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TRANSPORT

Circuits courts : du Beaujolais jusqu’à Lyon par voie fluviale

En mai dernier, l’expérimentation La Beaujo’Lyon a permis d’acheminer plusieurs produits du Beaujolais depuis le port de Villefranche-sur-Saône jusqu’à Lyon, en naviguant sur la Saône. L’occasion de prouver que le transport bas carbone et l’approvisionnement en circuits courts sont compatibles.

Circuits courts : du Beaujolais jusqu’à Lyon par voie fluviale

Une drôle d’agitation était palpable, le 18 mai dernier, aux abords du quai Arloing, dans le 9e arrondissement de Lyon (Rhône). Sur la Saône, le bateau Le Tourville, parti du port de Villefranche-sur-Saône (Rhône) au petit matin, attend sagement de continuer sa route. « Nous avons mis trois heures pour rejoindre le quai », explique Florent Dupré, dans un élan de soulagement. Il faut dire que cette expérimentation de logistique urbaine bas carbone trottait dans la tête du directeur du port de commerce de Villefranche-sur-Saône depuis un moment.

Une logistique urbaine bas carbone

L’embarcation peut contenir jusqu’à 800 t de marchandises. Mais pour cette expérimentation, la péniche a voyagé avec 30 kg de fromages, 342 bouteilles de vins du Beaujolais et 50 t de produits du BTP. Un joli stock qui a été déchargé à l’aide d’une grue quai Fulchiron, puis dans le sud de Lyon, à proximité du quartier de Gerland. « L’objectif n’était pas d’optimiser le bateau, ni de le rentabiliser, mais d’expérimenter et de montrer que c’est possible », insiste Florent Dupré. Pour le dernier kilomètre, pas question d’utiliser la voiture. Des coursiers en vélo-cargo ou en véhicule léger électrique ont pris le relai. Direction : les cavistes, bistrots beaujolais et autres commerces alimentaires du centre-ville (lire ci-dessous).

Décongestionner la ville

Outre l’acheminement de produits locaux au cœur de la Métropole, l’objectif de cette opération était avant tout de décongestionner la ville. Le Tourville peut remplacer 28 camions, qui empruntent habituellement l’A6 et peuvent occasionner de nombreux bouchons. « Nous disposons de quais à Lyon qui sont sous-utilisés pour cette fonction de logistique urbaine », déclare avec conviction Florent Dupré. Reste à convaincre les acteurs locaux et les entreprises d’investir dans cette démarche plus écoresponsable. Une chose reste néanmoins certaine. Avec La Beaujo’Lyon, l’expression de Léon Daudet, affirmant que le vignoble du Beaujolais est le troisième fleuve de Lyon, n’a jamais été aussi proche de la réalité.

Léa Rochon

Du vin et des fromages jusqu’aux commerces lyonnais

Du vin et des fromages jusqu’aux commerces lyonnais
Le petit bouchon Chez Georges, situé sur la presqu’île de Lyon, a choisi de faire acheminer 72 bouteilles de vins du Beaujolais via la péniche.

Parmi les nombreux commerces livrés en produits du Beaujolais figure le petit bouchon Chez Georges, situé au cœur de la presqu’île lyonnaise. Nicolas Framinet et son associé Romain Camous sont de véritables fans des vins du Beaujolais. « Cela fait quinze ans que nous faisons partie du réseau des Bistrots beaujolais. C’est ma région de prédilection. Avec les coteaux-du-lyonnais, ces vins sont tout à fait légitimes à être sur les tables », s’enthousiasme Nicolas Framinet. Le restaurateur a profité de l’expérimentation pour acheminer 72 bouteilles du vignoble. Côte-de-brouilly, fleurie, beaujolais blanc et morgon sont donc arrivés devant son enseigne, par vélo électrique. « Nous fonctionnons déjà avec une maison qui distribue des vins en Rhône-Alpes et nous livre une fois par semaine avec un catalogue d’une centaine de domaines. » Selon lui, être livré une fois par semaine est une réelle solution au manque de place pour stocker ses bouteilles. « Nous sommes tous en centre-ville… Les mètres carrés, nous les comptons ! »

Faire face à la rareté et au prix des carburants

La taille des commandes et leur acheminement, c’est aussi un enjeu pour Alexandra Heim Carrie, l’agricultrice et éleveuse de la ferme du Botton, qui fournit l’épicerie et cantine solidaire Epi c’est bon, à Lyon. « Sur le moyen et long terme, comment faire face à la rareté et au prix des carburants ? Je livre déjà dans le Beaujolais. Sauf que demain, ce fonctionnement sera remis en question et mes clients en vente directe font aussi des kilomètres pour venir jusqu’à la ferme. S’ils ne peuvent plus venir chez moi, comment vais-je faire pour écouler ma production ? Je dois donc être en veille sur d’autres modes d’acheminement. » Si l’agricultrice ne compte pas se déplacer jusqu’à Lyon pour livrer ses produits, la voie fluviale pourrait être une solution. Mais pour quelles quantités et à quel coût ? À cette question, Alexandra Heim Carrie n’a pas encore la réponse. S’organiser entre producteurs du Haut-Beaujolais lui paraît néanmoins indispensable. 
L. R.