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APICULTURE

La pollinisation des semences, un enjeu majeur

Auvergne-Rhône-Alpes compte près de 250 000 ruches pour 13 000 détenteurs, dont 300 apiculteurs professionnels. Pourtant, très peu proposent des prestations de pollinisation, indispensables au développement de nombreuses cultures agricoles.

La pollinisation des semences, un enjeu majeur
L’ADA Aura a installé en juin dernier un rucher d’essai et de démonstration sur une parcelle de la plateforme TAB à Étoile-sur-Rhône.

La filière apicole se porte bien. Avec près de 13 000 détenteurs de ruches, Auvergne-Rhône-Alpes est la première région apicole en nombre d’apiculteurs. C’est ce qu’a annoncé Marion Guinemer, technicienne au sein de l’association pour le développement de l’apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes (ADA Aura), le 7 juin dernier lors d’une journée bio organisée par la chambre d’agriculture de la Drôme sur la plateforme TAB (techniques alternatives et biologiques). Cette rencontre, autour de l’ouverture des ruches installées sur une parcelle du site expérimental à Étoile-sur-Rhône, a permis de rappeler l’importance des activités de pollinisation pour de nombreuses cultures agricoles, et particulièrement les multiplications de semences oléagineuses. Or, à ce jour, on considère qu’en France, seulement 1 % du chiffre d’affaires d’une exploitation apicole est généré par un atelier de pollinisation. La pollinisation est un processus qui consiste à transférer le pollen depuis l’appareil reproducteur mâle vers l’organe femelle de la fleur. « Les abeilles, sauvages et domestiques, constituent la majorité de la population qui pollinise les cultures », prévient Romain Filiol, animateur technique et syndical à l’Anamso*. En effet, le rendement en production de semences hybrides de colza et de tournesol dépend à 85 % de l’activité de butinage des abeilles.

Deux ruches par hectare

Pour accompagner les exploitations agricoles, l’Anamso organise chaque année des rencontres entre apiculteurs et agriculteurs multiplicateurs afin d’échanger sur les connaissances en termes de pollinisation des productions de semences et de favoriser le dialogue. Un projet mené avec l’Inra (2013-2016) a permis de déterminer l’importance des abeilles dans les productions de semences et d’établir une charge optimale en colonies d’abeilles mellifères à introduire par unité de surface à la culture adaptée. « Adapter la charge en abeilles sur la parcelle de production de semences est indispensable pour une pollinisation optimale, garantissant le rendement, la qualité des semences et l’homogénéité du poids de mille grains », appuie Romain Filiol. L’optimum pour la pollinisation serait ainsi de huit intercadres – remplis d’abeilles – par ruche, à hauteur de deux ruches à l’hectare. Enfin, la plateforme TAB travaille sur l’importance des pollinisateurs sauvages dans les cultures. « Nous avons mené des inventaires dans plusieurs systèmes de culture et plusieurs bandes enherbées qui nous ont permis de répertorier jusqu’à 24 familles d’abeilles sauvages. Une diversité importante, liée notamment à la ressource floristique que l’on peut trouver dans le milieu », explique Florian Boulisset, chargé de projet. 
La ressource mellifère peut ainsi être favorisée par la gestion des aménagements en bords de champs, la mise en place de couverts en intercultures, etc. 

Amandine Priolet

* Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses.

Beewapi : quand apiculteurs et producteurs se retrouvent

Ces dernières années, l'Anamso a œuvré à la création d’une plateforme d’échanges de colonies d’abeilles domestiques destinées à l’activité de pollinisation. Le site Beewapi permet ainsi de mettre en relation directe des apiculteurs et des producteurs et de répondre aux besoins des deux filières. Dans ce cadre, une charte de bonnes pratiques est instaurée entre les deux parties. n
3POUR EN SAVOIR PLUS / Consultez le site : beewapi.com