Accès au contenu
Frelon asiatique

La lutte contre l’envahisseur : un problème de sécurité publique

Dans plusieurs départements de la région, les destructions de nid de frelons asiatiques sont de plus en plus nombreuses. 

La lutte contre l’envahisseur : un problème de sécurité publique
En Auvergne-Rhône-Alpes, le frelon asiatique a été observé pour la première fois en 2011 en Ardèche et dans l’Allier. Depuis 2020, la totalité des départements est touchée. ©Flickr Pittou2

L’heure est grave. La collectivité apicole est mobilisée. Il n’y avait qu’à observer l’affluence qu’a connue l’assemblée générale de la section apicole du Groupement de défense sanitaire de l’Isère (GDSA 38) ce début d’année. Il faut dire que le thème principal retenu était celui de la lutte contre le frelon asiatique. Un sujet fédérateur. 

Explosion

2 600 apiculteurs adhèrent à cette section. Amateurs mais passionnés par leur activité. Et aujourd’hui, la plupart d’entre eux constatent la présence de frelons asiatiques près de leurs ruchers. « 2022 a franchi un seuil explosif », indique Erik Burdet, membre du GDSA. « 900 nids environ ont été détruits et 419 signalés après la période de destruction », indique Adeline Moyne-Picard, animatrice de la section apicole au sein du GDS Isère. Au niveau régional, 3 625 nids ont été comptabilisés, 2 713 détruits. Près d’un tiers serait donc situé en Isère. En réalité, la sensibilisation des collectivités, de la population, l’implication des mairies ou des intercommunalités sont fortes depuis quelques années dans ce département. Une plus grande vigilance entraîne forcément beaucoup de signalements. « Le taux d’erreur se situe autour de 15 % », tempère Adeline Moyne-Picard. Les signalements 
erronés peuvent provenir d’une confusion entre un nid de frelons européens et un nid de frelons asiatiques, assez ressemblant en début de saison. Mais si le premier enferme une population utile, le second abrite des colonies dangereuses. 

Grande agressivité

Le sujet n’est pas à prendre à la légère. Les frelons asiatiques sont très agressifs. Le simple fait de s’approcher trop près, ou pire de déranger le nid, par vibration ou choc direct – cela peut être le cas d’un enfant qui envoie une balle sans l’avoir vu, d’un arboriculteur qui secoue un arbre au moment de la récolte ou bien d’un viticulteur qui fait trembler un fil de vignes à quelques mètres d’un nid – et plusieurs dizaines d’insectes au dard acéré attaquent. Ils poursuivent l’assaillant sur de longues distances et piquent sans dommage pour eux. « Le résultat est quasi systématiquement une évacuation aux urgences », indique Patrick Marcireau, référent frelon. Et même si les nids secondaires se situent assez souvent en hauteur, il en reste beaucoup à une distance faible du sol donc potentiellement à risque d’accident. La population entière est donc concernée que ce soit dans les territoires ruraux comme dans les secteurs urbains. 

Repérages précoces

« La destruction de nids secondaires (de seconde génération, NDLR) n’est plus suffisante, estime Erik Burdet. On en laisse toujours parce qu’on ne les détecte pas pendant la saison, mais seulement à la fin de l’automne au moment de la chute des feuilles. » La dissémination des futures reproductrices est déjà réalisée à ce moment-là. Il peut y en avoir plusieurs dizaines par nid non détruit. « On sait que l’on n’arrivera plus à éradiquer cet envahisseur, mais il faut que la pression diminue. Un Plan national de piégeage est donc élaboré pour stopper son développement. » L’idée est de repérer systématiquement tous les nids primaires, ceux où la gyne (la femelle reproductrice) est seule ou entourée d’une petite colonie. Cette période se situe entre le mois de février et le mois de mai environ, selon les conditions météorologiques. Cette période constitue le talon d’Achille de l’espèce car si on détruit le nid primaire avec  la gyne dedans, on éradique l’éclosion de plusieurs milliers d’insectes au cours de la saison et on évite la dispersion ensuite de nouvelles reproductrices un an après. « Une étude de l’Itsap* révèle qu’une destruction des nids primaires ciblée dans le temps et renouvelée chaque année (pendant au moins cinq ans) permet de faire refluer la véritable déflagration que l’on peut constater si l’on ne fait rien. »

Appel à mobilisation

Un appel est donc fait à l’ensemble des apiculteurs concernés par la présence du frelon asiatique. « Tous les ruchers touchés par plusieurs attaques en 2022 doivent se signaler et participer à la lutte », lance Erik Burdet. L’action doit être concertée entre 
apiculteurs locaux. Elle consiste à poser au moins une dizaine de pièges dans un rayon de 500 mètres autour de chaque rucher pendant la période de nids primaires. « Il faut une température 
durant quelques jours atteignant 12 à 15 °C pendant la journée. Il faut aussi quelques arbustes en fleurs. Cela ne sert à rien de piéger trop tôt ». Les pièges doivent être disposés entre 50 cm de haut et 1,80 m et de préférence être accompagnés d’un écriteau expliquant qu’une lutte est en place. Le piégeage cherche à attraper la gyne qui dans cette phase sort beaucoup pour aller chercher du sucre et fonder sa colonie. Si elle est piégée, le cycle est interrompu. Si on repère des nids, les détruire immédiatement stoppe aussi le phénomène. « Au début, ces nids sont relativement accessibles et petits. Ils peuvent être confondus avec des nids de guêpes. On peut les enfermer dans des bocaux en verre si on est certain que la fondatrice est dedans. S’ils sont plus gros, il vaut mieux les signaler. »

Jean-Marc Emprin

* L’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation a pour objectif de concourir au développement de l’apiculture à travers l’expérimentation, la recherche appliquée, l’assistance technico-économique, l’animation et la formation.

Vieille reine (en haut), ouvrière (en bas).©Q. Rome/MNHN

Carte d’identité du frelon asiatique 

• Taille : ouvières : 17 à 23 mm.
   Reine : 3,2 cm maximum.
• Abdomnen : majoritairement noir avec une large bande orangée.
• Thorax : noir.
• Tête : noire avec visage orangé.
• Pattes :     extrémités jaunes.
Source : frelonsasiatiques.fr

Comment identifier  un frelon asiatique

Comment identifier  un frelon asiatique
Si le nid du frelon asiatique est sphérique quand il est abrité, il peut devenir ovalaire et atteindre jusqu’à 1 m de haut et 80 cm de diamètre quand il est fixé à plus de 15 m de haut dans un grand arbre. ©Flickr Pittou2

Un moyen de distinguer facilement le frelon asiatique du frelon européen est sa couleur. Le frelon asiatique est en effet plus foncé que le frelon européen. À distance, il apparaît globalement comme étant brun noir tandis que le frelon européen est beaucoup plus jaune. 
Un nid volumineux
« Comme le frelon d’Europe, Vespa velutina construit un volumineux nid de fibres de bois mâchées formant un papier grossier », indique le site 
internet frelonasiatique.mnhn.fr. Il est constitué de « plusieurs galettes d’alvéoles entourées d’une enveloppe faite de larges écailles de papier, striées de beige et de brun ». La sortie est petite et latérale quand elle est large et à la base chez le frelon d’Europe. Le nid primaire est généralement construit dans un endroit abrité (ruche vide, cabanon, trou de mur, bord de toit, roncier…), « mais, comme chez le frelon d’Europe, si l’environnement devient défavorable ou l’emplacement trop étroit pour la colonie en croissance, celle-ci se délocalise dans un nouveau nid dès que les ouvrières l’ont construit dans un endroit plus favorable (en général au cours du mois d’août) », précise le site internet du Muséum national d’histoire naturelle.

Source : Rome, Q., Villemant, C. Le Frelon asiatique Vespa velutina - Inventaire national du Patrimoine naturel. In: Muséum national d’Histoire naturelle [Ed]. Site Web. http://frelonasiatique.mnhn.fr consulté le 13 février 2023.