« Les haies sont des alliées de l’agriculture »
Les haies et leurs atouts en agriculture ont été au centre d’une journée technique organisée fin novembre au lycée Terre d’horizon, à Romans-sur-Isère.

Implanter une haie près d’une culture, ça ne s’improvise pas. « Cela nécessite une triple compétence : agricole, forestière et environnementale », a fait remarquer Sylvie Monier, directrice de Mission Haies Auvergne-Rhône-Alpes. Face aux agriculteurs et étudiants présents le 25 novembre à la journée technique « d’haies demain, aménageons le paysage pour encourager transition agroécologique et biodiversité », elle a donné quelques conseils de base. « Une haie doit être assez large (2 mètres), multi-stratifiée et diversifiée avec une quinzaine d’essences locales. Beaucoup de choses sont testées mais aujourd’hui il n’y a pas de doctrine si ce n’est que la diversité génétique est importante. »
Le recours à des essences locales sauvages est à privilégier. Sylvie Monier déconseille les arbres issus de clones ou de boutures. « Il faut partir de graines en allant chercher du costaud, sur des arbres très exposés supportant des amplitudes de moins 20 à plus 50°C, insiste-t-elle. Il faut donc observer son environnement pour chercher la résilience. » Elle préconise la marque « Végétal local », outil de traçabilité des végétaux sauvages et locaux, propriété de l’Office français de la biodiversité (OFB). La notion de « local » comprend onze grandes régions écologiques (différentes des régions administratives).
Remettre l’arbre dans les systèmes de production
En Drôme, arboriculteurs et viticulteurs sont « très en avance » dans l’implantation des haies. « Ces deux professions ont envie de travailler avec l’arbre », constate Sylvie Monier, qui rappelle les multiples rôles d’une haie, « agronomique, zootechnique et économique ». Les haies servent ainsi de brise-vent, d’ombrage, de lutte contre l’érosion des sols… Elles accueillent une biodiversité qui contribue à lutter contre certains ravageurs des cultures. Elles protègent les animaux d’élevage d’un excès de chaleur, servent de cachette aux volailles pour échapper aux buses, fournissent des litières… Elles sont aussi sources de bois énergie. Les « haies antidérives », à feuillage persistant, peuvent s’avérer une solution vertueuse pour gérer la proximité avec les riverains des parcelles agricoles.
« Le remembrement avait chassé l’arbre, rappelle Sylvie Monier. Aujourd’hui, il faut le remettre dans les systèmes de production car les haies sont des alliées de l’agriculture. »
Christophe Ledoux
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