Un millésime 2021 fortement marqué par le gel
Après un tour d’horizon en Drôme dans nos deux précédentes éditions (Diois, Nyonsais, Côtes-du-Rhône et vins IGP), voici un aperçu de la situation à l’échelle régionale. (VITICULTURE : Un millésime qui va coûter cher à produire...) VENDANGES EN DRÔME : Bientôt l’heure du verdict suite aux aléas climatiques

Ardèche : la plus petite récolte en 20 ans
2021 n’aura pas laissé de répit aux vignerons ardéchois. « Le 8 avril, on a subi une nuit de gel comme on n’a jamais vu. On parlait à l’époque d’une potentielle demi-récolte, on se rend compte qu’on n’en est pas loin. Le chardonnay, le viognier, le sauvignon et la grenache ont été particulièrement touchés », résume Philippe Dry, directeur de l’union commerciale Vignerons Ardéchois. Le 22 juin, du côté de Valvignères dans la partie sud du vignoble, un orage de grêle a ravagé près de 200 ha de vignes. « L’été a été chaotique, il y a eu beaucoup de pluie ce qui a amené de l’oïdium et du mildiou », constate le directeur des Vignerons Ardéchois. « Ça a demandé un suivi précis de l’avancée des maladies et des traitements ciblés mais il n’y pas eu de gros incidents de parcours ». Les premiers coups de sécateurs ont été donnés le 30 août, notamment pour le chardonnay destiné aux effervescents, tandis que l’essentiel du vignoble ardéchois devrait vendanger cette semaine.
Côtes-du-Rhône septentrionales : un gel historique
Dans le nord de l’AOC côtes-du-Rhône « nous avons vécu un gel historique. Ça faisait un siècle que l’on n’avait pas connu cela », constate Nina Chignac, conseillère viticole à la chambre d’agricole du Rhône. « Aujourd’hui la vigne est très saine coté oïdium et mildiou mais on constate des premiers symptômes de pourriture botrytis sur les deux vignobles ». Le millésime 2021 devrait être amputé d’environ 30 % en termes de quantité, mais la qualité des raisins devrait être bonne si la météo se maintient.
Bugey : un état sanitaire compliqué
« 2021 est une mauvaise et pénible année, il faut vite qu’elle se termine, nous avons essuyé tous les inconvénients du métier ». Julien Hubail, technicien viticole et conseiller au syndicat des vins de Bugey, dresse un bilan amer de l’année écoulée. Le gel d’avril n’a pas été tendre avec les vignes : 40 à 50 % de perte de récoltes en moyenne sur l’AOC, 100 % pour certaines parcelles, notamment en chardonnay. « Nous avons aussi fait face à un épisode de grêle localisé, qui a notamment frappé les zones qui avaient été le moins touchées par le gel ». Fin juillet, de fortes pluies ont arrosé le vignoble. « Il est tombé l’équivalent du cumul de l’année, le mildiou a complètement ravagé certaines parcelles. On devrait vendanger entre 20 et 30 % d’une récolte normale ».
Roannais Forez : de fortes disparités
Dans la Loire, les dégâts sont inégaux : du côté de l’AOC côte de Forez, on table sur une demi-récolte. Sur la côte Roannaise, le bilan est plus lourd : entre 60 à 70 % de pertes. « 2021 aura été une année longue, qui a mis à mal les nerfs des vignerons. Elle a mal commencé avec le gel, il a fallu effectuer une surveillance constante des vignes du fait de la météo et d’un développement végétatif long », résume Anne-Catherine Léger, conseillère viticulture à la chambre d’agriculture de la Loire. Les vendanges devraient débuter autour du 24 septembre pour la côte Roannaise. Loïc Chèze, président de la cave coopérative des vignerons du Forez, prévoit un début de vendanges durant la première semaine d’octobre. « Difficile d’évaluer la qualité de ce millésime. Si dans les secteurs qui n’ont pas gelés la maturité est régulière, les autres se retrouvent avec des raisins de plusieurs générations ».
Jura : du jamais vu de mémoire de vigneron
Pour Jean-Charles Tissot, président du comité interprofessionnel des vins du Jura, 2021 a été une année inédite dans l’histoire du vignoble « Quand on interroge les anciens, personne ne se souvient d’une année aussi catastrophique, qui cumule, gel, grêle, pluie et attaques de mildiou », constate-t-il. Le gel a sévèrement impacté le Sud du vignoble. Au Nord, la pluie a dégradé la situation sanitaire des vignes. « Il y a eu quelques attaques d’oïdium très localisées, mais le mildiou a touché tout le monde ».
Des épisodes de grêles ont eu lieu en juin, touchant particulièrement l’Arbois avec 40 à 50 % de parcelles touchées et des dégâts allant de 10 à 80 %. Les vendanges devraient commencer autour du 13 septembre, un peu plus tôt dans le sud Revermont. La récolte devrait représenter entre 20 000 et 24 000 hl, contre entre 60 000 à 80 000 hl en temps normal.
Savoies : des vignerons dans l’attente
Les vignerons savoyards sont aux aguets. « À cette période en 2020, nous étions déjà en pleines vendanges. Là, tout le monde surveille les maturités, en priant pour que la météo se maintienne », constate Alexis Martinod, directeur du syndicat des Vins de Savoie. Le gel d’avril a fortement impacté les vignobles de coteaux et les cépages précoces. La jacquère, cépage blanc le plus planté de Savoie, a quant à lui plutôt bien résisté.
Le vignoble savoyard a aussi fait face à des épisodes de grêle couplés à de fortes précipitations estivales qui ont favorisé l’apparition du mildiou. « La très bonne nouvelle c’est que depuis deux semaines il fait beau et il y a de l’air. On fait face à de grosses amplitudes thermiques qui ont bien assaini les vignes, mais la véraison est encore en cours. La récolte sera plus faible que nos 115 000 hl habituels, autour de 100 000 hl voire moins, mais les raisins épargnés sont juteux, il devrait y avoir du rendement et une belle qualité ».
Zoé Besle
Saône-et-Loire : un millésime compliqué
En Saône-et-Loire, « les vendanges devraient démarrer entre le 15 et le 20 septembre sur la côte chalonnaise. Ce sera sans doute plus tardif dans le Mâconnais Sud », affirme Mathieu Oudot, conseiller viticole à la chambre d’agriculture. Les pertes de récolte s’élèvent à 60 % en moyenne, mais peuvent monter jusqu’à 90 % sur la côte chalonnaise, particulièrement touchée par le gel. « À partir de la fleur, il y a eu de fortes pressions de mildiou. L’oïdium est sorti en août, quand la véraison approchait. Ça a été une explosion tardive et virulente, qui s’est poursuivie jusqu’à la mi-août, même sur des parcelles bien avancées ». En Beaujolais, le gel et la grêle – qui a particulièrement touchée la vallée de la Vauxonne - la quantité de raisin devrait être faible. « Surement la plus petite récolte des 50 dernières années avec une baisse de 30 à 50 % sur la moyenne des cinq dernières années » selon Daniel Bulliat, président d’Inter Beaujolais. La météo ensoleillée depuis le 15 août a permis le développement d’un bon potentiel acide et des potentiels hydrogène (pH) moyens permettant d’attendre une belle accumulation des sucres et polyphénols pour récolter.
L’Italie possède le plus grand vignoble bio du monde
Selon le ministère de l’Agriculture italien, l’Italie possèderait la plus grande superficie au monde en vignes bio. Le pays cultiverait ainsi 107 143 hectares (ha) en bio. Si les surfaces bio ont doublé dans le monde, elles ont augmenté de 109 % en Italie sur la période et représentent désormais 19 % du vignoble total. Le Nord compte maintenant 22,8 % des vignes italiennes en bio, le Sud 25,5 % et le Centre 22,5 %. Les îles sont comptabilisées à part en réunissent 29,2 %, surtout en Sicile et en Sardaigne. Il y a ainsi en Italie plus de 18 000 viticulteurs bio. Dans l’Union européenne, l’Italie est non seulement en tête pour la culture des vignes en mode bio mais aussi pour l’exportation des vins bio. Ses principaux débouchés sont l’Allemagne et la France.