Un plan loup « très flou »
En Drôme, les représentants des éleveurs ont du mal à voir dans les annonces faites lundi de réelles avancées pour améliorer leur quotidien face à la prédation.

« Ça balaye tout et c’est très flou », « on n’y comprend rien »… Ce mardi, au lendemain de la présentation du plan national d’actions « loup » 2024-2029, Frédéric Gontard, président de la Fédération ovine de la Drôme (FDO 26) et Edmond Tardieu, en charge du dossier « prédation » à la FDSEA de la Drôme, ne cachaient pas leur déception. « De vraies avancées, pour moi, il n’y en pas, lâche Frédéric Gontard. Et surtout, il va falloir encore attendre pour savoir comment ces mesures pourraient être appliquées sur le terrain. Pendant ce temps, le loup continue de se développer. Pour l’instant, ce plan comporte beaucoup de “on va” : on va faire des études, on va travailler… Mais on le fait déjà ! La FNO [fédération nationale ovine, ndlr] a fait des propositions, on a passé des journées entières à les travailler. Ce qu’on attendait, c’est du concret. Par exemple sur le chien de protection qu’on nous dise clairement : oui, la responsabilité juridique du chien de protection relève de l’État puisque c’est lui qui vous les impose.»
« Juge, flic et victime ! »
Même analyse du côté du syndicat Jeunes Agriculteurs de la Drôme. Leur président Yvan Jarnias estime par exemple que l’objectif de garantir la délivrance des autorisations de tir sous 48 h en cas d’attaque ne changera rien pour les éleveurs drômois. « C’est déjà le délai dans notre département ! », commente-t-il. « On nous annonce aussi une réforme du comptage des loups. Oui, on va certainement nous proposer une nouvelle méthode mais qu’il faudra faire valider par de nombreuses instances… Le temps qu’on trouve un accord, on n’est pas prêt d’avoir une estimation réelle de la population de loups », poursuit le président de JA 26. Interrogé sur l’annonce de mise en place de formations de louvetier à destination des agriculteurs, Yvan Jarnias réagit : « On nous propose d’être juge, flic et victime ! Il y a déjà des agriculteurs louvetiers. Ceux que ça intéresse y ont déjà accès. Là on propose juste de simplifier, tant mieux. Mais c’est tout simplement reporter la charge sur les éleveurs alors que ce qu’on demande, c’est de former et de payer des gens pour assurer cette mission de louveterie. » Il estime aussi que l’annonce d’une enveloppe de 2,5 millions d’euros sur cinq ans pour amplifier la recherche sur les moyens de protection des troupeaux, notamment dans les nouveaux territoires prédatés, se révèle bien insuffisante. « 2,5 M€ sur cinq ans, c’est 500 000 euros par an, divisé par le nombre de départements concernés, on atteindra peut-être 20 000 euros par an ! Qu’est-ce qu’on peut faire avec ça ? », dénonce-t-il.
D’autres réponses le 21 septembre ?
Pour Frédéric Gontard, « il va falloir faire le deuil du pastoralisme. À l’avenir, on verra peut-être des jeunes s’installer avec des petits troupeaux, bien clôturés et des chiens de protection, et faire du maraichage à côté. Mais des troupeaux pour entretenir l’arrière pays, on voit bien que ce n’est plus possible. »
Face au flou de cette première mouture, les représentants des éleveurs drômois attendent désormais de nouveaux éclairages du ministre de l’Agriculture. Marc Fesneau est annoncé ce jeudi 21 septembre sur le salon Tech&Bio à Bourg-lès-Valence. Pourra-t-il répondre aux demandes de précisions de la profession ? Pas sûr. Le ministre écrivait lui-même ce lundi 18 septembre sur son compte X [ex Twitter] : « Le plan va être désormais soumis à consultation du public et des arrêtés devront ensuite préciser ces mesures. Le plan, c’est le cadre général pour les années à venir. Suivront des dispositions réglementaires diverses pour le mettre en œuvre. »