Sécheresse, prédation, excès de réglementation : vers un automne compliqué
Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme pointe les priorités de cette rentrée pour l’agriculture.

Fin septembre, la chambre d’agriculture de la Drôme tiendra sa session de rentrée. Ce sera l’heure d’un premier bilan de cet été caniculaire et sans eau. « Nous savons que ce bilan ne sera pas complet. Il est encore trop tôt pour le maïs, les fruits à pépins… Nous devrons aussi croiser ces informations avec celles des opérateurs économiques », décrit Jean-Pierre Royannez, le président de l’organisme consulaire. Mais une chose est certaine : le dossier sécheresse a mobilisé les services de la chambre d’agriculture et de l’OUGC*. « Nous avons beaucoup travaillé sur les arrêtés sécheresse pour essayer de maintenir le plus longtemps possible les prélèvements. Malheureusement vu la baisse des niveaux d’eau il y a eu des arrêts d’irrigation catastrophiques pour certaines exploitations », souligne le président. La chambre d’agriculture a aussi œuvré pour déclencher la procédure calamités. « Le dossier est ouvert mais tout reste à travailler », avertit-il.
Si l’accompagnement des exploitations face aux conséquences de la sécheresse est prioritaire, Jean-Pierre Royannez s’inquiète aussi fortement de l’explosion de la prédation lupine. « Nous recevons des appels d’éleveurs en plein désarroi face aux attaques qu’ils subissent. Certes les moyens sont mis en place pour effectuer des prélèvements mais c’est totalement insuffisant au vu de l’évolution de la prédation. Il y a aujourd’hui trop de loups sur l’arc alpin. Ce sont des meutes entières que nous allons voir arriver. La situation explose comme un feu de d’artifice, le problème va se diffuser partout », redoute le président.
Des normes préoccupantes
Au climat et à la prédation, il voit aussi se greffer une autre difficulté : celle d’une réglementation « complètement déconnectée » de la réalité du métier d’agriculteur. « Nous voyons arriver de nouvelles normes qui nous préoccupent énormément et nous avons face à nous une administration de plus en plus campée derrière les textes. Nous avons beau essayer de comprendre, trouver des échéances, élaborer des calendriers de mise en œuvre, on nous dit “c’est comme ça” », résume Jean-Pierre Royannez. Alors que d’immenses défis sont à relever pour l’agriculture, notamment celui du changement climatique, le président de la chambre d’agriculture estime que l’administration « doit nous accompagner pour nous permettre de s’adapter ». « Nous allons avoir un automne compliqué et il est urgent que nous puissions nous mettre autour de la table dans un autre d’état d’esprit. On ne fait pas avancer une société avec des sanctions et des interdictions. Les objectifs fixés [aux agriculteurs, ndlr], doivent être atteignables et compréhensibles, poursuit le président. Les agriculteurs ont besoin de liberté d’entreprendre pour sortir un salaire et financer les nombreuses adaptations qu’on leur demande. » En écho à la médiatisation de l’engagement des agriculteurs dans la lutte contre les incendies de l’été, Jean-Pierre Royannez avertit : « Si on ne laisse pas les agriculteurs dégager un revenu de leur exploitation, le risque est grand qu’ils ne soient plus là pour aider lors des prochaines crises. »
Propos recueillis par Sophie Sabot
*OUGC : organisme unique de gestion collective, présidé en Drôme par Jean-Pierre Royannez.