Colza : se protéger des grosses altises adultes
Un colza à quatre feuilles avant le 20 septembre, tel est l’objectif à atteindre pour éviter les dégâts de grosses altises adultes. Toutefois, le manque d’anticipation dans les préparations du sol conjugué à des conditions sèches en août ne permettent pas toujours de l’atteindre. La lutte insecticide reste alors le dernier recours en cas d’attaque sévère. Le point avec Terres Inovia.

De la levée jusqu’au stade trois feuilles, le colza est particulièrement sensible aux dégâts de destruction foliaire, causés notamment par les adultes de grosses altises. À partir de quatre feuilles, la plante entre en croissance active. Ses besoins en somme de température diminuent pour l’émission de nouvelles feuilles. Par conséquent, son développement s’accélère et l’émission de nouvelles feuilles est plus rapide que la destruction causée par le coléoptère. Toute application non essentielle est à proscrire car elle va accentuer la pression de sélection de résistance de la grosse altise aux pyréthrinoïdes, dernière solution insecticide encore disponible et efficace. Toute application réalisée lorsque le seuil de nuisibilité n’est pas atteint ou lorsque le colza a atteint le stade quatre feuilles est considérée comme non essentielle. Jusqu’à trois feuilles, le seuil de nuisibilité est fixé à 25 % de surface foliaire détruite sur 80 % des plantes. Plus l’attaque a lieu précocement (cotylédon une feuille), plus il est important d’être réactif. Suite à sa non ré-homologation, le phosmet est retiré depuis le 1er mai et les applications prendront fin au 1er novembre 2022. Ce délai de grâce peut permettre l’utilisation de produits à base de cette matière active (Boravi WG) pour des applications de septembre à début octobre sur de grosses altises adultes. Sa disponibilité est actuellement très réduite. Ainsi, dès 2022, le recours aux solutions insecticides sur des adultes de grosses altises ne reposera que sur les solutions à base de pyréthrinoïdes.
L’efficacité des pyréthrinoïdes
En Rhône-Alpes, les pyréthrinoïdes conservent une certaine efficacité vis-à-vis des adultes de grosses altises. Les différents essais réalisés ces dernières années mettent en évidence des efficacités globalement satisfaisantes. Elles restent toutefois en retrait comparées aux efficacités obtenues avec le Boravi WG, du fait d’une moins bonne régularité. Néanmoins, en cas de fortes attaques, le recours aux pyréthrinoïdes permettra de sauver la culture.
Quelle pyréthrinoïde choisir ?
Parmi les différentes pyréthrinoïdes, on peut relever quelques différences d’efficacité à trois et sept jours après application. L’observation à trois jours permet de traduire « l’effet choc » des solutions. Les meilleures efficacités sont obtenues par les pyréthrinoïdes en « ine » telles que la lambda-cyhalothrine (Karaté Zeon) ou la deltaméthrine (Decis Protech), au même titre que l’étofenprox (Trebon). L’esfenvalérate (Mandarin) est quant à lui en retrait. À sept jours après l’application, les pyréthrinoïdes en « ine » restent globalement les plus pertinentes, tandis que l’étofenprox comme l’esfenvalérate présente un léger décrochage. Cette observation à sept jours traduit le compromis entre « effet choc » et persistance d’action. En conclusion, si l’usage d’une pyréthrinoïde permet en cas de nécessité le contrôle des attaques d’adultes de grosses altises, un colza à quatre feuilles avant leur arrivée est le meilleur moyen de lutte. Dans cet objectif, la réussite de l’implantation est cruciale.
Arnaud Micheneau,
Terres Inovia
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