Un millésime qui va coûter cher à produire...
Le gros des vendanges devrait démarrer autour du 20 septembre dans la partie septentrionale du département. Après la moitié sud et le Diois, nouveau tour d’horizon plus au nord de la Drôme.

L’heure est à la prudence sur les prévisions, l’année a réservé tellement de mauvaises surprises aux viticulteurs. Pour l’instant, tous scrutent le ciel et espèrent que les conditions climatiques actuelles, un vent du nord sec qui permet de maîtriser enfin les maladies, dureront jusqu’aux vendanges. Celles-ci ne sont guère attendues avant le 20 septembre sur le secteur de l’appellation Crozes-Hermitage. « Soit trois semaines plus tard qu’en 2020 », confirme son président Pierre Combat. De la récolte à venir, il ne veut pas encore parler. « Le millésime se fait sur septembre. Les jours à venir vont être décisifs », résume-t-il. Mais il concède tout de même que, par rapport à d’autres régions viticoles, Crozes-Hermitage ne s’en sort pas trop mal cette année. Il estime que les pertes liées au gel d’avril pourraient être de l’ordre de 10 % des volumes de l’appellation. En revanche, il pointe les conséquences d’un été particulièrement pluvieux. « Cette campagne a été particulièrement pénible et fatigante, avec beaucoup d’heures de travail sur le végétal en vert. Ce millésime coûte cher à produire, la marge de nos vignerons va en être réduite », affirme Pierre Combat.
« Nous aurions dû avoir plus de dégâts »
Du côté de la Cave de Tain, le directeur, Xavier Gomart, confirme que les premiers raisins pourraient être récoltés au mieux le 15 septembre mais avec plus de certitude vers le 20. Du côté des volumes, il indique que l’on sera sur une « petite récolte », du fait du gel et d’épisodes de grêle. « Mais nous serons loin de la situation d’autres vignobles en France qui ont perdu 50 % de leurs volumes. C’est vrai qu’au vu des températures enregistrées lors du gel d’avril, nous aurions dû avoir plus de dégâts. Les cépages ont finalement réagi très différemment selon les secteurs, c’est très surprenant. La série d’orages de grêle très localisés que nous avons connue de juin à août aura peut-être davantage d’impact sur le vignoble que le gel », poursuit-il.
Drôme des collines : en fin de mois
Plus au nord, Raphaël Cros, président du syndicat des vignerons de la Drôme des collines et administrateur pour l’IGP collines-rhodaniennes estime que les vendanges ne démarreront pas avant la fin du mois sur son secteur et se prolongeront début octobre. Là aussi, les volumes seront marqués par le gel, très certainement autour de 15 à 20 % de pertes. Sans oublier des vignes très touchées par de violents épisodes de grêle, notamment autour de Clérieux, Marsaz, Chavannes... Il reconnaît aussi que l’été a été compliqué à gérer, à la fois en termes de pression sanitaire et de gestion de l’enherbement. « Heureusement, pour l’instant, les conditions météo sont plutôt bonnes. Le vignoble s’est bien assaini. Pourvu que ce contexte de nuit fraîche et de journée ensoleillée se poursuive », espère le président du syndicat.
S.Sabot
Les premières vendanges se dessinent en IGP
Adelin Marchaud, président de la fédération drômoise des IGP viticoles indique que les vendanges pourraient démarrer dans la semaine du 6 septembre pour l’indication géographique Drôme. Suivraient ensuite l’IGP coteaux des Baronnies autour de mi-septembre puis l’IGP collines rhodaniennes. « Par rapport à l’année dernière, nous aurons une bonne quinzaine de jours de retard », précise-t-il. Concernant les pertes liées au gel, il estime qu’il faut à présent attendre que les raisins soient rentrés en cave pour évaluer précisément les volumes manquants. « Ce qui est certain, c’est que nous aurons une maturité plutôt irrégulière, du fait des raisins qui sont ressortis après le gel. Il y en a peu mais ce sera suffisant pour créer des décalages de maturité qui vont être compliqués à gérer pour les caves », signale Adelin Marchaud.
Main-d’œuvre : signal d’alerte pour la saison prochaine
La saison a été exigeante en main-d’œuvre et Pierre Combat, président de l’AOP Crozes-Hermitage et membre du bureau de la chambre d’agriculture, s’inquiète : « Il est de plus en difficile de recruter, que ce soit de la main-d’œuvre qualifiée ou celle pour les travaux les plus simples. Cette année, si les vergers n’avaient pas été victimes du gel, je ne sais pas comment nous aurions pu trouver les effectifs nécessaires à la fois pour la vigne qui a demandé beaucoup de travail et les fruits ». Après les vendanges, il estime qu’il sera urgent de se pencher sur cette question pour préparer la saison prochaine. « C’est un enjeu de taille pour notre vignoble dans les prochaines années », indique-t-il. Parmi les pistes qui seront à explorer selon Pierre Combat : le logement des salariés, pour attirer des candidats éloignés géographiquement, ou encore le recours plus important aux contrats Ofii qui pourraient permettre de pallier le manque de personnel local.