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EARL Roux

Poules pondeuses, grandes cultures et transformation à la ferme

À Portes-lès-Valence, la ferme Roux a choisi la transformation et la vente directe pour valoriser les produits issus de ses 40 ha en grandes cultures et de ses poules pondeuses bio. Rencontre avec Aurélie Roux et Manuel Faure, lauréats 2023 des Talents Tech&Bio. 

Poules pondeuses, grandes cultures et transformation à la ferme
Manuel Faure et Aurélie Roux recherchent « un système cohérent » qui ne les obligent pas « à travailler 80 heures
par semaine ». ©S.S.-AD26

Lorsqu’elle rejoint son père comme associée en 2007, Aurélie Roux le convainc de convertir l’exploitation à l’agriculture biologique. Les poulets de chair sont remplacés par des poules pondeuses bio en intégration. Les quarante hectares en grandes cultures entrent également en conversion. Quelques années plus tard, elle se lance dans la vente directe, d’abord avec les œufs. Un arrangement est trouvé avec l’opérateur du Sud de la France qui collecte leur production. Un bâtiment de deux fois 3 000 pondeuses est destiné exclusivement à l’intégrateur. Un second bâtiment de 2 000 poules permet une production d’œufs en priorité pour la vente directe. Très rapidement, la jeune femme cherche à compléter sa gamme de produits. « Je me suis d’abord équipée d’un petit moulin paysan pour fabriquer de la farine, puis d’une presse à huile pour le tournesol et le colza », poursuit l’agricultrice.

En 2021, deux ans après le départ en retraite du père d’Aurélie, Manuel Faure, son compagnon, la rejoint pour développer la transformation à la ferme des produits, notamment la fabrication de pâtes fermières. L’exploitation s’équipe alors d’un moulin Biocourt*, d’un trieur, d’une machine à pâtes. Manuel Faure construit également onze silos en bois pour les blés (7 tonnes environ par silo, ndlr), le maïs, le colza… « Il s’agit de silos étroits d’un mètre de large qui permettent de facilement refroidir le grain, sans souffleur », précise-t-il. Seul inconvénient de ce mode de stockage : le nettoyage.

Objectif : 140 kg de pâtes par semaine

Les productions sont valorisées au maximum en direct. « Sur nos 40 ha, nous cultivons du blé tendre (70 % de la récolte transformée à la ferme en farine), du blé dur (30 % transformés en pâtes), du tournesol (50 % transformés en huile), du colza (50 à 100 % transformés en huile selon la part dans l’assolement), un hectare de maïs (transformé à 100 % en polenta et farine), du seigle (100 % transformés en farine), de la luzerne pour des éleveurs drômois et de l’orge pour la coopérative », détaille Aurélie Roux. L’objectif est de produire 140 kg de pâtes par semaine contre 70 actuellement. Les produits de l’exploitation sont commercialisés sur le marché de Valence, auprès d’épiceries du bassin valentinois, de boulangers pour la farine et à la ferme grâce à un point de vente ouvert deux fois par semaine. L’EARL Roux développe aussi la vente pour les collectivités en direct ou au travers de l'association Agri Court et de la plateforme Agrilocal. « Nous proposons un produit qui se tient particulièrement bien à la cuisson, ce qui est un plus pour la restauration collective », explique Manuel Faure. Une bonne tenue liée d’une part au processus de fabrication, d’autre part au taux de protéines - entre 12,5 et 13 % - des blés durs bio. L’un des points forts de l’exploitation est en effet de disposer de ses propres engrais organiques grâce aux poules pondeuses même si « l’élevage reste une contrainte qui nécessite d’être présent tous les jours », souligne Aurélie Roux.

« Nous n’arrosons quasiment pas »

Si les deux associés ambitionnent d’augmenter la part de blé dur transformé à la ferme, pas question pour eux d’augmenter les surfaces. « Nous voulons rester dans un système cohérent qui ne nous obligent pas à travailler 80 heures par semaine », insistent-ils. Un système relativement sécurisé puisque l’exploitation dispose de 18 ha irrigables. Mais Aurélie Roux, qui s’occupe plus particulièrement des cultures, précise : « Nous n’arrosons quasiment pas et nous avons réduit la surface en maïs. Nous essayons de nous adapter et surtout de gagner en autonomie en produisant nos semences notamment en blé tendre et dur. » C’est l’ensemble de cette stratégie d’adaptation, du champ au produit fini, qui a retenu l’attention des organisateurs des Talents Tech&Bio.

Sophie Sabot

* Commercialisé par une société installée à Menglon (26), il s’agit d’un moulin Astrié à meule granit avec bluterie intégrée.