La famille Roche fabrique des remorques depuis 75 ans

Charron à Aubenasson, Léon Roche décide de transférer son activité dans deux petits ateliers au sein du village d'Aouste-sur-Sye le 8 mai 1945 (jour de la fin de la seconde guerre mondiale en Europe). A l'époque, il fabrique et répare des roues en bois, tombereaux et petites remorques à usage agricole (en bois aussi). En 1948, il recentre son activité sur des remorques céréalières et fourragères en acier. Dans un premier temps, il participe à des petites foires et vend localement. En 1955, il se diversifie en fabriquant des épandeurs à fumier. Et son activité s'accroît, grâce notamment à sa présence à toutes les foires régionales, si bien que la place manque dans les ateliers. Alors, en 1962, il acquiert un terrain de 4 000 m² toujours à Aouste, au bord de la route menant à Crest (emplacement actuel) et fait construire un bâtiment de 300 m².

Léon, Maurice, Jacques et Jean-Paul 

Au début, Léon Roche travaille seul, avant d'être rejoint par ses fils : d'abord Maurice (l'aîné) en 1964, puis Jacques en 1967 et, enfin, Jean-Paul en 1972. Auparavant, tous trois passaient leurs vacances scolaires dans l'atelier. « Cela nous plaisait », se souviennent Maurice et Jacques.
Ainsi renforcée, l'entreprise poursuit son ascension et muscle sa politique commerciale en participant à des foires plus importantes et des salons professionnels nationaux. « C'est le Sima à Paris qui nous a ouvert le plus de frontières, précise Maurice et Jacques : il nous a donné l'opportunité de vendre dans d'autres régions de la métropole, les Dom-Tom et d'autres pays. » Toutefois, ayant suffisamment de commandes, l'entreprise a abandonné ce salon international du machinisme agricole voici une douzaine d'année. Et à présent, le site internet (en français et en anglais) est un autre moyen, pour cette entreprise, « d'ouvrir des portes ».
En 1977, est constituée la SARL Roche père et fils qui, son activité se développant encore, agrandit son atelier de 1 100 m² en 1984 et modernise son outil de travail.

Du sur-mesure et des premières

« Notre point fort, c'est le sur-mesure, font remarquer Maurice et Jacques. Proposer aux clients du "cousu main" nous a permis d'adapter du matériel pour l'arboriculture, le maraîchage, la viticulture, les zones de montagne. Par exemple un transporteur sur lequel s'adaptent différents matériels pour les zones de montagne, un basculeur "tribenne" (qui bascule à gauche, à droite et à l'arrière). Mais, pour nous, la plus belle adaptation est la table d'épandage pour compost que nous avons conçue dans les années 1980. Nous l'avons adaptée à différentes cultures (maraîchage, noyers, noisetiers...). On a fabriqué le plus petit épandeur (70 cm de caisse et 90 cm hors tout) pour des vignes dans le Beaujolais. On a inventé des épandeurs à fientes (il y a une trentaine d'années), puis à grignons d'olive, à déchets de fruits. On a sorti un épandeur à compost porté pour le maraîchage sur planches avec dérouleur de film plastique. Et des remorques fruitières à plateau, classiques ou hydrauliques à hauteur variable avec correcteur de dévers, des chargeuses de palox. Nous avons été les premiers à concevoir une remorque à suspension pneumatique et hydraulique pour les fruits fragiles, qui a d'ailleurs été copiée par d'autres constructeurs. En remorques fruitières hydrauliques, nous avons même été trop en avance : nous avons vendu la première en Suisse et il s'est passé plusieurs années avant que des arboriculteurs français en achètent. On a vendu des remorques pour le transport de cannes à sucre à la Réunion. On a inventé une remorque pour le transport de tuyaux d'irrigation, que nous a même acheté l'hippodrome de Toulouse pour déplacer ses barres d'obstacles... » Maurice et Jacques ajoutent : « Pendant près de 50 ans, nous avons eu le plaisir d'avoir créé des matériels répondant à des besoins de la clientèle ».

Valérie et Frédéric, la troisième génération

Aujourd'hui, deux petits-enfants de Léon dirigent les Etablissements Roche père et fils : Frédéric (fils de Jacques), entré dans l'entreprise en 1997, titulaire d'un BTS MAI (mécanique et automatismes industriels) et Valérie (fille de Maurice) arrivée en 2001, titulaire d'un BTS assistante de gestion PME-PMI. Auparavant, « tous les deux, nous avons passé un mois en été dans l'atelier, plusieurs années consécutives », indique la jeune femme. Aujourd'hui, le travail de Valérie est plus axé sur l'administratif, celui de Frédéric sur la fabrication. Tous deux assurent aussi la commercialisation et continuent à inventer, concevoir de nouveaux matériels.
Cette année, pendant le confinement Covid, l'entreprise a reçu quelques appels téléphoniques et continué à fabriquer. Et, depuis le 11 mai, les commandes affluent. Valérie confie encore : « Pour nos anciens comme pour Frédéric et moi, c'est une fierté de pouvoir continuer ce que papi a mis en place. Nous sommes toujours à l'écoute des demandes de nos clients en termes d'options particulières et de possibilités d'amélioration de nos produits ».

Annie Laurie

Roche père et fils aujourd'hui