Climat
Quelles prévisions météo pour cet hiver ?

Alors que l’automne s’est révélé doux et sec, qu’en sera-t-il des mois hivernaux. Premières prévisions en ce début d’hiver météorologique selon Météo-France. 

Quelles prévisions météo pour cet hiver ?
Selon la Chaine Météo, la France pourrait connaître l’hiver le plus froid depuis 2017. © DR

L’entrée dans l’hiver est pour bientôt et le mercure commence à descendre. Les premières neiges sont même tombées sur les sommets hexagonaux. Pour autant, les précipitations se font toujours attendre rendant la situation des nappes souterraines préoccupantes. Dans le bulletin de situation hydrogéologique en date du 1er novembre, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) souligne que « les pluies de ce début d’automne ont été largement insuffisantes pour compenser les déficits accumulés depuis le début de l’année. La situation globale n’évolue que peu. Les niveaux des nappes à l’entrée de l’hiver 2022-2023 sont nettement inférieurs à ceux de l’année dernière, deux-tiers des nappes affichant toujours des niveaux sous les normales mensuelles. » Selon Météo-France : « Octobre 2022 se classe parmi les mois d’octobre les moins arrosés sur les régions méridionales. Il a été le deuxième le plus sec enregistré depuis 1959 sur l’Occitanie avec seulement 28 mm, derrière octobre 1978 avec 24,7 mm ». De plus, octobre 2022 a été enregistré comme le plus chaud depuis le début du XXe siècle avec une température moyenne de 17,2 °C sur la France, soit 3,5°C au dessus de la normale. 
En Auvergne-Rhône-Alpes, toujours selon Météo-France, cette hausse a atteint + 4,35°C de plus que la normale 1991 – 2020 quand les précipitations, elles, sont « majoritairement déficitaires, souvent fortement (40 à 80 % généralement sur les deux tiers ouest) ». « Seules quelques zones limitées profitent d’un excédent mais presque toujours modeste : l’est de l’Ardèche, l’ouest de la Drôme, la majorité du relief alpin ». En Bourgogne-Franche-Comté, le mois d’octobre est annoncé comme « historique du point de vue des températures avec une moyenne supérieure à 15 °C dans les plaines et un écart à la normale de 3 à 4 degrés sur la plupart des postes. Les cumuls de pluie sont assez hétérogènes, plutôt déficitaires sur le sud-ouest de la Bourgogne et nettement excédentaires au pied des Vosges ». 

Temps calme et sec annoncé

Les pluviométries des mois à venir seront donc à observer de près et les prévisions font état de précipitations encore déficitaires sur le continent. Dans son bulletin des tendances à trois mois (novembre à janvier), Météo-France indique que le scénario « le plus probable » pour ce trimestre est la « prédominance de conditions anticycloniques, avec un temps calme et sec, sur le continent européen ». « Les perturbations auront tendance à être rejetées plus au nord de l’Europe ou au sud-ouest de la Méditerranée », précise le bulletin. Pour autant, toujours selon le spécialiste en météorologie français, « aucun scénario ne se dégage sur la plupart des régions françaises ». 
Le modèle numérique développé par Météo Consult* et employé par La Chaîne météo, quant à lui, « envisage majoritairement des hautes pressions situées aux hautes latitudes (Scandinavie) tandis que des basses pressions seraient récurrentes sur le bassin méditerranéen. En conséquence, la pluviométrie serait excédentaire sur le pourtour de la Méditerranée et encore déficitaire sur le continent. Mais à partir de janvier, le modèle envisage le retour d’un flux plus perturbé en France, ce qui apporterait enfin les précipitations tant attendues.[…] La pluviométrie est vue déficitaire en décembre et excédentaire en janvier, avec, au total, un hiver qui pourrait 
renouer avec + 10 % de précipitations. » Une bonne nouvelle selon la Chaîne météo qui rappelle que le retour « des perturbations actives, surtout en janvier, permettrait un remplissage des nappes phréatiques ». à suivre donc. 

Des températures de saison…

Côté thermomètre, pour les trois mois à venir, Météo-France prévoit des « températures proches des normales climatologiques pour la France. Une alternance de périodes plus douces et plus fraîches reste possible ». Le spécialiste tempère ces tendances : « La prévisibilité de la situation est toutefois modérée ». Ainsi, pour la France métropolitaine, Météo-France avance un scénario de températures  à 50 % conforme aux normales de saison, à 30 % plus chaud et 20 % plus froid. Pour les îles britanniques en comparaison, les tendances sont établies à 50 % plus chaud.  Même constat, du côté de La Chaîne météo qui, à l’échelle du trimestre décembre, janvier, février, annonce des températures « proches des moyennes de saison basées sur les trente dernières années (écart de 0 à +0,5°C) ». Conséquence selon le site Internet : « la France pourrait connaitre l’hiver le plus froid depuis 2017, les derniers ayant été marqués par des anomalies chaudes très marquées (+2°C en 2018-2019, +2,7°C pour l’hiver 2019-2020, +1,2°C en 2020-2021 et en 2021 - 2022) ». 

Marie-Cécile Seigle-Buyat

Sources : sites Internet du BRGM, de Météo-France et La Chaîne Météo.

* Ces prévisions à long terme reposent sur une analyse des anomalies vues par le modèle développé par Météo Consult. Il existe de nombreux autres modèles de prévisions saisonnières qui peuvent présenter des scénarios parfois assez différents.

« Normales » et « extrêmes » de l’hiver

L’hiver météorologique commence le 1er décembre et s’achève fin février. Selon Météo-France en moyenne sur l’Hexagone, la température normale, soit la moyenne saisonnière de référence 1981-2010 de l’indicateur de température moyenne, est de 5,4 °C. « Depuis 1900, c’est l’hiver 1962-63 qui a été sans conteste le plus froid, avec une température moyenne de 0,7 °C, soit 4,7 degrés sous la normale. L’hiver 2015-2016 s’est révélé être le plus chaud avec une température moyenne de 8,0°C, soit 2,6 degrés au-dessus de la normale. Cette valeur relègue l’hiver 1989-1990 (+2 degrés) à la deuxième place des hivers les plus doux depuis le début des mesures. Ainsi, trois des quatre hivers les plus chauds se sont produits dans les dix dernières années avec les hivers 2006-2007 et 2013-2014 (+1,8 degré) ex aequo sur la troisième marche du podium », explique le site Internet de Météo-France. 
Concernant les précipitations, en hiver il tombe en moyenne 245 mm de précipitations sur la France. « Depuis 1959, l’hiver 1993-1994 a été le plus pluvieux avec 376,7 mm, soit une anomalie de + 54 % par rapport à la normale. Le plus sec a été l’hiver 1991-1992 avec 113,8 mm, soit une anomalie de - 54 % par rapport à la normale », souligne Météo-France. n