XR Repro et Coopel fusionnent
Lors de son Assemblée de section Drôme Ardèche, qui s’est déroulée jeudi 9 janvier à Sainte-Eulalie-en-Royans, la coopérative XR Repro a annoncé son projet de fusion avec Coopel, société ligérienne.

Nouveau rebondissement pour la coopérative XR Repro. La société spécialisée dans la reproduction de bovins et de caprins souhaite fusionner avec Coopel, son homologue ligérien. Le projet a été présenté aux adhérents ardéchois et drômois lors de l’assemblée de section qui s’est tenue jeudi 9 janvier dans le Royans. Pour rappel, XR Repro est née de la fusion de Codélia, Eliacoop et Ucia en 2016. Huit années plus tard, la société, qui regroupe 5 200 exploitations adhérentes, projette de passer un nouveau cap. Une union qui ne devrait pas bouleverser les habitudes des adhérents puisque la coopérative assure garder le même cap : innovation, proximité et confiance.
Union des forces
Pour préparer l’avenir et anticiper les besoins des élevages, XR Repro et Coopel comptent sur cette fusion. Si les deux coopératives affichent une hausse de l’activité et de leurs chiffres d’affaires, elles ne peuvent nier le contexte général de baisse des activités d’élevage. Coopel, coopérative basée à Chalain-le-Comtal, opère sur six départements : l’Allier, la Loire, la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme, le Rhône et la Saône-et-Loire. Toutefois, 80 % de son activité se déroule dans la Loire. Avec cette fusion, la nouvelle coopérative sera active sur treize départements français. « Nos deux structures sont celles qui font le plus de croisement viande en France. Leur proximité géographique et leur complémentarité sautent aux yeux, déclare Guy Pégoud, directeur de Coopel depuis 2013. Nous allons vers une coopérative d’une autre dimension avec une solide base de financement ». L’identité de la future coopérative sera dévoilée courant avril, après l’Assemblée Générale Extraordinaire d’XR Repro prévue en mars.
Après la fusion, un nouvel accord d’entreprise sur les modes de rémunération sera envisagé. « Nous conserverons l’ensemble des salariés », assure Virginie Garnier, présidente d’XR Repro. La structure conservera les trois sièges sociaux des deux coopératives : Coubon, en Haute-Loire, Brindas, dans le Rhône et Chalain-le-Comtal dans la Loire. Coopel et XR Repro affichent des bilans financiers positifs. La prochaine coopérative bénéficiera d’un capital social de 416 923 € à 1 € la part.
L’assemblée de section a permis de nommer trois délégués qui représenteront l’ensemble des adhérents de Drôme et d’Ardèche lors de l’assemblée générale extraordinaire prévue le 14 mars. « Y a-t-il des écarts de prix entre les coopératives ? », demande un adhérent drômois. « Les deux sociétés avaient en commun le tarif assurantiel. Le tarif à l’acte, proposé en plus par XR Repro, sera intégré à l’offre de la future coopérative. Ça sera facile d’harmoniser, et nous garantirons des prix justes », expliquent les présidents des deux structures.
Auriva-Elevage et Gènes Diffusion
Sur la partie génétique, « un choix audacieux a été fait par les conseils d’administration de nos deux coopératives », annonce Virginie Garnier. La future structure adhérera à Gènes Diffusion pour les schémas Holstein et Charolais race pure, et à Auriva-Elevage pour toutes les autres races, dont le croisement Yperios (INRA 95 et Excellence). Nous sommes la seule coopérative de France qui adhère ainsi à deux entreprises de sélection ». Le sujet suscite l’intérêt des adhérents. Julien Segalen, directeur d’XR Repro se veut rassurant : « Gènes Diffusion est une coopérative d’éleveurs. Nous savons aujourd’hui que vous y serez bien représentés au Conseil d’Administration et dans les commissions d’éleveurs. Gènes Diffusion et Auriva-Elevage sont deux schémas différents mais qui partagent le même intérêt pour la défense des élevages ».
M.E.
La transplantation embryonnaire
L’après-midi, les adhérents ont visité l’exploitation de Pascal Bellier, associé sur le Gaec des Goulets avec son frère Christophe, à Sainte-Eulalie-en-Royans. L’occasion pour XR Repro de présenter la technique de transplantation embryonnaire.

Le Gaec, équipé d’un robot de traite, regroupe 75 vaches laitières Prim’Holstein qui produisent 76 000 litres de lait IGP Saint-Marcellin. Pascal Bellier s’est formé à l’insémination en 2013 avec XR Repro et fait appel à la coopérative « lorsqu’il n’est pas là pour s’en occuper ». Quatre à cinq génisses sont collectées pour fournir des embryons chaque année. L’exploitation assure un taux de renouvellement de son troupeau de 32 % avec une vingtaine de génisses élevées chaque année. « Il faut avoir la passion de la génétique et avoir de belles vaches, explique-t-il. On peut vendre des génisses de reproduction ou des taureaux qui peuvent partir en station. C’est un plus pour l’élevage laitier ». Pour que ses créations prennent de la valeur, l’éleveur a déjà participé au concours départemental qui se déroule à Hauterives.
Les intérêts de la transplantation embryonnaire
Il existe trois types de transplantation embryonnaire (TE) : la TE schéma avec des femelles identifiées par l’entreprise de sélection, la TE privée avec une femelle sélectionnée par l’éleveur, et l’achat à une banque d’embryons qui catalogue toutes les races. Pour réaliser une TE, la ferme ne doit pas être en agriculture biologique car il y a utilisation d’hormones. Elle doit être enregistrée à l’état-civil et les animaux doivent être en forme et cyclés. Enfin, la plus importante des conditions, un bon aspect sanitaire est exigé. Toutes les races peuvent bénéficier de cette technologie.
La TE se déroule en plusieurs étapes. Il faut d’abord réaliser un protocole de collecte sur une donneuse, qui doit être bien cyclée. Après synchronisations, donneuse et receveuses sont suivies. Après une stimulation ovarienne de la donneuse, cette dernière est inséminée. La collecte des embryons a lieu 7 jours après, par l’expert TE qui trie les embryons, avant de les reposer « en frais » sur les receveuses. S’il y a des embryons surnuméraires, ils peuvent être congelés dans de l’azote liquide sans limitation de durée. 28 jours après la pose d’embryons, les receveuses passent une échographie de gestation et vêlent neuf mois après.
Selon XR Repro, la TE (Transplantation Embryonnaire) est « accessible à tous, pas juste à une élite ». Elle permet notamment d’accélérer « le progrès génétique », d’apporter une génétique extérieure sans risque sanitaire, de vendre ou d’échanger des embryons congelés… Cette technique demande un investissement. Pour une donneuse, le forfait de collecte s’élève à 270 € et pour une seconde donneuse la collecte est gratuite. La coopérative conseille donc d’avoir deux donneuses dans le cas où « la première ne donne pas ». Une collecte moyenne, soit huit embryons, coûte 940 €. Le Gaec des Goulets, qui a produit 46 embryons, a atteint son équilibre financier dès la première génération. XR Repro recherche actuellement à collecter des Montbéliardes avec deux formules possibles : achat des embryons par la banque Auriva-Elevage à 100 € l’unité et la TE est offerte, ou achat à 300 € l’embryon et l’éleveur paie la TE.
En 2024, XR Repro continue sa progression
La structure est toujours au 6ème rang dans le classement national des coopératives d’inséminations animales, avec 133 527 inséminations premières sur bovins contre 2 897 212 en France. ©ME-AD26
« L’innovation comme maître-mot », telle était la devise d’XR Repro en 2023-2024. D'un exercice à l'autre, le chiffre d’affaires est en augmentation de 1,7 % et dépasse à présent les 18 millions d’euros grâce au « développement des services ». Concernant les investissements, le développement informatique représente 48 000 € de dépenses avec notamment le développement de l’application « Prévenir l’éleveur ».
Depuis 2016, la coopérative a augmenté ses prix de seulement 3 % alors que l’inflation atteignait près de 20 %. La structure est toujours au 6ème rang dans le classement national des coopératives d’inséminations animales, avec 133 527 inséminations premières sur bovins contre 2 897 212 en France. À l’échelle nationale, la baisse atteint 2 %, contre 1,5 % pour la coopérative, due à la baisse du nombre d’exploitations agricoles. Concernant la reproduction caprine, 6 046 inséminations ont été réalisées dont la moitié sur les deux départements Drôme et Ardèche.
Une progression importante
Sur un an, le pôle reproduction (XR Performa) enregistre une hausse de 16,4 % sur les « échographies aptitudes » bovines. Constat similaire pour les échographies le jour de l’insémination (+ 11,2 %). La synchronisation des chaleurs augmente quant à elle de 26,2 %. Côté caprin, les échographies progressent aussi de 5,7 %. Côté génétique avec l’offre XR Créa, 13 418 génotypages sont comptabilisés (+17,9%) malgré une baisse en Drôme et en Ardèche. La coopérative est la première de France en nombre de semences sexées sans cornes. Le monitoring, pour détecter les chaleurs, progresse aussi sur les deux départements (+ 31%) qui sont « le premier territoire en équipement de robots de traite et en monitoring par rapport au troupeau ».
Enfin, en 2023-2024, la coopérative, reconnue organisme de formation, a proposé onze formations. En 2025, cette offre (XR Academia) innovera avec une nouvelle formation sur « l’intégration du génotypage à la stratégie génétique de l’exploitation ». Pour XR Repro, la transplantation embryonnaire serait également « la technologie d’avenir » à intégrer à la stratégie du progrès génétique d’un maximum d’exploitations. La coopérative annonce une augmentation de 19 % de la pose d’embryons (+176 % en Drôme et en Ardèche). Objectif : créer une banque d’embryons avec Auriva-Elevage.