Vu au salon Tech&Bio

Arboriculture : le fusil paintball pour la confusion sexuelle
Au pôle arboriculture, Xavier Glinec, de l'entreprise M2I, a montré comment poser des diffuseurs de confusion sexuelle avec un fusil paintball dans des arbres hauts. Cette technique est testée pour la première année à la Sefra (station d'expérimentation fruits Rhône-Alpes) contre le carpocapse du châtaignier et à la Senura (station expérimentation nucicole en Rhône-Alpes) contre celui du noyer. Enrobées dans de la cire et de l'huile de tournesol (qui les protègent contre les intempéries), les phéromones sont encapsulées dans une bille biodégradable (qui résiste au tir mais éclate dans l'arbre). La dose est de 200 et 400 billes à l'hectare. L'opération se fait avant le premier vol des ravageurs. Les phéromones se dispersent dans l'arbre et le protègent toute la saison.
Arboriculture : des UV pour mieux conserver les fruits
Philippe Prével, de la société UVRER Anemo, a présenté un dispositif de désinfection faisant appel aux rayons ultraviolets (UVC), qui ont un effet germicide sur virus, bactéries, champignons, moisissures (ils détruisent leur ADN et, ainsi, les empêchent de se multiplier). Après essai en laboratoire sur de petites quantités de fruits, la société s'est rapprochée de la Sefra pour des tests en conditions réelles. Le dispositif a été installé sur la chaîne de conditionnement d'un producteur. Il s'adapte sur un convoyeur déjà existant. Les lampes sont confinées dans un caisson pour que le personnel ne soit pas exposé aux UVC. Plusieurs lots de pêches et nectarines ont reçu différentes doses d'UVC. Ils sont suivis en post-récolte : notation de l'apparition de moisissures et du nombre de fruits contaminés. Ces pêches et nectarines sont encore en observation, les résultats seront connus cet automne. C'est une première approche. Déjà utilisée sur des viennoiseries, produits carnés, cette technologie est encore au stade expérimental sur fruits. Une durée de conservation plus longue est espérée.
Viticulture : Ted, Bob, des robots de Naïo
Sur son stand, Naïo Technologies exposait un prototype : Ted, un robot enjambeur de désherbage viticole rangs larges (supérieurs à 150 centimètres) guidé par caméra et GPS. Il s'agit d'un projet collaboratif avec l'IFV, centre technique de la vigne et du vin et le LAAS-CNRS, laboratoire de recherche en robotique à Toulouse. Si sa tâche principale est le désherbage mécanique sous le rang, l'idée est d'en faire un robot multifonctionnel. 1,80 mètre de large, 2 mètres de haut, 4 roues motrices et directrices. Energie électrique. Vitesse maximale de travail : 4 kilomètres/heure. Poids : autour de 800 kilos.
Dans la famille Naïo, il y a aussi Bob, un petit robot électrique ressemblant à Oz mais à chenilles dédié au désherbage et au travail superficiel du sol de vignobles étroits (1 à 1,5 mètre), pépinières, plantations de petits fruits. Il travaille avec des outils de binage (socs, cultivateurs) l'inter-rangs et sur le rang avec des inter-ceps (lames, doigts bineurs). Guidage autonome : caméra, laser et (ou) GPS. Energie électrique. Autonomie : 4 à 8 heures. Vitesse : 3 kilomètres/heure. Poids : 250 à 300 kilos (selon batteries). Débit de chantier: 1 à 3 hectares/jour.
Grandes cultures, viticulture et arboriculture : des couverts végétaux
Les couverts végétaux ont plusieurs intérêts : amélioration de la structure du sol, apport de matière organique, stimulation de l'activité biologique, protection contre l'érosion et le ruissellement, lutte contre les adventices. La chambre d'agriculture de la Drôme en a montré plusieurs dans l'espace démonstrations du Tech&Bio. Sur le pôle grandes cultures, étaient place six mélanges commerciaux, un mélange TCS* « maison » et huit espèces pures dont cinq graminées différentes et trois espèces résistantes à la sécheresse (lablab, carthame et ers**). Dans la vigne du Valentin, cinq couverts ayant des caractéristiques agronomiques différentes étaient à voir. L'objectif était de montrer comment ils occupent le sol et d'expliquer leur intérêt selon les espèces qui les composent. Sur le pôle arboriculture, six types de couvert étaient présentés : quatre mélanges, ainsi que de l'épervière piloselle et de l'achillée millefeuilles pures. Des conseils de semis et d'entretien ont été donnés.
* Techniques culturales simplifiées.
** Lentille méditerranéenne.
Grandes cultures : un équipement « quatre en un »
Sur le pôle grandes cultures, des démonstrations étaient animées par Marie-Pascale Couronne, conseillère à la chambre d'agriculture, et Frédéric Thomas, spécialiste des techniques culturales simplifiées (TCS) ainsi que des couverts végétaux. Figurait un équipement « quatre en un » de Philippe Baugiraux, agriculteur à Bourg-lès-Valence. L'ensemble se compose d'une trémie frontale à engrais, d'un strip-till attelé derrière le tracteur et enfin d'un semoir (six bacs pour les graines et deux pour le fertilisant). L'engrais (urée) contenu dans la trémie frontale est envoyé (au moyen d'une turbine à entraînement hydraulique) au niveau du strip-till via un tuyau placé sur le côté du tracteur. Le strip-till est équipé de disques ouvreurs à l'avant qui coupent la paille ainsi que de dents qui fissurent le sol sur 15 centimètres de profondeur et incorporent l'urée. Derrière, des rouleaux rappuient le sol et des roulettes affinent la terre. Le semoir distribue de l'engrais starter ou complet (azote, phosphore, potasse, soufre et magnésie) à côté des graines. Comme l'a indiqué Frédéric Thomas, « le but est d'amener le maximum de fertilité au départ pour la plante ».
Pour la première fois ce printemps, Philippe Baugiraux a réalisé le semis direct de maïs sur couvert (possible aussi en tournesol, sorgho...) avec cette combinaison d'outils. Et il en est satisfait : « Ça se comporte bien sur mes terrains caillouteux pas vraiment adaptés aux grandes cultures (en arboriculture auparavant). Je fais presque tout en une fois. Je mets cinq heures pour faire quatre hectares et consomme dix litres de fioul à l'hectare. Cette technique me simplifie le travail et représente une économie en charges de mécanisation ».
Ppam : une récolteuse de fleurs sur grandes parcelles
Sur le pôle des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam), Pierre-Yves Mathonnet, conseiller à la chambre d'agriculture, a présenté une machine croate pour récolter des fleurs d'herboristerie de type camomille matricaire ou romaine, calendula... sur de grandes parcelles. Un peigne tourne et vient brosser les sommités. Celles-ci tombent sur un tapis qui les transporte dans une benne. « Cette récolteuse est intéressante pour les fleurs destinées à l'industrie, pour reconquérir des marchés perdus, les ré-alimenter avec de la production de qualité française », a expliqué le conseiller.
Ppam : une récolteuse de jeunes pousses sur petites surfaces
Une autre machine dédiée, elle, aux petites surfaces a été montrée en fonctionnement sur basilic. Il s'agit de la récolteuse électrique de jeunes pousses de Terrateck. Lancé à ce Tech&Bio, cet outil est conçu pour la cueillette quotidienne (récolte en sacs ou caisse) de jeunes pousses (salades à couper, mesclun, pourpier, épinards), ppam... Son ultrapolyvalence, sa simplicité d'utilisation, son ergonomie, sa vitesse de travail ont été mis en avant. Sont annoncées une autonomie de fonctionnement de 2 heures en utilisation continue (environ une journée de travail en récolte manuelle) et la récolte d'une planche de 60 mètres en 12 minutes.
Maraîchage : Dino, robot enjambeur de Naïo
Fin 2016, Naïo a vendu son premier Dino, un robot enjambeur pour le désherbage mécanique des légumes en planches (de 1,20 à 1,80 mètre). Il s'adresse aux exploitations de 10 hectares et plus, en quête d'un outil entièrement autonome, sans pilote (guidage par GPS RTK). Il dispose de plusieurs outils de travail adaptés à différents sols et cultures (outils compatibles avec le robot Oz) tels que socs de binages inter-rang, herse-étrille, bineuse à ressort et socs de chaussage pour désherber sur le rang. Etant léger (autour de 600 kilos, selon configuration batterie et outils), ce robot à propulsion électrique ne tasse pas le sol. Il prévient par SMS lorsqu'il a fini sa tâche. 2,50 mètres de long, 1,30 de haut. Vitesse : 3-4 kilomètres/heure. Autonomie : 4 à 8 heures. Prix : 90 000 euros (Oz : 20 à 30 000).
Agronomie : une méthode simple pour caractériser l'activité biologique des sols
Eric Navarro, ingénieur agronome et conseiller agricole, a présenté « ABSol » - une méthode simple pour mieux comprendre l'activité biologique des sols - et le kit conçu pour la mettre en œuvre(*). Cette méthode consiste à déposer une motte de terre sur une grille placée dans une boîte transparente puis à remplir cette dernière d'eau. Le test est très visuel. « Plus la terre se dissout, plus le sol est dit instable, indique Eric Navarro. Cela permet de caractériser la fertilité biologique d'un sol, sa stabilité. Avec, on peut visualiser l'évolution de son sol et essayer de mieux le comprendre. On a trouvé intéressant de développer cette technique en travaillant avec des chercheurs et des universitaires. »
Une grille d'interprétation des résultats existe déjà pour les sols méditerranéens. L'idée d'Eric Navarro est de chercher des partenariats pour la développer dans d'autres conditions pédoclimatiques. Et aussi de mettre en place un réseau participatif avec des groupes d'utilisateurs ainsi qu'un forum communautaire. « L'objectif est que le plus grand nombre s'approprie la méthode, l'utilise, explique-t-il. Mais aussi de créer une base de données, des référentiels permettant de mieux connaître les sols et d'en améliorer la vie biologique. »
(*) La méthode « ABSol » est protégée. Et un brevet a été déposé pour le kit (boîte et grille), qui n'est pas encore commercialisé.
Elevage : du lablab à l'essai
Sur le pôle élevage, Jean-Pierre Chevalier, conseiller à la chambre d'agriculture de la Drôme, présentait un essai de lablab associé à du maïs. Cette légumineuse annuelle originaire d'Afrique a un port grimpant en présence de tuteur (sinon rampant). Robustes, ses tiges mesurent trois mètres de long ou plus. Puissant, son système racinaire valoriserait l'eau jusqu'à deux mètres de profondeur. Son cycle végétatif est de 130 jours. Une fois établi, le lablab est très résistant à la sécheresse. Sa floraison est tardive.
La société semencière Semental a sollicité la chambre d'agriculture pour tester cette plante. Dans l'essai, la proportion de lablab est de 20 % et celle du maïs ensilage, son tuteur, de 80 %. Il a été semé le 7 juin à la dose de 80 000 graines/hectare. La culture est destinée à être ensilée plantes entières et avant la floraison du lablab car ses graines sont toxiques. « Cette légumineuse peut présenter un intérêt dans un contexte de changement climatique et sécuriser le rendement, observe Jean-Pierre Chevalier. Le lablab amène la protéine, le maïs l'énergie, ces deux plantes sont complémentaires. C'est notre première année d'essai. Et, à ma connaissance, il n'y en a pas d'autres en France. On ne sait pas encore si les résultats seront probants. » La récolte était programmée pour le 28 septembre. A suivre, donc.
Elevage : un toasteur à grains
Sur le pôle élevage du Tech&Bio, les établissements Hervé (Vendée) exposaient un modèle de toasteur à grains. Le principe consiste chauffer la graine (soja, pois, féverole, lupin) pendant quelques minutes à 250 à 300 °C (le temps dépend de l'espèce végétale). Le gérant de cette société, Gilles Gaillard, explique que ce traitement thermique détruit certains facteurs anti-nutritionnels (enzymes non digestibles), notamment sur le soja (facteur antitrypsine), et améliore la digestibilité de la protéine. Ainsi facilite-t-il l'incorporation des graines dans l'alimentation animale.
D'une capacité de travail d'une tonne à l'heure, ce toasteur coûte 40 000 euros. Il peut être déplacé sur une remorque. « Il est destiné à des transformateurs, ainsi qu'à des groupes d'agriculteurs (par exemple en cuma) voulant valoriser leurs graines et réduire leur dépendance protéique », précise Gilles Gaillard.
Toutilo, un engin pour travailler confortablement (planter, désherber, récolter...)
Lire page 21 de L'Agriculture Drômoise du 7 septembre.
Alpo, le tracteur électrique de Sabi Agri
Lire page 21 de L'Agriculture Drômoise du 7 septembre et voir la vidéo sur notre site internet (www.agriculture-dromoise.fr).
Dossier réalisé par Annie Laurie