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Lutte contre le gel

La tour 4 pales et le pellet de bois débarquent dans les vergers

Brice Morandi, directeur commercial de RN7 Agri Services à Erôme, livre son point de vue sur le marché des protections anti-gel. Il présente également deux nouveautés : la tour à vent 4 pales pour réduire le bruit et les chaufferettes à granulés de bois.

La tour 4 pales et le pellet de bois débarquent dans les vergers
Anais Montmagnon, commerciale et Brice Morandi, directeur commercial de RN7 Agri-Services autour d’une des chaufferettes à pellets.

L’entreprise RN7 Agri-Services, basée à Erôme, se définit comme « spécialiste des dispositifs de lutte antigel en arboriculture et viticulture ». « Nous intervenons à l’échelle européenne sur ces questions, en France, Belgique, Espagne... », explique son directeur commercial, Brice Morandi.

Un secteur dans lequel la demande est de plus en plus importante. D’autant que le gouvernement a rendu éligible certains matériels de protection contre le gel dans son plan de relance, « pour améliorer la résilience individuelle des exploitations agricoles face aux aléas climatique dont la fréquence augmente », dixit FranceAgriMer.

« Ce qui est sûr, c’est que les épisodes de gel sont de plus en plus nombreux, à la fois parce que le réchauffement des températures entraîne un démarrage trop précoce de la végétation, mais aussi parce que certains spécialistes estiment que le réchauffement des pôles modifie les vagues de froid ponctuelles et les fait descendre beaucoup plus au sud que ce que nous connaissions jusqu’à présent », indique Brice Morandi. C’est la fameuse théorie du « jet-stream », autour de laquelle certains chercheurs agroclimatologues et modélisateurs prévoient que, jusqu’en 2050, « les températures gélives tardives, de fin mars à mai, bien que moins basses qu’actuellement, seront encore suffisamment prononcées pour induire des dégâts sur les cultures ». Ceux-ci seront d’autant plus conséquents que les bourgeons auront débourré et que le feuillage se sera développé précocement.

Tours à vent et éoliennes majoritaires

Au premier rang des dispositifs les plus utilisés, selon le directeur commercial, la tour à vent fixe ou l’éolienne* mobile, l’une ou l’autre couplée à un système produisant de la chaleur au sol : chaufferettes, bougies ou autre forme de convecteur à air chaud.

« C’est le dispositif le plus classique en Drôme et en Ardèche, où ce sont essentiellement les vergers qui sont protégés. On voit encore très peu de vignobles qui s’équipent dans ces deux départements, contrairement à la région de Cognac, Bordeaux ou du Val-de-Loire où la protection concerne majoritairement la viticulture, souligne-t-il. Quelques vignerons indépendants, qui ne peuvent souffrir d’une perte de volumes, commencent aussi à s’équiper en sud-Ardèche », précise-t-il. Contrairement aux projets en Cuma qu’accompagne RN7 Agri-Services dans l’Ouest de la France, la demande en Drôme porte davantage sur des équipements individuels. Le choix du matériel se raisonne donc plutôt sur de petites surfaces. « Avec l’éolienne mobile, on peut envisager protéger jusqu’à 4 hectares de verger. Avec une tour fixe de 11 mètres de haut, on peut monter jusqu’à 7,5 ha, à condition que tous les paramètres aient été étudiés correctement avant l’implantation pour que la tour agisse au niveau de la couche d’inversion, c’est à dire qu’elle brasse l’air chaud qui se situe 10 à 15 mètres au-dessus du sol pour réchauffer l’air froid au sol », rappelle le spécialiste. Une protection efficace en cas de gel radiatif.

Réduire le bruit de moitié

Tour à vent 4 palesSi la tour est aujourd’hui le système de protection contre le gel le plus utilisé dans les vergers du département, elle reste aussi le plus bruyant. « Depuis cette année, nous commercialisons une machine à quatre pales conçue pour réduire le bruit. C’est un système que nous avons testé depuis trois ans avec son concepteur. Il permet de diviser par deux l’impact sonore », affirme Brice Morandi, qui ajoute : « Nous en avons déjà installé 14 en France, dont 4 en Drôme et Ardèche ».

Autre point essentiel du dispositif : le système d’alerte. « Nous le conseillons systématiquement, parce qu’on sait que l’efficacité de la protection peut se jouer à vingt minutes près », indique le directeur commercial. Les tours « connectées » peuvent être déclenchées directement via un smartphone. Mieux encore, sous peu, RN7 Agri-Services devrait proposer un déclenchement automatique des tours en fonction des informations préprogrammées au niveau de la station météo qui enregistre les données au champ.

Chaufferette nouvelle génération 

Enfin, dernière nouveauté proposée par la société drômoise : la chaufferette à pellets (granulés de bois). Fabriquée en France, elle fait son apparition dans les vergers drômois et ardéchois cette saison. Testées depuis quelques années dans les vignobles champenois, ces chaufferettes entrent dans la logique de développement des bio-combustibles. « Environ 1 000 vont être installées d’ici mars dans les deux départements », annonce Brice Morandi, qui préconise 150 chaufferettes par hectare en verger (contre 200 en vigne). Leur déclenchement reste manuel mais une option pour réaliser un allumage en série de 50 chaufferettes pourrait être proposé.

A noter que ces matériels de protection contre le gel sont éligibles dans le cadre de la mesure 17 (aide aux investissements pour la protection contre les aléas climatiques) du plan de relance. Le taux d’aide est de 30 % du coût HT des investissements (plafonné à 40 000 € HT en individuel et 300 000 € HT pour les Cuma), majoré de 10 points pour les jeunes agriculteurs ou pour les investissements en Cuma.

S.Sabot

* Eolienne et tour à vent sont des systèmes motorisés.

Combien ça coûte ?

Pour protéger un hectare de verger, Brice Morandi estime qu’il faut compter en moyenne 900 euros/ha/an, sur la base d’un investissement amorti sur 10 ans et ceci avant déduction des aides. Ce montant prend en compte la tour, le système d’alerte et le système de chauffage. « Si l’investissement est réalisé collectivement, on peut encore réduire les coûts », précise le directeur commercial.

Quant aux chaufferettes à pellets, leur prix unitaire tourne autour de 240 euros HT, avec une durée de vie annoncée de 30 à 40 ans. « Hors subvention, il faut compter 3 à 5 ans pour être à un coût équivalent à celui des bougies en fonction du nombre de nuits de gel », avance Brice Morandi. Trois tonnes de pellets sont nécessaires pour protéger un hectare durant six heures.