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Energie renouvelable

Un hangar financé avec une centrale photovoltaïque

Jeune agriculteur à Eymeux, Henry Vignon s'est doté d'un hangar avec, pour le financer, des panneaux solaires installés sur le toit.
Un hangar financé avec une centrale photovoltaïque

A Eymeux, route de la Résistance, Henri Vignon, son fils Henry et Hélène Bombart (la compagne du premier) ont chacun leur exploitation individuelle. A eux trois, ils possèdent six bâtiments avicoles, dans lesquels ils élèvent (en intégration) 500 000 poulets de chair certifiés (5 bandes) par an. Et il cultivent 70 hectares de maïs.

350 panneaux solaires

Début 2018 dans le cadre de son installation, Henry a racheté un poulailler à son père et l'a rénové (1 000 m2 et une capacité d'élevage de 100 000 volailles par an). Il a aussi récupéré une quinzaine d'hectares (en propriété ou location). De ce fait, il manquait de surface couverte pour abriter paille, maïs et matériel agricole. Alors il a investi dans un hangar de 800 m2, construit au cours du printemps et de l'été 2018. Une dalle de béton a été coulée au sol (pour le stockage du maïs, en complément des cellules). « Installer une autre cellule de stockage m'aurait coûté plus cher que de faire une dalle », fait remarquer Henry. Et une centrale photovoltaïque de 99 kWc (composée de 350 panneaux solaires) a été placée sur la toiture « pour financer le hangar ». Trois onduleurs convertissent le courant continu ainsi produit en courant alternatif, logés à l'extérieur du bâtiment dans un local attenant. Le 25 septembre, la société Triangle Energie, constructeur du bâtiment et installateur de la centrale photovoltaïque, a organisé une porte ouverte pour montrer cette réalisation en service depuis fin octobre 2018.

Le hangar et ses panneaux photovoltaïques vus d'en haut.

Une garantie sécurisante

L'investissement s'élève à 170 000 €, dont 80 000 pour la centrale photovoltaïque et le raccordement au réseau Enedis, sans compter les murs en moellons et la dalle. 40 % du coût de raccordement (5 000 €) a été pris en charge par l'Etat. Et Henry a bénéficié d'une aide dans le cadre du PCAE* élevage sur la partie du hangar destinée au stockage de paille, soit à peu près le tiers du hangar (à hauteur de 27 % de l'investissement) mais pas pour la centrale photovoltaïque.
La famille Vignon-Bombart produisait déjà de l'énergie solaire, depuis la pose de panneaux photovoltaïques en 2010 sur un hangar existant. C'est donc en connaissance de cause qu'Henry a décidé d'en équiper son bâtiment. L'installation de 2010 avait coûté six fois plus cher mais le tarif de rachat de l'électricité par EDF est six fois plus élevé (« une base de 60 centimes d'euro le kWh réévaluée chaque année, en général plutôt à la hausse », indique Hélène Bombart). En effet, pour le nouveau bâtiment, le tarif est de 11,46 centimes. « On passe un contrat de vingt ans pour le rachat de l'électricité, commente Henry. C'est sécurisant. C'est une garantie. »

De l'énergie verte

Trois onduleurs convertissent le courant continu en courant alternatif.

Henry a contracté un prêt bancaire sur quinze ans, avec des annuités de l'ordre de 13 000 €. Comme frais, s'ajoutent l'assurance, le contrat de maintenance des panneaux et le monitoring (suivi au jour le jour de la production). Pour cette centrale photovoltaïque, « on est parti sur un prévisionnel de production un peu bas, de 14 000 € de chiffre d'affaires par an, explique Henry. Cela laisse un peu de marge. Le bâtiment va s'autofinancer, même avec les quelques aménagements réalisés (dalle et murs en moellons). L'amortissement est sur quinze ans. Sur les cinq années suivantes au moins, ce sera du tout bénéfice. En plus, j'ai la satisfaction de produire de l'énergie avec le soleil, de participer à la transition énergétique. Les agriculteurs sont souvent pointés du doigt. Installer une centrale photovoltaïque montre qu'on fait des efforts, s'adapte. C'est de l'énergie verte injectée dans le réseau. C'est donc pour tout le monde. »

Du clé en main

Henry se dit « content » de la prestation de la société Triangle Energie car « elle prend tout en charge : la constitution du dossier administratif (permis de construire, démarches auprès d'EDF et d'Enedis), le montage de la charpente, la maçonnerie, la pose des panneaux photovoltaïques ; c'est du clé en main... J'ai seulement eu à déposer la demande de permis de construire à la mairie et à poser le panneau de chantier. »
Dans la Drôme, d'autres de bâtiments avec panneaux photovoltaïques sur le toit ont été montés par Triangle Energie ou sont en cours d'installation. Ayhan Culha, commercial au sein de cette entreprise, en signale « une petite dizaine », dont à Saint-Paul-lès-Romans, Crest, Autichamp, Châteauneuf-sur-Isère... Cette société donne les chiffres de 233 bâtiments réalisés en Auvergne-Rhône-Alpes (pour une puissance installée de 23 300 kWc). Et 1 698 bâtiments (89 409 kWc) en France.

Annie Laurie

* PCAE : plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles.

 

Photovoltaïque agricole /
Triangle Energie, leader français
Henry Vignon en compagnie d'Ayhan Culha et Laurence Gérard, de la société Triangle Energie.
Basée à Saint-Hilaire-la-Gravelle, dans le Loir-et-Cher, la société Triangle Energie est une filiale du groupe Le Triangle, créé par un ancien agriculteur, Gilles Deshayes. La charpente métallique est le cœur de métier de cette entreprise depuis 30 ans. Elle conçoit et construit des bâtiments en structure métallique, les monte et, depuis 10 ans, installe aussi des centrales photovoltaïques. Elle est d'ailleurs la seule entreprise, en France, à développer cette double activité à destination du monde agricole. La majorité de son activité de fabrication est réalisée dans ses 50 000 m² d'ateliers de production. Les panneaux solaires, eux, sont chinois. « Ils sont de plus en plus performants et petits », souligne Laurence Gérard, du service communication de cette entreprise.
Triangle Energie propose aussi des « bâtiments d'hébergement », avec un investisseur extérieur. Dans ce cas, l'agriculteur a l'usage du bâtiment avec un bail de 30 ans. Au bout de ce temps, le bâtiment lui appartient.