La 79ème Foire du Dauphiné, à Romans-sur-Isère, a fermé ses portes ce dimanche 4 octobre. Pendant dix jours, plus de 120 000 visiteurs ont parcouru ses allées, à la recherche de bonnes affaires ou simplement venus profiter des attractions et des animations. Avec en tête d'affiche cette année : Hugues Aufray, des anciennes Miss France, Jean-Jacques Debout, Didier Barbelivien ou encore le chanteur Keen'V. Une « parenthèse attendue », tant du côté des organisateurs que des entreprises, qui plus est dans un contexte économique difficile. Cet événement permet en effet aux professionnels de se faire connaître, accroître leur notoriété, prospecter, vendre et échanger de vive voix avec des clients potentiels. Selon les déclarations de certains entrepreneurs, un euro engagé pour y participer pourrait rapporter jusqu'à 30 euros en chiffre d'affaires ; la répercussion serait par ailleurs parfois visible jusqu'à deux ans après la foire.

Le miel, le vin et la gastronomie

Pour ce cru 2015, plus de 500 exposants (30 000 m² de surface commerciale) ont été retenus pour y participer. Entre l'équipement de la maison, les loisirs, l'automobile, le bien-être ou encore l'aménagement extérieur, près de 19 secteurs d'activité étaient représentés. Et dans les allées, on pouvait compter sur la présence de nouveaux exposants (10 % du total). Ainsi, près du kiosque central, lieu où se déroule les principales animations, les visiteurs pouvaient découvrir le site internet de e-commerce « Wine and bee ». Comprenez « vin et abeille ». Pas d'écrans, pas d'ordinateurs non plus, mais bel et bien des échanges conviviaux avec les passants ainsi qu'une vraie invitation à découvrir des produits régionaux et leur histoire. Créé en février dernier par Eve Xaé Blanchet et son compagnon Sébastien Xaé, ce nouveau support commercialise des miels et des vins de la Vallée du Rhône.

Un hasard et un pari

Leur entreprise est le fruit d'un hasard, d'un pari aussi. Tous deux avaient décidé de changer de vie. Pendant dix ans, Eve Xaé Blanchet a mené une carrière en gestion de patrimoine et immobilier à Paris. Quant à Sébastien, il était consultant dans le domaine bancaire. En 2013, il décide de transformer sa passion pour le vin en un véritable métier. Il suivra d'ailleurs une formation de six mois à l'Université du vin de Suze-la-Rousse. Il est depuis certifié sommelier-conseil. Un soir, sa compagne rentre d'un cours donné par un apiculteur installé à Beauregard-Baret. Sébastien Xaé se met alors à réfléchir sur l'accord vin et miel. L'idée était née. Mais il fallait convaincre. Surtout que les apiculteurs ont déjà leurs réseaux de commercialisation. Sébastien Xaé ne leur parle point de prix mais préfère miser sur le goût. « C'est l'association du vin et du miel sous l'angle de la gastronomie, précise-t-il. Les accords vins et miels en cuisine étaient peu travaillés. »

30 viticulteurs, 70 références

La société collabore aujourd'hui avec six apiculteurs répartis dans tout l'Hexagone (dont l'Ardèche et le Pilat). Trente viticulteurs, originaires des départements de la Drôme, du Vaucluse, de l'Ardèche, ainsi que du Rhône (Côte-Rôtie), font également partie de leurs partenaires. Le site internet propose ainsi près de 70 références. Mais les deux entrepreneurs explorent également d'autres horizons en proposant d'autres prestations. Des visites chez les viticulteurs sont organisées ainsi que des dégustations. Un blog « Rendez-vous en terroir inconnu » et un livre de recettes complètent le dispositif.
Le concept semble en tout cas remporter un vif succès. Et les premiers clients ne résident d'ailleurs pas dans les environs. Selon les statistiques, ils sont originaires de Lyon, Paris, Normandie, Bretagne ou encore de l'Est de la France. Ce sont principalement des hommes âgés d'une quarantaine d'années, urbains et de catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP +). Les femmes, clientes elles-aussi, se concentrent davantage sur les miels, la clairette de Die ainsi que sur certains vins ardéchois. Le nom ne doit pas y être étranger : il s'agit en effet du domaine « Château des amoureuses » (Bourg-Saint-Andéol). Les deux entrepreneurs souhaitent en tout cas atteindre les 50 000 euros de chiffre d'affaires au terme de leur premier exercice. « Nous sommes pour le moment dans les clous pour y arriver », souligne Sébastien Xaé. 
Aurélien Tournier