Volailles : viande la plus consommée après 2020

Camille Deman a présenté une synthèse de données produites par la FAO et l'OCDE relatives à l'évolution de la consommation de viande de volailles. La demande augmente et s'avère plus importante que la production en Asie et en Afrique. Les pays producteurs leaders demeurent les Etats-Unis, la Chine et le Brésil (+ 2,2 % par an), tandis que l'augmentation de production en Europe atteint 0,5 % par an, beaucoup moins que l'Inde (+ 3 %) ou le Mexique (2,9 %). Les Etats-Unis, l'un des deux grands pays exportateurs, ont dû réduire leurs capacités d'export contraints par l'embargo sur la grippe aviaire et disposent d'un stock énorme de pattes et de cuisses. La Chine, deuxième producteur, reste dépendante sur ce secteur et souffre d'un déficit génétique. «En Chine, les scandales sanitaires pèsent sur la confiance des consommateurs », explique l'intervenante. Quant au troisième producteur, le Brésil, il a tiré profit des embargos et produit pour l'export sans réaliser de dégagements comme les Etats-Unis.
La Pologne à la première place
Dans l'Union européenne, la consommation de viande de volailles augmente encore (22,5 kg par personne en 2015). Mais c'est la Pologne qui a tiré son épingle du jeu et a devancé la France comme premier pays producteur. « La croissance y est exponentielle ». Ce pays présente des coûts de production faibles (poussin, aliment et main-d'œuvre) de l'ordre de ceux observés en Thaïlande ou au Brésil. Il est important de noter que l'Europe reste importatrice en valeur de volailles : si elle exporte des carcasses congelées, elle importe des plats transformés. Un autre pays peut changer la donne pour l'Europe : l'Ukraine. Elle est devenue le troisième fournisseur de l'Union (1,15 m tonnes en 2015) et sa compétitivité est proche de celle du Brésil. Ce pays dispose d'une intégration verticale et de financements internationaux... Il a installé une usine de découpe de carcasses aux Pays-Bas, alors que ses contingents à l'export de carcasses sont peu utilisés et qu'elle peut ainsi exporter davantage d'autres produits. Gilles Lassus, président de l'Afivol, a souligné combien il faut se méfier de l'Ukraine et de ses fermes industrielles. « Il nous faut faire du lobbying auprès de la RHD et des cantines des collectivités pour mieux écouler nos produits régionaux en les payant quelques centimes de plus que des volailles importées. Faisons entendre notre voix, les consommateurs demandent une viande de qualité que nous pouvons fournir. Il n'est pas question de se comparer à la Thaïlande ou au Brésil. »
Situation morose en France
La production avicole française a augmenté de 1,4 % en 2015 comparativement à 2014. Cependant, la consommation augmente et ce sont les importations qui ont la faveur des acheteurs (43 % pour le poulet). Des importations qui viennent à 95 % de l'UE. C'est donc un déficit de compétitivité des élevages français qui est mis en avant. Les consommateurs français se tournent de plus en plus vers des produits élaborés. La part du poulet entier est passée de 52 % des achats en 1998 à 27 % en 2015, dont 61 % sont des volailles label rouge. Quant aux produits de découpe achetés par les Français, ils proviennent de poulet standard. Cette année, sur huit mois, il est constaté une baisse de l'abattage de volailles. Le pays a perdu des parts de marché en Arabie saoudite et Afrique.Les producteurs expliquent également cette baisse par une diminution générale de la consommation de viande et d'une perte d'acceptabilité des élevages dans l'opinion. La profession estime que son défi est de développer le marché intérieur, tout en élaborant de nouvelles stratégies à l'export. « La demande européenne et mondiale est dynamique, il convient de se diversifier et de miser sur la qualité des produits français », a conclu Camille Deman.
L. G.