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Alimentation animale

Les minéraux, partenaires de la bonne santé des troupeaux

Comment ajuster la complémentation des rations des vaches laitières après cette année historiquement sèche ? éléments de réponse avec éleveurs des Savoie.

Les minéraux, partenaires de la bonne santé des troupeaux
Les fourrages sont une première source d’apport de minéraux mais qui reste irrégulière et globalement insuffisante. L’éleveur optera donc pour une complémentation ajustée.

En période estivale, l’herbe est riche et couvre une partie des besoins des bovins en minéraux. Cet apport reste néanmoins insuffisant et la complémentation indispensable au vu des niveaux de production actuels. Mais qu’en est-il des besoins en hiver ? Les fourrages prennent à cette période une part un peu plus restreinte de la ration totale si bien que le risque de carence est alors plus prononcé. Après une année de sécheresse, on peut encore craindre qu’avec des stocks fourragers au plus bas, la part d’aliments apportée sous forme de concentrés sera encore plus importante, accentuant mécaniquement  le problème. Alors comment bien complémenter les vaches après cette année historiquement sèche ?

Rôles des minéraux

Revenons sur les rôles des principaux minéraux. Dans la physiologie animale, les minéraux sont partout : dans la cohésion du squelette, dans les enzymes et autres protéines, dans les membranes cellulaires (phospholipides) et surtout dans les équilibres ioniques. Certains sont essentiels car un manque sur quelques heures peut coucher une vache (l’hypocalcémie génère la fièvre de lait) ou la tétaniser (l’hypomagnésémie entraîne la tétanie d’herbage). D’autres jouent un rôle plus discret, mais tout aussi indispensable, c’est le cas du sel (sodium et chlore) sans lequel la vache mange moins, produit moins, et surtout ne salive plus assez pour tamponner le rumen, entraînant donc indirectement un risque d’acidose. Les carences en minéraux peuvent donc entraîner plusieurs conséquences car chacun a un ou plusieurs rôles (voir tableau 1).

Et les oligoéléments ?

Les oligoéléments ont un rôle tout aussi important. On les néglige souvent car leur quantité nécessaire est plus petite que celles des minéraux cités ci-dessus. On ne parle donc plus en grammes par kilo, mais de milligrammes par kilo (ou parties par millions soit « PPM »).
Pourtant, une carence en oligoéléments peut entraîner divers problèmes conséquents pour la santé des bovins et induire un manque à gagner ou des frais pour l’éleveur. Par exemple, un manque de manganèse, de cuivre ou de zinc peut induire des défauts d’aplombs et favoriser l’infertilité des bovins. Un défaut de cobalt, iode ou fer peut être responsable de manque d’appétit et donc de perte de production ou de défaut de croissance et un manque de sélénium et zinc d’un manque d’immunité.

Plus de lait donc plus de besoins

Les besoins en minéraux absorbables en fonction du poids de lait quotidien (donc hors besoins d’entretien ou de croissance) apparaissent dans le tableau 2. On peut par exemple remarquer que pour les trois principaux minéraux, on arrive vite à 75 grammes quotidiens. Pas étonnant donc de devoir distribuer aux vaches 150 à 200 grammes d’un mélange minéral complet.

Les fourrages ne couvrent pas tout

Les valeurs de différents fourrages mettent en avant que plus un foin est bon, plus il est riche en phosphore. C’est globalement le cas aussi pour le calcium. En revanche, le magnésium varie très peu en fonction du type de fourrage et de sa qualité (voir tableau 3). Ce qu’il faut surtout retenir à son sujet, c’est que ce n’est pas sa concentration manquante qui constitue le problème, mais bien le fait des conditions printanières (froid, herbe jeune) qui constitue une barrière à sa bonne assimilation. Il faut donc veiller à un léger excès sur cette période.
Vers une distribution réfléchie
Comme on l’a vu, les fourrages sont une première source d’apport de minéraux, mais qui reste irrégulière et globalement insuffisante. L’éleveur optera donc pour une complémentation ajustée.
Compte tenu de la différence de besoins entre les animaux, en fonction notamment de la quantité de lait produite, l’idéal serait un apport individualisé, au distributeur automatique de concentrés (Dac) par exemple. Il peut être dans une cellule individuelle avec une vis spécifique ce qui permettrait un apport au plus précis. Dans le cas où ce n’est pas possible, il peut être ajouté à un autre concentré en s’assurant que toutes les vaches en bénéficient et qu’il y en ait suffisamment pour les moins complémentées. Toutefois, cela peut aussi engendrer un certain gaspillage par excès pour les autres. Dans certains cas, principalement les petits troupeaux, la distribution à l’auge reste la méthode à suivre. Votre conseiller d’élevage peut vous aider à trouver la meilleure méthode et à calculer la part nécessaire.
Concernant le sel, l’apport peut se faire via la mélangeuse ou à l’auge. Il doit être quotidien et suffisant. Les blocs de sels sont, à eux seuls, insuffisants pour couvrir les besoins des vaches. Elles ne peuvent pas passer assez de temps à le lécher, notamment à cause de la concurrence. Il peut y en avoir, mais en complément. Un système pratique : les bacs avec du sel en vrac. Les vaches apprécient et se régulent en fonction de leurs besoins. Il ne faut pas dans ce cas placer ce type de bac trop près des abreuvoirs, mais à d’autres endroits stratégiques.

Ne pas oublier les taries !

Les vaches taries ont des besoins métaboliques également, mais différents de ceux des vaches en lactation. L’apport en minéral doit donc être pourvu, mais différemment.
On cherche à inverser le BACA* notamment pour éviter les fièvres vitulaires. Pour ça, on choisira un minéral avec une teneur en magnésium plus importante et une teneur en calcium plus faible que celle des vaches en lactation. Avec votre conseiller vous pouvez discuter de leur besoin, choisir le minéral le plus adapté ainsi que la méthode de distribution.
Pour aller plus loin…
Maintenant que vos vaches et vos taries ont tout ce qu’il faut en termes de minéraux, on n’oublie pas les génisses. Ces dernières sont vos futures vaches et, même si elles ne produisent pas de lait, elles ont des besoins de croissance non négligeables.

Noémie Pawlicki, Éleveurs des Savoie
*BACA : bilan alimentaire cations-anions (mEq/kg MS)