Xavier Goy : « Valcrest a besoin de lait »

Xavier Goy, l'union Valcrest, dont fait partie Valsud (ex-coopérative laitière de Crest et ex-Caprilac), annonçait en début d'année qu'elle cherchait huit millions de litres supplémentaires (en AOP picodon et conventionnel) d'ici 2020 sur sa zone de collecte actuelle. Où en est cette quête ?
Xavier Goy : « Depuis 2014, l'union Valcrest manque en effet de lait de chèvre. Aujourd'hui, elle a toujours besoin de huit millions de litres de lait de chèvre supplémentaires. Les ventes de picodons augmentent et nous avons du mal à satisfaire la demande. Il en est de même pour le chèvre chaud et tous les autres fromages fabriqués sur le site de Crest.
La situation n'est pas non plus catastrophique, il y a tout de même des agriculteurs qui croient en l'avenir de la filière caprine. Pour preuve, cette année 2015, six agrandissements de chèvreries ont été achevés ou sont en cours pour un total de 1,3 million de litres de lait de références supplémentaires distribuées. S'ajoutent deux installations réalisées pour un total de 280 000 litres de références distribuées. Et trois projets d'installation sont actuellement en réflexion. »
Selon vous, la conjoncture est-elle favorable ?
X. G. : « En ce moment, nous avons des conditions optimales pour réussir dans l'élevage de chèvres. Cette année, les fourrages semblent être plutôt de bonne qualité, même si la sécheresse n'a pas arrangé la situation. En plus, le prix du lait n'a jamais été aussi élevé et celui des aliments du bétail a baissé. Depuis l'automne 2012, c'est-à-dire la fin de la crise de surproduction, les prix n'ont cessé d'augmenter (voir le tableau ci-...). La conjoncture est donc bonne et semble offrir des perspectives durables. »
Que prévoit votre plan de relance pour soutenir les nouveaux producteurs de lait de chèvre et les éleveurs voulant agrandir leur troupeau ?
X. G. : « La chambre d'agriculture de la Drôme et son équipe se sont mobilisées pour nous aider dans notre proposition de plan de relance de la filière caprine et nous les en remercions. Le programme prévoit sur deux ans l'accompagnement, la formation et l'appui technique des producteurs, qu'ils aient un projet d'installation, d'amélioration de leur productivité ou d'augmentation de leur troupeau. La coopérative a également deux techniciennes (Camille Yvorel et Clémence Duplessy) qui peuvent aider les adhérents à construire leurs projets.
En outre, dans le cas d'une installation ou d'un agrandissement, Valcrest propose le financement de l'achat des chevrettes et de leur élevage (lait en poudre et aliment) la première année. Lorsque celles-ci arrivent en production, Valcrest propose deux possibilités à l'éleveur. Soit elle prend en charge les intérêts du prêt bancaire "cheptel" contracté par l'éleveur. Soit elle échelonne le remboursement dans le temps (prêt gratuit plafonné à 15 000 euros). En plus, pour pallier une éventuelle crise, Valcrest garantit un prix de base de 620 euros les 1 000 litres pendant cinq ans dans la limite de 400 000 litres (la transparence par associé est prise en compte). Vient en complément une prime pour l'achat de reproducteurs qualifiés : de 20 euros par chevrette saisonnée, 30 euros par chevrette dessaisonnée et 50 euros par mâle. S'ajoute une aide à l'installation de 20 euros par 1 000 litres la première année, 10 euros la deuxième et 5 euros la troisième. Enfin, la coopérative va démarrer, dès le printemps prochain sur la commune de Chatuzange-le-Goubet, une pépinière de chevrettes issues de troupeaux inscrits à Capgène. Ainsi, des reproducteurs de qualité pourront être fournis aux adhérents qui le désirent. »
Pour finir, avez-vous un message à délivrer ?
X. G. : « Oui, j'invite tous les porteurs de projet d'installation ou d'agrandissement à se rapprocher de la chambre d'agriculture. Elle les informera sur les différentes aides, notamment le
plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations (PCAE), dont le plafond de dépenses éligibles est de 600 000 euros et le taux de subvention peut aller de 40 à 70 % suivant les cas. Pour les jeunes, il y a aussi les aides nationales à l'installation. A tous ceux qui auraient envie de se lancer dans la filière caprine, je dis : c'est le moment d'y aller, jamais les conditions n'ont été aussi favorables.»