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Que sont-ils devenus ?

Lait bio : double peine pour l’exploitation de Samy Raspail

Il y a un an, nous avions rencontré Samy Raspail à la tête de l’EARL de Grimolle à Comps (lire ici). Le point sur ce qui s'est passé depuis un an sur son exploitation.

Lait bio : double peine pour l’exploitation de Samy Raspail
Samy Raspail. ©AD26

Avec un troupeau d’une cinquantaine de vaches montbéliardes, un potentiel de production de 420 000 litres de lait en bio (collectés par Biolait) et une SAU de 115 ha, l’exploitation de Samy Raspail fait figure d’exception sur ce territoire au sud de la vallée de la Drôme qui ne compte quasiment plus d’éleveurs en bovins lait.

Comment a-t-il traversé l’année 2022 et où en sont ses projets ? « J’ai été particulièrement pénalisé cette année car j’ai dû réformer plus de bêtes que prévu suite à des problèmes de mammites d’où une production laitière en baisse d’environ 80 000 l par rapport au potentiel », confie Samy Raspail. Un coup dur pour l’éleveur, confronté par ailleurs à des prix du lait bio particulièrement bas, et qui a dû emprunter face à des difficultés de trésorerie. « Heureusement les cours de la viande étaient hauts pour les vaches de réforme, ce qui a permis de compenser un peu », ajoute-t-il.

Côté productions végétales, Samy Raspail estime s’en être bien sorti en 2022. « Ici, nous sommes habitués au sec depuis des décennies. On est un peu armé contre ça [l’exploitation dispose de deux lacs collinaires, ndlr]. Nos terres argileuses et étanches en profondeur sont généralement pénalisées en année humide. Là, en revanche, elles ont bien exprimé leur potentiel, notamment sur les luzernes », poursuit l’exploitant. Les maïs, semés tard, ont bénéficié d’orages à point nommé. Seules les prairies naturelles ont vraiment souffert.

Des projets reportés

Entre les difficultés de trésorerie et la surcharge de travail liée aux besoins d’arrosage des cultures, Samy Raspail avoue avoir mis sur pause deux projets dont il nous parlait en janvier 2022 : l’installation d’une pailleuse automatique et la finalisation des travaux pour l’installation d’un nouveau tank à lait de 6 000 litres et d’un plus petit destiné à la vente de lait cru.

Son fils, qui projetait de revenir sur l’exploitation, a fait d’autres choix pour l’instant. En parallèle, l’un des deux salariés a considérablement réduit son temps de travail pour reprendre l’exploitation de son frère parti en retraite. « Je suis donc à la recherche d’un salarié mais c’est très difficile de trouver, reconnaît l’éleveur. Je suis aussi dans la perspective de commencer à préparer dans de bonnes conditions la transmission de mon exploitation. » En 2023, il espère revenir à des volumes de production conformes à ses objectifs et surtout que le prix du lait bio « soit en cohérence avec l’évolution des charges. » Et de conclure sur le même constat que lors de notre première rencontre en 2022 : « J’ai du mal à comprendre comment on va nourrir la population si on continue de mépriser ceux qui sont à la production ».

Sophie Sabot