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Aviculture

Volailles fermières : relancer une dynamique

La chambre d'agriculture vient d'organiser une rencontre découverte de la filière volailles fermières en circuits courts et des perspectives qu'elle peut offrir.
Volailles fermières : relancer une dynamique

A l'initiative de la chambre d'agriculture de la Drôme, une réunion d'information sur les volailles fermières en circuits courts s'est tenue le 24 novembre, à Hauterives sur la ferme « Au pré de chez vous », d'Elodie Petibon et Matthieu Gayet. La rencontre s'adressait en particulier aux agriculteurs intéressés par cette activité en production principale ou diversification. « Une filière qui offre aujourd'hui des perspectives d'avenir », selon Françoise Robert, conseillère spécialisée en volailles fermières (et cuniculture) à la chambre d'agriculture. Relancer une réelle dynamique au sein des associations d'éleveurs « Volailles fines du Dauphiné » et « Ouantia-Grise du Vercors » est un objectif.

Des exemples de résultats

« Les volailles fermières confortent notre exploitation », a indiqué Guy Péran.

Ont été passés en revue : principales espèces, modes de production, systèmes d'élevage, aspects techniques et économiques, règles de biosécurité, organisation et temps de travail...
En termes de résultats économiques, des exemples ont été donnés. En 2014, la ferme « Au pré de chez vous » a réalisé une marge nette de 1,46 euro le kilo, 2,92 par volaille et de près de 13 000 pour l'atelier. Sur leur exploitation grandes cultures-noyers-bovins viande (à Saint-Martin-d'Août), Guy Péran et son épouse ont diversifié leur activité avec, annuellement, la vente directe de 300 volailles et la livraison de 600 chapons à la Capag (Châteauneuf-de-Galaure). « Cet atelier conforte notre exploitation », a confié cet éleveur. Françoise Robert a cité un autre exemple d'atelier de diversification élevant 350 volailles festives (chapons, poulardes) par an. Leur marge brute par animal vendu est de 38 euros. « Mais attention, a-t-elle mis en garde, chaque cas est particulier. Ce sont des agriculteurs installés depuis plus de 30 ans, qui ont un savoir-faire, des bâtiments amortis, produisent l'alimentation de leurs volailles et fournissent la restauration haut de gamme. »

Renaissance de la Grise du Vercors

Evelyne Tézier, présidente de l'association Ouantia - Grise du Vercors.

Un zoom a été fait sur la poule Grise du Vercors, race mixte dont la renaissance remonte à 2006. Il a été fait appel au centre de sélection de Béchane (Ain) pour améliorer la conformité des poulets, réduire leur temps d'élevage à environ 150 jours (auparavant, ils n'étaient pas prêts avant au moins 200 jours). L'objectif de la sélection est de stabiliser le phénotype et le génotype tout en conservant la rusticité de la Grise du Vercors, son adaptation au milieu naturel et ses qualités gustatives. La chambre d'agriculture, le Parc naturel régional du Vercors, les Départements de la Drôme et de l'Isère et la Région ont financièrement soutenue cette action.

Un accouveur

Franck Blanchard, éleveur et technicien avicole, s'est lancé dans l'accouvage pour approvisionner les éleveurs en poussins Grise du Vercors.

« A présent, nous avons la sélection, les itinéraires techniques, a constaté Françoise Robert. Mais, pour développer une filière, il faut un accouveur. Franck Blanchard, éleveur et technicien avicole, a accepté de s'en charger. » Ses poules reproductrices ont commencé à pondre en semaine 31. Le taux de fertilité avoisine 90 % et celui des éclosions 85 %. Un deuxième lot arrivera en ponte en avril 2017. « Il faudra une gestion draconienne du planning pour ne pas stocker les œufs plus de 15 jours, a averti l'accouveur. Si le stockage est conforme, le taux d'éclosion sera correct. » Concernant la progression de son élevage de reproducteurs, « c'est le marché qui décidera », a-t-il noté. Son objectif est de produire autour de 30 000 poussins par an d'ici 2019. « En dessous de 25 000, le seuil de rentabilité sera compliqué à atteindre. »
Un accouveur, voilà qui devrait satisfaire Noël Allemand (Le Gua, Isère) car son plus gros problème était, jusque-là, de trouver des poussins. Lui, il élève, en bio pour la vente directe, 500 poulets de chair et autant de poules (vendues à l'âge de huit à dix semaines à des particuliers), tous en Grise du Vercors.

Noël Allemand (Le Gua, Isère), élève des poulets de race Grise du Vercors en bio.

Mettre une filière en place

Les poulets Grise du Vercors sont plus chers à produire. Il faudra donc les valoriser en insistant sur le fait qu'ils s'élèvent en cinq-six mois. « J'explique aux consommateurs qu'il faut de temps pour que les coqs de cette race soient bien finis. Quand ils y ont goûté, en général, ils y reviennent », a fait remarquer Noël Allemand. « Cette race a des spécificités, a appuyé un cuisinier présent à la rencontre. Ce sont des poulets haut de gamme. Il est donc normal que leur prix soit élevé. A cuisiner, c'est un régal. Et ils sont faciles à vendre à mes clients car ils ont du goût. »
Pour mettre en place une filière de volailles fermières de qualité en circuits courts avec cette race, « l'association Ouantia - Grise du Vercors doit tout faire, a confié sa présidente, Evelyne Tézier. Il faut communiquer pour expliquer et, à terme, se regrouper pour vendre. Nous avons des demandes de la part de grands restaurants mais plusieurs éleveurs seraient nécessaires pour les fournir. » Le développement des circuits courts est « une opportunité à saisir pour asseoir la filière ». Quant à la proximité des bassins de consommation de Lyon et Grenoble, « c'est une chance », a ajouté Françoise Robert.

Annie Laurie

La ferme « Au pré de chez vous »

Elodie Petibon et son conjoint, Matthieu Gayet, élève des volailles bio, notamment de race Grise du Vercors, à Hauterives. Toutes leurs productions sont vendues en direct.    Les bâtiments avicoles d'Elodie Petibon et de Matthieu Gayet sont déplaçables.
Elodie Petibon a repris une petite exploitation à Hauterives en 2009. Fin 2015, Matthieu Gayet, son conjoint, s'est installé en reprenant une autre exploitation. Et, cette année, tous deux ont créé un Gaec. Ils disposent de 70 hectares de SAU, élèvent en bio des poulets cous nus et Grise du Vercors, pintades, canards, dindes, poules pondeuses (Marans et Sussex). Particularité, les bâtiments avicoles (400 m²) sont déplaçables, ce qui permet d'augmenter la densité de volailles. S'ajoutent 4 hectares de parcours arborés (avec des fruitiers). Cette exploitation est une ferme avicole pilote. Elle adhère aux associations « Volailles fines du Dauphiné » et « Ouantia-Grise du Vercors » et élève aussi dix vaches allaitantes salers (vente cinq jeunes bovins par an). De l'aliment est fabriqué à la ferme. L'autonomie alimentaire (actuellement de 50 % en volailles) est visée.
Les productions sont vendues en magasins de producteurs, Amap, dépôt-vente (le bœuf) et à la ferme. Plus de 7 000 volailles ont été commercialisées en 2015, dont près de 6 400 poulets. L'essentiel du résultat est assuré par les volailles de chair. Avoir leur propre tuerie est un projet que nourrissent Elodie Petibon et Matthieu Gayet (abattage en Ardèche, actuellement).