Au nord-ouest du Pays de Galles, se niche une richesse incontournable du pays : le parc régional Snowdonia. Deuxième plus grand parc de Grande-Bretagne, son environnement semi-montagneux et humide est un terrain idéal pour l’élevage bovin et la production du célèbre cheddar.
En 2001, la Snowdonia Cheese Company a démarré son activité avec une centaine de vaches, à quelques encablures du parc régional gallois éponyme. Elle vendait alors ses cheddars sur les marchés de producteurs. Au fil des années, la société s’est transformée en coopérative et a augmenté sa production laitière. « Le climat de la région de Snowdonia est particulier : il s’agit de petites montagnes de 1 000 mètres d’altitude entourées par la mer, explique Rebecca Atkinson, responsable commercial de la société. Les températures sont assez douces et humides, les vaches passent donc six mois au minimum dans les prés et sont nourries avec les foins de l’été en hiver. L’herbe, riche en sucres, aide à enrichir la matière grasse du lait, c’est ce que nos consommateurs perçoivent en premier, surtout quand nos cheddars sont longuement affinés. Ce climat est un réel atout pour la durabilité des élevages et des producteurs de fromages. »
Des cheddars affinés 100 mètres sous terre
Exit le cheddar au goût industriel. En matière d’affinage, la Snowdnia Cheese Company a su développer tout un savoir-faire. Les cheddars sont affinés entre 16 et 24 mois. La gamme vintage passe ses trois derniers mois d’affinage 100 mètres sous la montagne, dans une ancienne mine d’ardoise. Chaque fromage est ensuite enveloppé dans de la cire colorée, de façon à reconnaître les différentes gammes. Depuis une dizaine d’années, l’entreprise d’une centaine d’employés est devenue la première coopérative exportatrice de fromages du Royaume-Uni. La moitié de la production est destinée à l’export. Si leur premier marché mondial reste l’Australie, l’Europe n’est pas en reste. « En France, qui est notre premier pays d’exportation européen, 80 % de nos acheteurs sont des crémiers indépendants, les 10 % restants sont des grossistes, affirme la responsable. Comme la France est un grand producteur de fromages, les consommateurs savent reconnaître les bons produits et sont enclins à goûter nos produits. »
Depuis 2001, la Snowdonia Cheese Company s’est regroupée en coopérative et produit plusieurs types de cheddars, dont la moitié est commercialisée à l’export. ©LR_Apasec
Peu de conversions en agriculture biologique
Mais à la différence des terroirs français, la mention d’appellation d’origine protégée (AOP) accordée à des fromages
gallois est rare. Les conversions en agriculture biologique sont également bien moins importantes, puisque l’arrivée du Brexit a fortement limité la demande en produits bio. Selon Rebecca Atkinson, les consommateurs anglo-saxons préfèrent se tourner
avant tout vers des produits dits naturels, sans arômes chimiques ajoutés, ni conservateurs. De quoi expliquer leur engouement pour les cheddars à la truffe, à l’ail, au piment ou encore au whisky. Des produits qui ont fait de la Snowdonia Cheese
Company, une référence aux quatre coins du Royaume-Uni.
Léa Rochon
L’agriculture galloise en 2022
• 20 780 km2, c’est la superficie du pays de Galles
Le Pays de Galles est l’une des quatre nations qui constituent le Royaume-Uni avec l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande du Nord.
• 38 400 agriculteurs principaux
La définition des agriculteurs principaux inclut les partenaires commerciaux, les dirigeants d’entreprise, les conjoints des agriculteurs ou leurs associés. Cependant, tout conjoint doit entreprendre certains travaux agricoles pour être inclus. Au Pays de Galles, la majorité du travail quotidien à la ferme est effectuée par l’agriculteur et sa famille immédiate.
• 90 % de la superficie du territoire consacrée à l’agriculture
La majeure partie du Pays de Galles est vallonnée ou montagneuse et bénéficie d’une qualité de sol relativement médiocre et d’un climat humide. La majorité des terres est réservée au pâturage des moutons et des bovins.
• 9,4 millions de moutons et agneaux
Ce nombre a commencé à croître dans les années 1970, atteignant un sommet de 11,8 millions en 1999. Au cours des dix années suivantes, ce chiffre a connu une baisse progressive, reflétant des changements dans le fonctionnement de la politique agricole commune de l’Union européenne, lorsque les programmes basés sur le nombre de têtes de bétail élevées ont été progressivement supprimés. Depuis 2003, l’agneau gallois bénéficie du label européen d’indication géographique protégée (IGP).
• 1,13 million de bovins
Dans les hautes terres, il est courant d’élever les animaux seulement jusqu’à un certain âge, puis de les transférer dans une autre ferme où ils continueront à être élevés avant d’être envoyés à l’abattage. Ces fermes peuvent se trouver dans les basses terres galloises ou en Angleterre.
• 9,9 millions de volailles
La majorité d’entre elles étaient des poulets de table ou de chair (5,9 millions) et des poulets (3,4 millions) élevés pour les œufs.
• 26 900 porcs
Environ 90 % de ces animaux sont destinés à l’engraissement pour la production de viande, les 10 % restants sont utilisés pour la reproduction.
• 100 400 hectares de cultures arables
Cette superficie est en augmentation par rapport à 2021. Cette tendance s’explique notamment par l’augmentation des superficies céréalières cultivées (+ 13,6 % de la superficie cultivée en blé).
Léa Rochon
Sources : Résultats d’une enquête menée par le gouvernement gallois auprès d’agriculteurs et agricultrices en 2022.
Ces informations excluent l’utilisation de terres communes qui s’élèvent à quelque 180 000 hectares au Pays de Galles.
« Nous exportons de plus en plus de viande d’agneau »
Selon Jason Craig, consultant en commerce international pour l’organisme responsable du développement, de la promotion et de la commercialisation de la viande rouge galloise, l’agneau gallois est de plus en plus plébiscité en France, en Allemagne et en Belgique.
La France constitue-t-elle un marché d’export important pour l’agneau gallois ?
Jason Craig : « En 2022, la valeur totale des exportations d’agneaux gallois était de 171,5 millions de livres sterling. Les exportations vers les plus grands partenaires européens, que sont la France, l’Allemagne et la Belgique, ont toutes augmenté par rapport à 2021. Le marché français représente, à lui seul, une valeur estimée à 77 millions de livres sterling (soit plus de 88 millions d’euros, NDLR) pour les éleveurs de moutons gallois1. La France constitue donc un important marché à l’export. La situation financière au Royaume-Uni étant devenue plus compliquée ces dernières années, le marché domestique s’est automatiquement réduit2. C’est pourquoi le Pays de Galle exporte de plus en plus de viande d’agneau. »
À l’inverse, l’agneau français a-t-il la cote auprès des consommateurs gallois ?
J. G. : « Il n’y a pas autant d’agneaux français qui rentrent sur le marché britannique, car le prix et la qualité sont quasiment identiques. En 2021, le marché britannique a importé des ovins néo-zélandais (31 100 t), australiens (91 000 t), irlandais (2 400 t), néerlandais (1 000 t) et espagnols (600 kg). »
L’élevage gallois est-il également impacté par le changement climatique ?
J. G. : « Nous n’avons pas vu un changement aussi grand qu’en France, excepté lors de certaines périodes où les températures augmentent. À titre d’exemple, le Royal Welsch Show 2022, qui est le plus grand Salon agricole du Royaume-Uni, s’est déroulé en juillet, durant une vague de chaleur. Ces périodes peuvent durer une à deux semaines. Mais le thermomètre n’excède jamais 31 °C. »