CAPRIN
Cécile Contessi et Eric Barnier : passage de relais en janvier

À l’occasion de la journée du Criel caprin à Crest le 10 novembre, une visite était organisée sur la ferme de Saint-Alban à Aouste-sur-Sye. Eric Barnier, exploitant bientôt retraité, et Cécile Contessi, salariée et future installée, ont fait le point sur cette transmission.

Cécile Contessi et Eric Barnier : passage de relais en janvier
Depuis trois ans, Eric Barnier prépare avec Cécile Contessi la transmission de son exploitation. ©AD26-S.S.

Le 1er janvier prochain, Cécile Contessi succédera à Eric Barnier à la tête de la ferme de Saint-Alban à Aouste-sur-Sye. La jeune femme, âgée de 39 ans, reprend le troupeau de 280 chèvres de race Saanen qui affiche actuellement une production de 225 000 litres de lait en AOP Picodon, livrés à la fromagerie Eurial de Crest. Elle disposera d’une cinquantaine d’hectares de SAU, dont 26 de surfaces fourragères permanentes (luzerne, sainfoin, trèfle, ray-grass, méteil, prairie multi-espèces) et presque autant en grandes cultures (orge, maïs, tournesol et mélange avoine féverole orge). « 90 % de ces surfaces sont dédiées à l’alimentation du troupeau », précisent Cécile Contessi et Eric Barnier, avec l’objectif d’atteindre un maximum d’autonomie alimentaire. 20 ha de luzerne sur pied sont également achetés à des agriculteurs voisins.

Salariée durant trois ans

Depuis janvier 2020, Cécile Contessi est salariée de l’exploitation et responsable du troupeau. Titulaire d’un BTSA production animale, elle a auparavant travaillé durant dix ans pour le service de remplacement. « Une sacrée expérience », souligne-t-elle. Ces trois années de salariat aux côtés d’Eric Barnier l’ont aussi confortée dans son projet. De son côté l’éleveur avoue se préparer depuis une dizaine d’années à ce passage de relais. « Durant cette période, j’ai géré l’exploitation comme si j’avais encore vingt années devant moi. C’est essentiel si l’on veut transmettre, il faut poursuivre les investissements jusqu’au bout, confie-t-il. Cela fait plus de  trente ans que je travaille à développer cet outil de travail et ça me fait vraiment plaisir que cela puisse perdurer. »

À l’occasion de la journée « Des chèvres en pleine forme pour un lait de qualité », tous deux ont partagé leur approche technique du troupeau, les points forts et points faibles de l’exploitation et les perspectives de progrès.

Arrivée du loup

Sur la surface d’aire paillée par exemple, Eric Barnier reconnait que celle-ci est légèrement inférieure aux normes recommandées [dans l’idéal entre 1,7 et 2 m² / chèvre adulte]. « De mars à octobre, les chèvres ont accès en permanence au parc d’exercice. En temps normal, elles dorment dehors l’été mais cette année, la présence du loup nous a obligés à les rentrer tous les soirs », précise l’éleveur. Il reconnaît que lorsqu’il s’est lancé dans l’élevage caprin au début des années 1990, on lui a déconseillé de partir sur un système avec pâturage. « Aujourd’hui, si j’avais à choisir à nouveau, je ferais du pâturage, déclare-t-il. Nous récoltons plus de 300 tonnes de foin par an mais ce sont des heures de tracteur [un salarié occasionnel aide sur ces tâches et sur l’entretien du matériel, ndlr]. En revanche le pâturage nécessite aussi d’être suffisamment nombreux pour faire tourner les animaux sur les parcs et dans les sous-bois. » Sans oublier donc le risque de prédation qui rebat nécessairement les cartes pour les éleveurs.

Des objectifs de progrès

Cécile Contessi a également détaillé les choix d’alimentation du troupeau, en concertation avec la conseillère Adice. « Nous estimons l’état corporel des chèvres tous les 40 jours dès que nous avons les résultats de la pesée du contrôle laitier. Si besoin nous adaptons les rations », détaille la future exploitante. La reproduction est désaisonnée pour faire coïncider la production avec les besoins de la laiterie. Le troupeau est géré en cinq lots de 56 chèvres (nombre de places en salle de traite). 80 chevrettes sont élevées chaque année pour le renouvellement. 20 % de la reproduction du troupeau s’effectuent par IA, le reste par des boucs issus d’IA. « Nous en élevons une vingtaine par an dont une dizaine pour l’exploitation, le reste pour la vente », précise Cécile Contessi. En prévision de son installation, la jeune femme a travaillé avec les conseillers d’XR Repro sur les marges de progrès, notamment pour faire baisser les concentrations cellulaires, ou encore améliorer le taux de réussite des IA. Une nouvelle page s’écrit désormais à la ferme de Saint-Alban pour la plus grande satisfaction d’Éric Barnier.

Sophie Sabot