PORTRAITS
Métiers agricoles : nouveaux visages

Après une première série de portraits dans L’Agriculture Drômoise du 10 novembre, voici de nouveaux témoignages de salariés agricoles. Ou comment le salariat agricole peut ouvrir des voies d’épanouissement professionnel et pourquoi pas conduire vers un projet d’installation. Ces témoignages ont été recueillis en partenariat avec l’Association départementale emploi formation (Adefa 26), Service de Remplacement Drôme et Agri Emploi 26. 

Métiers agricoles : nouveaux visages

« Les femmes ont entièrement leur place dans le milieu agricole »

Ludivine VILLARD, 26 ans, Ouvrière agricole spécialisée, Saint-Martin-d’Août

Quel est votre parcours ?
Ludivine Villard : « J’ai toujours été entourée par le milieu agricole : mes grands-parents étaient agriculteurs, mon père était inséminateur. Du coup, je partais souvent avec lui rendre visite aux éleveurs. Après le collège, j’ai suivi un BAC Technologique au lycée agricole de La Côte-Saint-André. De fil en aiguille, j’ai poursuivi mes études par un BTS productions animales en alternance, sur deux ans. À la fin de mon BTS, j’ai été directement embauchée en CDI au Gaec Bourrit à Saint-Martin-d’Août. Je travaille surtout avec les vaches allaitantes et en boucherie, ce qui est souvent perçu comme un métier d’homme. Les choses sont toujours un peu plus compliquées quand on est une femme, on doit faire ses preuves tous les jours. Et je suis la preuve qu’on peut y arriver ! »

D’un point de vue, professionnel et personnel, qu’est-ce que ce parcours vous a apporté ?
L. V. : « Cela m’apporte une grande confiance en moi et une grande fierté de pouvoir vivre de sa passion, même si ce n’est pas facile tous les jours. Il n’y a pas un seul matin où je me lève en me disant que je voudrais faire autre chose, c’est presque une vocation. »

Et la place de la femme dans l’agriculture ?
L.V. : « On m’a auparavant fait comprendre qu’une femme n’avait pas sa place au sein d’une ferme. Pourtant, je pratique des activités habituellement assignées à des hommes : je fais des travaux de bûcheronnage, de la grande culture... Il y a des préjugés qui restent ancrés. Heureusement, les mentalités commencent doucement à changer. »

Quelles sont pour vous les qualités primordiales pour exercer en agriculture ?
L.V. : « Être flexible car les imprévus sont au rendez-vous. Ce qu’on prévoit de faire en une journée ne se passe presque jamais comme prévu. En tant que femme, il faut aussi avoir du caractère au milieu de ce domaine majoritairement masculin. Evidemment, il faut aimer les animaux et le travail en extérieur. Surtout, le plus important, il faut être passionné. »

Comment vous projetez-vous professionnellement et/ou personnellement ? Comment envisagez-vous votre évolution ?
L.V. : « J’aimerais avoir une vie de famille, avec des enfants, tout en exerçant mon travail. Je ne sais pas encore si je souhaiterais m’installer à mon compte, car en tant que salariée, j’ai de nombreux avantages et une certaine tranquillité d’esprit. Ce qui est sûr, c’est que je travaillerai toujours dans l’élevage, j’aime beaucoup trop mon métier. » 

 

Le remplacement, une opportunité pour se professionnaliser

Gaetan MARION, 24 ans, Agent de remplacement, Secteur Herbasse  Galaure Valloire

Quel est votre parcours ?
Gaetan Marion : « J’ai 24 ans. J’ai toujours été attiré par l’agriculture. J’ai donc suivi un Bac pro CGEA (comptabilité gestion des exploitations agricoles) à la MFR de Chatte. Via les stages, j’ai découvert la diversité des productions agricoles ce qui m’a permis de préciser mes choix professionnels : les vaches laitières. J’ai poursuivi un BTS Acse (analyse conduite et stratégie de l’entreprise) par alternance. L’exploitation de mon maître d’apprentissage se situait dans le Vercors (35 vaches laitières et transformation fromagère). Cette expérience a confirmé mon goût pour l’élevage bovin lait. Je suis ensuite parti un an au Canada pour découvrir d’autres manières de travailler. À mon retour, j’ai été embauché en CDI à temps plein au Service de remplacement (SR) Herbasse-Galaure-Valloire en tant qu’agent de remplacement. Puis, il y a un an, j’ai décidé de prendre un congé sans solde et suis parti travailler quatre mois en Suisse, en exploitation vaches laitières et transformation. »

Que vous apporte votre travail au Service de remplacement ?
G.M. : « Sur mon poste d’agent de remplacement, j’interviens majoritairement en bovin lait. Cependant, en fonction des besoins du Service, je travaille dans tout type de production, notamment élevage caprin, maraîchage et arboriculture. »

Quel intérêt trouvez-vous à votre poste actuel ?
G.M. : « L’intérêt de mon poste est double. Je travaille dans plusieurs exploitations, ce qui me permet de voir la diversité des productions, des organisations du travail, de la gestion. Je développe ma polyvalence. Le Service de remplacement est une bonne école qui permet de comparer, d’utiliser ce qui nous paraît le plus pertinent, savoir ce qui nous plaît et ce qui fonctionne. D’un point de vue personnel, je me sens utile. Le SR joue un rôle social notamment quand je remplace des agriculteurs(trices) accidenté(e)s ou malades. »

Quelles sont les qualités primordiales pour exercer en agriculture et plus particulièrement en tant qu’agent de remplacement ?
G.M. : « Une capacité d’adaptation est indispensable. Exploitation, méthode de travail, horaires de travail, relations humaines... Chaque remplacement est différent. Il faut être vaillant et avoir le contact facile. Enfin, il faut oser dire ce que l’on pense mais ne pas s’imposer. Lorsque je démarre un remplacement je fais comme j’ai l’habitude. Si l’agriculteur me demande de faire autrement je fais. »

Comment vous projetez-vous professionnellement et/ou personnellement ? Comment envisagez-vous votre évolution ?
G.M. : « Deux changements importants se préparent à court terme. Côté vie privée, je vais être papa. Côté vie professionnelle, j’ai un projet d’installation en Isère, en vaches laitières, en 2023. Je quitte le Service de remplacement fin juin pour réaliser mon stage de pré-installation.  En conclusion, je voudrais dire qu’avec le Service de remplacement, je me suis construit un réseau professionnel mais aussi amical. » 

« J’ai beaucoup d’idées à mettre en œuvre »

Pascale Michelas, 42 ans, Chargée de développement, Ourches

Quel est votre parcours ?
Pascale Michelas : « Après un BTS action commerciale, j’ai travaillé treize ans aux Gîtes de France de la Drôme, d’abord comme agent de réservation puis en tant que contrôleur hébergement, et enfin comme chargée de communication. Suite à la restructuration de l’équipe, j’ai eu l’opportunité de m’engager dans une reconversion professionnelle. Je souhaitais me former à un métier manuel. Après une formation de huit mois au CFA de Livron, j’ai obtenu avec succès un CAP de charcuterie-traiteur. Par la suite, on ne me proposait que des emplois en grandes surfaces. Cela ne m’intéressait pas. J’ai trouvé une offre d’emploi en transformation fromagère. J’ai contacté l’employeur, Léo Girard, exploitant de Dessine moi une brebis, installé en 2013. Il était intéressé par mon profil car un de ses projets était de développer un atelier charcuterie. J’ai donc démarré comme agent fromagère pendant un an puis je me suis consacrée aux marchés et au développement de l’atelier transformation viande. Souhaitant élargir la vente auprès des restaurateurs, des magasins bio, des collectivités, Léo m’a proposé de me consacrer à la fonction “développement et commercialisation” sur l’exploitation. »

D’un point de vue, professionnel et personnel, qu’est-ce que ce parcours vous a apporté ?
P.M. : « Je m’éclate dans mon job car j’aime la diversité. Depuis toute petite, j’ai des difficultés. Je m’adapte et ne veux pas rester dans la facilité. Je recherche le challenge. Ces différents postes m’apportent constamment de nouvelles connaissances, du partage, l’envie de faire partager. La Ferme Dessine moi une brebis propose des produits fermiers de qualité, authentiques et durables, issus de l’agriculture biologique. Cet état d’esprit me convient. »

Quelles sont pour vous les qualités primordiales pour exercer en agriculture ?
P.M. : « La polyvalence est indispensable. Il faut aimer partager notamment lorsque l’on occupe des emplois de vente et de commercial. »

Comment vous projetez-vous professionnellement et/ou personnellement ? Comment envisagez-vous votre évolution ?
P.M. : « Actuellement, je souhaite poursuivre mon investissement dans cette ferme et j’espère qu’elle restera à taille humaine. J’ai beaucoup de choses à apprendre sur ce nouveau poste et surtout j’ai beaucoup d’idées à mettre en œuvre. » 

Pour en savoir plus : Adefa Drôme - [email protected]  - 06 32 99 34 05  - www.anefa.org