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Cynégétique

« Nous voulons des chasseurs exemplaires »

L'ouverture générale de la saison de chasse 2023-2024 a lieu ce dimanche 10 septembre. Le point avec Rémi Gandy, président de la Fédération départementale des chasseurs de la Drôme qui regroupe près de 10 000 adhérents.

« Nous voulons des chasseurs exemplaires »
Selon Rémi Gandy, président de la Fédération des chasseurs de la Drôme, la situation en matière de dégâts de sangliers aux cultures semble « mieux maitrisée ». Mais il reste prudent pour les mois à venir. ©AD26

Comment se présente la nouvelle saison de chasse ? Avez-vous des priorités ?

Rémi Gandy : « Pour cette nouvelle saison de chasse, la sécurité maximale reste une priorité. La saison précédente s'est bien déroulée en Drôme. Je note qu'en France, le nombre des accidents et des incidents a baissé (lire ci-dessous). En 2023-2024, nous allons poursuivre l'étude fine des paramètres de chasses collectives, via les carnets de battues, entre autres. Déjà, sur la précédente saison, nous constatons que les battues sont organisées en moyenne sur trois jours par semaine avec, notamment, le jeudi comme jour constant. Très peu de battues ont lieu le mercredi. La durée de chasse est d'environ 2 à 2,5 heures. Nous voulons ainsi rassurer la population en affichant des réalités locales. Dans tous les endroits où il y a beaucoup de promeneurs le dimanche, nos chasseurs, avec leur municipalité respective, mettent en place des stratégies d'évitement. Nous voulons des chasseurs exemplaires qui communiquent toujours davantage avec les structures locales et les habitants. Par exemple à Marsanne, poumon vert de Montélimar, une zone A est chassée la première semaine du mois, une zone B la deuxième. Ainsi, pour ceux qui auraient trop peur des chasseurs, ils peuvent choisir sur ce territoire d'aller en zone non chassée. »

Qu'en est-il du gibier et notamment du sanglier ?

R.G. : « Avec 9 087 sangliers prélevés en 2022-2023, le tableau de chasse est historiquement bas. Ceci peut s'expliquer par la pénurie d'aliments liée à une mauvaise fructification ainsi que par les perturbations créées par la présence des loups. L'indemnisation des dégâts aux cultures, de l'ordre de 150 000 euros, a également baissé l'an dernier. La situation semble donc mieux maitrisée. Cependant, nous observons une forte remontée de dossiers (+ 50%) en juillet et août derniers. Tous ne seront pas forcément validés. Ceci étant, nous sommes très vigilants. Dans le cadre des groupements de gestion cynégétique, nous allons observer finement la situation par micro-région. Par ailleurs, nous investissons 50 000 euros en matériels de protection des cultures.

Plus globalement, en fin d'année, avec la clôture du plan de chasse triennal, nous pourrons faire un bilan précis. D'ores et déjà, le tableau de chasse baisse en chevreuils et chamois, il est conforme pour les cerfs. Sur le petit gibier, notre plan de gestion est opérationnel avec une bonne présence du lièvre mais une quasi-inexistence du lapin de garenne. Quant aux oiseaux reproducteurs (perdrix rouges, faisans, colverts), la situation est beaucoup plus contrastée du fait, notamment, d'orages très violents qui ont mis à mal la reproduction.

J'ajoute que pour la prochaine saison de chasse, nous avons dix tétras-lyres chassables. Par principe de précaution, nous n'en chasserons qu'un seul. »

Allez-vous poursuivre vos actions de soutien à l'agriculture et à d'autres structures ?

R.G. : « L'action sur les haies et celle sur les Cipan* biodiversité marchent bien, elles vont donc se poursuivre avec les agriculteurs volontaires. Les résultats obtenus sont bons et pas uniquement pour le gibier. Nous allons aussi lancer l'action “J’aime la nature propre”, opération nationale initiée par la Fédération nationale des chasseurs. L’objectif est de mettre en place des collectes de déchets. Nous envisageons de fédérer des actions autour du Rhône et des rivières. Quant aux opérations de solidarité destinées à offrir du gibier, celles avec les Restos du cœur vont se poursuivre et j'espère s'amplifier au regard des besoins exprimés par cette structure. De même avec la Banque alimentaire en lien avec l'Interprochasse et diverses autres actions locales menées avec des municipalités. »

Propos recueillis par Christophe Ledoux

* Cipan : culture intermédiaire piège à nitrates.

Population de loups : « L’État doit préciser le ou les paramètres de stabilisation »

Après l'annonce début juillet d'une baisse du nombre de loups en France, la Fédération des chasseurs de la Drôme a suspendu sa participation au réseau loup-lynx. Pour l'heure, pas question de revenir sur cette décision. « Nous considérons que les méthodes de dénombrement ne sont plus efficaces compte tenu de la hausse du nombre de loups, indique Rémi Gandy. Dans la Drôme, avec l'OFB* et tous les acteurs concernés, nous étions d'accord pour estimer, avant reproduction fin 2022, la présence de 31 meutes et 250 loups. Entendre que le nombre de loups baisse en France montre qu'il y a un problème dans l'estimation. Notre fédération s'est beaucoup investi sur le loup. On n'y a rien gagné sinon d'être vilipendés par des pro-loups. Notre suspension de participation au réseau loup-lynx reste donc d'actualité tant qu'il n'y aura pas d'évolution sur la méthodologie du comptage. L’État doit préciser le ou les paramètres de stabilisation de la population de loups. Au début, le seuil de viabilité était fixé à 170 loups ; puis il est passé à 500. Aujourd'hui, on a largement dépassé les 500 loups et le taux de prélèvement demeure à 19 % ! De plus, le prédateur poursuit son expansion et s'attaque désormais à des bovins à haute valeur génétique. On ne voudrait pas que le loup soit cantonné dans l'arc alpin sous prétexte de l'exclure de zones à plus forte valeur ajoutée. »

C. L.

* OFB : Office français de la biodiversité.

Chasse : moins d’accidents pendant la saison 2022-2023

Dans un récent communiqué, l’Office français de la biodiversité (OFB) a divulgué les derniers chiffres de l’accidentologie à la chasse pour la saison 2022-2023. L’établissement public constate une baisse généralisée des incidents de chasse. Ils se soldent toutefois par six accidents mortels (contre 8 en 2021-2022) « Les six victimes étaient des chasseurs », précise le communiqué. Pas moins de 78 accidents, c’est-à-dire « toute blessure corporelle survenue par arme à feu dans le cadre d’une action de chasse » sont à déplorer. Ils étaient 90 la saison précédente. Enfin, le nombre d’incidents (« une situation relevée susceptible d’avoir mis en danger les personnes ou les biens »*), régresse lui aussi, passant de 104 (2021-2022) à 84 (2022-2023). « Ces chiffres s’inscrivent dans la tendance des vingt dernières années, qui se caractérisent par une baisse de 80 % des accidents mortels et de 62 % des accidents », souligne l’OFB qui observe aussi dans le même temps, « une augmentation très forte des prélèvements de grand gibier ». Ce sont en effet, plus de 1 500 000 animaux qui ont été prélevés, dont 800 000 sangliers, soit une augmentation de plus de 50 % en vingt ans. C’est d’ailleurs ce mode de chasse qui est le plus accidentogène.