Zones défavorisées simples : les discussions engagées

«Je savais vaguement que le nord du département était concerné par la révision de la zone mais je ne savais pas précisément quelles étaient les communes », explique Yohann Triboulier, éleveur de bovins allaitants au Grand-Serre. Comme lui, ils étaient une vingtaine à avoir participé, le 14 mai, à une réunion d'information sur la révision des zones défavorisées simples (ZDS). Le Nord-Drôme est effectivement particulièrement touché par celle-ci. Les pertes pour les agriculteurs peuvent, selon les cas, varier.
La non-transparence des critères retenus
Pendant un peu plus d'une heure, Alice Bouton, chargé d'étude économique à la chambre d'agriculture, est revenue sur la genèse de cette révision, les critères retenus, les propositions drômoises non entendues, les modifications du zonage, ses conséquences, ou encore les prochaines échéances. L'assistance n'a pas hésité tout au long à poser des questions. Quel devenir pour les Cuma ? Pourquoi prendre en considération une « petite région agricole » datant des années 1940 ? D'autant que la zone en question a fortement évolué au fil des années. Avec la présence de vignerons, la PBS (production brut standard) n'est ainsi pas forcément représentative. L'entrée des communes de Puy-Saint-Martin, Roynac et La Bégude-de-Mézenc étonne également. « Ce qui est incompréhensible. Ce sont trois communes où l'on a amené l'eau du Rhône en 2003. C'est hallucinant qu'elles se retrouvent dans les calculs de la moulinette », notera Anne-Claire Vial. Elle-même ne connaît pas les raisons retenues pour justifier ces entrées.
« Il ne faut pas se focaliser là-dessus, sinon on passe à côté du dossier. Si on arrive à faire sortir ces communes, ce sera un petit peu plus d'argent pour les concernés », a indiqué encore Jean-Pierre Royannez. Les agriculteurs ont ainsi fait part de leurs préoccupations. Selon Eric Juven, la moitié de ses surfaces sont toujours en herbe. Une grosse moitié n'est pas mécanisable. « Dans les coins très difficiles, je laisse le plus possible des vaches allaitantes. A part mettre un cheval, je ne vois pas quoi mettre d'autre. Si on a développé la vache allaitante, c'est pour utiliser ces surfaces en herbe très peu mécanisables. [...] On va diminuer l'herbe. Tout ce qui peut être labouré le sera », a-t-il expliqué.
L'affaire de tous
Le devenir des exploitations et leur pérennité, voilà le chantier qui s'impose à chacun. « Il faut à long terme trouver à revaloriser nos produits, expérimenter autre chose », a dit pour sa part Michel Baude. Les services de la chambre d'agriculture de la Drôme sont mobilisés depuis plusieurs mois sur ce dossier. Tout comme la FDSEA et JA26. Même si une première carte a été dévoilée, ces différents acteurs continueront d'y travailler. De nombreuses réunions doivent d'ailleurs avoir lieu avec l'administration. Pour autant, Anne-Claire Vial a invité les agriculteurs présents à évoquer la situation avec leurs élus car cette révision aura aussi un impact sur la vie des territoires ruraux : « Les agriculteurs, ce sont des familles, des places dans les écoles... ». Les élus locaux seront aussi un appui supplémentaire pour les demandes de financement à venir. Il ne s'agira pas de compenser des aides perdues mais réfléchir à des projets de territoire.
A. T.
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