Ressource fourragère : des prairies multi-espèces aux multiples atouts

Comme leur nom l’indique, les prairies multi espèces associent plusieurs espèces de graminées et de légumineuses fourragères. Ce mélange d’au moins trois ou quatre espèces de plusieurs familles différentes permet de tirer profit des bénéfices de chacune. Par exemple, le ray-grass anglais peut couvrir le sol rapidement avec une fonction de garnissage et d’engazonnement, puis le dactyle ou la fétuque assureront la fonction de production grâce à leur port dressé de la deuxième à la sixième année. Le pâturin des prés prendra le relais avec le vieillissement du couvert. Quant au trèfle blanc, il assurera la fourniture d’azote aux graminées dès la deuxième année en ayant, lui aussi, une fonction de garnissage.
De l’azote gratuit avec les légumineuses
Véritables boosters azotés de la prairie, les légumineuses (luzernes, trèfles blanc ou violet…) permettent de réduire la consommation en engrais et en concentrés azotés. En effet, grâce à leur capacité à fixer l’azote de l’air, les apports d’azote peuvent être supprimés dès lors que les légumineuses représentent plus de 30 à 50 % de la prairie. Un sérieux atout alors que la tonne d’ammonitrate 33 a dépassé les 1 000 € depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Riches en protéines, les légumineuses produisent aussi des fourrages pâturés ou fauchés enrichis en matières azotées avec un bon équilibre énergie/azote. Là non plus, pas besoin de se ruiner en concentrés alors que la tonne de tourteau de soja a considérablement augmenté. Des expérimentations ont montré que ces couverts sont en capacité de produire plus de biomasse et de protéines que les associations de ray-grass anglais et trèfle blanc. L’écart de rendement est compris entre 1,2 et 1,5 t de MS/ha/an ! La production fourragère est aussi mieux étalée sur l’année avec des pics de production décalés entre les espèces. Sa résistance aux sécheresses estivales et ses capacités de rebond sont à citer parmi leurs avantages.
Damien Hardy, Institut de l’élevage
Des fourragères estivales pour renforcer son stock
Les dérobée fourragères estivales sont des cultures de courte durée, placées entre deux cultures, généralement pendant trois mois entre juin et octobre. Cela peut être des graminées comme du sorgho multicoupe, du millet ou du moha, des légumineuses comme de la vesce ou du trèfle ou des crucifères comme le chou, la navette ou le colza. Ces cultures opportunistes intensifient la production fourragère et augmentent le stock fourrager des élevages. Pour s’y retrouver, Arvalis propose un outil en ligne (choix-des-couverts.arvalis-infos.fr) pour aider au choix des couverts en dérobées en fonction des attentes de l’éleveur, de la rotation dans le champ et des périodes possibles de semis. L’outil propose une liste de couverts et renvoie vers la description des espèces (fiches.arvalis-infos.fr).
Depuis quelques années, des espèces exotiques résistantes à la chaleur et à la sècheresse, originaires d’Afrique, comme le lablab, le niébé (cowpea), le teff grass ou le sorgho multicoupe, sont apparues sur le marché.