des noisetiers, des amandiers, des châtaigniers, des pacaniers*... », explique Florence Reiner, directrice de la station. Les expérimentations concernant les pesticides et les ravageurs seront également poursuivies. « Pour les carpocapses, nous allons suivre dix parcelles différentes avec deux systèmes par parcelle. Nous étudierons des parcelles avec utilisation de la confusion sexuelle et d'autres sans », ajoute Agnès Verhaeghe, responsable technique. La Senura prévoit une étude de la variété Fernor sur 2,7 hectares. Plusieurs combinaisons possibles seront testées sur la base de trois porte-greffes : la Juglans regia, la Juglans nigra ainsi que des hybrides. La variété Fernor sera également testée sur ses propres racines.
Compter les noix en drone
Côté innovation, la Senura souhaite travailler avec les drones développés par la société « exo.expert ». Actuellement utilisé par Groupama, ce drone prend des photos très précises d'une parcelle en quelques minutes. On peut donc aisément voir les dégâts d'une sécheresse, d'un passage de gibiers ou d'une tempête. Cela facilite la procédure d'indemnisation de Groupama. Pour la Senura, l'intérêt est ailleurs. « On va pouvoir compter les noix et estimer la production à l'avance », détaille Agnès Verhaeghe. Pour l'instant, le logiciel n'est pas tout à faire prêt. Il sait compter, certes, mais en fonction des couleurs. Or, avec une noix verte sur feuilles vertes, la tâche s'avère délicate. « On essaie de développer la méthode de comptage basée sur les formes », détaille Philippe Vayssac, responsable innovation chez Groupama Auvergne-Rhône-Alpes.
Le drone ne peut pas non plus se glisser sous les arbres. « Il a un détecteur d'obstacles mais les branches sont impossibles à voir pour le drone », précise-t-il. Le but est donc d'obtenir des vues des sommets des arbres et des noix cultivées. « On peut aussi imaginer son utilisation pour constater les dégâts d'une maladie ou d'un ravageur », signale la responsable technique de la Senura. Presque autonome, utilisable sans internet et relié à une tablette, ce petit gadget en interpelle plus d'un. « C'est un modèle fait pour les particuliers, pour suivre des skieurs par exemple. Mais en France, le vol en drone est très réglementé. On ne peut pas voler n'importe quand et à n'importe quelle hauteur », met en garde Philippe Vayssac.
Virginie Montmartin
* Noix de pécan.