Des outils pour appréhender la date optimale des vendanges
Lors d’une soirée technique organisée le 5 mai à Tain-l’Hermitage par l’Institut coopératif du vin (ICV) Rhône nord, une conférence a porté sur la maturation des raisins. Objectif : appréhender la date optimale de récolte selon les conditions du millésime et le potentiel de la vendange.

Depuis 2021, afin de comprendre les caractéristiques et les évolutions d’un millésime avant les vendanges, l’ICV a mis en œuvre un réseau de maturation des raisins sur quatre cépages. « On essaie d’être représentatif de tout le vignoble du Rhône nord, de Saint-Péray au sud jusqu’aux Côtes-rôtie au nord », assure Tristan Perchoc, consultant viticole en charge du réseau maturité des raisins à l’ICV. Suivi agronomique - avec « des visites des parcelles » - et dégustation des baies - « très important pour connaître l’évolution du millésime » - permettent d’appréhender « la maturité technologique et l’évolution de la maturité phénolique ».
Données météos, dégustation des baies
Ce réseau de maturation s’appuie sur quatre paramètres. Le premier concerne la partie agronomique avec une évaluation de données météos issues de trois stations en Vallée du Rhône. Sont analysés les cumuls de températures et d’hygrométrie, les variations de températures sur la journée (qui peuvent être, entre autres, une source d’accélération de la maturité), lesquels sont comparés avec un historique de données. Autres éléments pris en compte, la physionomie (surface foliaire) et l’état sanitaire de la vigne. « Ces trois points permettent d’étayer l’information du réseau maturité et de dépasser les valeurs chiffrées habituelles telles la charge en sucre », indique Tristan Perchoc.
Dans le second paramètre, à savoir la dégustation des baies, « l’idée est d’avoir une approche la plus scientifique possible grâce à la méthode mise en place par l’ICV », indique le consultant. Celle-ci débute par un toucher des baies afin d’en évaluer les propriétés physiques (facilité ou pas à égrainer, souplesse de la consistance…). « Une vigne carencée en potassium peut avoir un égrainage très sensible, ce qui donne une première indication sur le millésime. » La mise en bouche de la baie permet d’évaluer sur le premier jus qui sort sa sucrosité, la présence ou pas de petites notes herbacées, fruitées… Enfin, le ressenti de la pellicule du raisin (est-elle sèche, se dissocie-t-elle facilement ou non du raisin) et de la maturité du pépin (astringence, notes torréfiées…) complète cette dégustation.
Maturité, référentiel personnalisé...
Le troisième paramètre, plus habituel, concerne la maturité technologique (chargement en sucres, dégradation de l’acidité…). Autre paramètre, moins classique, la maturité phénolique. « On va s’intéresser à la quantité totale de polyphénols présents dans la pellicule des raisins, ce qui donne un potentiel de couleurs et de tanins », explique Tristan Perchoc. En complément de la dégustation, l’analyse en laboratoire de la maturité des pépins peut indiquer le pourcentage de tanins qu’ils contiennent. « À partir de ces indicateurs - agronomiques, issus des dégustations, des parties technologique et phénolique - l’ICV rédige une note sur le ressenti de la campagne et comment s’adapter », ajoute le consultant. Des informations qui se sont avérées utiles en 2021, du fait des conditions pluvieuses, « pour savoir s’il y avait un intérêt à attendre ou pas une prochaine pluie avant de vendanger. »
Par ailleurs, l’ICV est à même de proposer aux vignerons des conseils sur la création de leur propre référentiel. Établi sur la base de parcelles représentatives, cela permet de savoir où prélever afin d’avoir des informations pertinentes. Des comparaisons entre années peuvent aussi être réalisées et des évolutions semaine après semaine proposées. S’ajoutent d’autres prestations comme l’analyse de raisins commentée, la formation à la dégustation des baies ainsi que des services pour gagner en précision sur les prélèvements parcellaires (comme la télédétection satellitaire trois semaines avant les vendanges). « Sur chaque pixel de l’image, on peut avoir un pied de vigne et on va regarder l’état de santé du végétal, savoir si la parcelle présente de l’hétérogénéité… ce qui permet de gagner en précision sur les observations et de modifier, éventuellement, les pratiques de taille, de fertilisation pour réussir en peu de temps à homogénéiser la parcelle », assure Tristan Perchoc. Des suivis dynamiques tous les cinq jours sont aussi possibles pour suivre la vigueur de la parcelle et son potentiel hydrique.