Nutrition azotée des céréales à paille : contexte de l’année et dernier apport
Malgré les conditions plutôt sèches de ce début d’année, les apports d’azote réalisés sur céréales à paille ont pu profiter des épisodes de pluie pour être valorisés. Voici les conseils d’Arvalis pour réaliser le troisième apport d’azote.

Afin que les apports d’azote réalisés soient considérés comme valorisés et que l’utilisation d’un outil de pilotage apporte toute sa pertinence, il faut un cumul d’environ 15 à 20 mm de pluie dans les deux semaines qui suivent l’apport d’azote. Le blé est capable d’endurer des carences temporaires en azote pendant la montaison sans trop de dégâts. Néanmoins, plus la période de mauvaise valorisation s’étend, plus l’impact probable sur le rendement se renforce. On considère que si la bonne absorption n’est pas rétablie avant le stade dernière feuille étalée, le nombre d’épis/m² peut être atteint. Une fois ce stade dépassé, les perspectives de compensation s’amenuisent, le nombre de grains/épi sera ensuite lui aussi affecté. Les conséquences d’une faible pluviométrie après les apports sont des pertes par volatilisation pour la solution azotée qui peuvent aller jusqu’à 20-30 % et, dans une moindre mesure (5-10 %), pour l’ammonitrate et les urées avec inhibiteurs d’uréase. Ce phénomène engendre une moindre efficacité des engrais azotés. Une faible pluviométrie entraîne également un retard d’absorption de l’azote. En situation sèche, le déficit probable d’absorption d’azote peut provoquer des carences induites. Il est probable qu’une certaine quantité d’azote reste présente dans le sol et sera absorbée par les plantes dès le retour des pluies. Cependant, en conditions sèches, l’absorption de l’azote par les plantes est ralentie mais elle n’est pas nulle.
Quelle stratégie de fertilisation adopter pour le dernier apport ?
En regardant les cumuls de pluies supérieurs à 15 mm dans les 10 jours suivant une date d’apport, on constate que les apports en sortie d’hiver (début février) ont été suivis d’une période climatique favorable à leur valorisation. Les apports réalisés autour du stade épi 1 cm (du 20 au 25 mars) ont eux aussi rencontré des conditions favorables pour être valorisés, sauf au Sud de la région dans le secteur de Montélimar. Les apports réalisés tardivement (début avril) ont connu des conditions moins favorables à leur valorisation. Globalement, malgré le contexte plutôt sec de ce début d’année, les apports réalisés sur céréales à paille ont pu profiter des épisodes de pluie pour être valorisés. La majorité des parcelles de la région ne présentent pas de problème de nutrition azotée en ce début de campagne. Il n’y a pas de contraintes particulières à l’utilisation des outils de pilotage. Les conseils sont fiables et applicables en l’état, sous réserve du maintien du potentiel. Pour les doses conseillées élevées (> 50 unités), il est important de fractionner les apports et de les prévoir juste avant le retour des pluies si celui-ci intervient avant le stade dernière feuille étalée gonflement.
Audrey Tabone, Arvalis-Institut du végétal
Utiliser un outil de pilotage pour s’adapter à l’année
Si le calcul de la dose prévisionnelle est indispensable, il reste imprécis quelle que soit la méthode car il est calculé à partir de données hypothétiques (rendement, minéralisation du sol, efficacité de l’azote…). L’utilisation d’outils de pilotage permet d’ajuster la quantité totale d’azote à apporter au plus près des besoins de la culture. À condition d’avoir mis en réserve une partie de la dose permet de prendre en compte l’évolution du potentiel atteignable afin de s’ajuster à l’année. Les outils de pilotage permettent ainsi d’augmenter ou de diminuer la dose X calculée a priori en adaptant la dose à amener au stade DFE. Par exemple, les méthodes comme Jubil®, N-Tester et Farmstar permettent d’ajuster la dose du troisième apport.