2024, une année de galère pour les abeilles
Estimée à 20 000 tonnes cette année, la production de miel française décroche en raison d’une météo médiocre. Bilan de la campagne apicole 2024.

La Fédération nationale des associations de développement de l’apiculture (ADA France), en partenariat avec l’Itsap-Institut de l’abeille et avec le concours financier d’InterApi et du Casdar, vient de publier une estimation de la campagne mellifère 2024. Et les chiffres sont loin d’être au beau fixe. Fruit d’enquêtes réalisées auprès de 678 apiculteurs1 sur toute la France, le bilan fait état d’une saison peu productive à catastrophique au printemps. La récolte est ainsi estimée à 20 000 tonnes en 2024 avec un intervalle de confiance de 15 900 à 26 300 tonnes, alors qu’en 2023, elle se situait à 33 900 tonnes, avec un intervalle de confiance entre 30 400 et 37 400 tonnes. Les récoltes d’été ont été hétérogènes, selon les apiculteurs et les régions. Les pertes de production sont importantes.
Miellées : une saison compliquée partout en France
La saison apicole 2024 a débuté de manière positive avec un démarrage précoce des colonies. « Malheureusement, la pluie, le froid et très souvent le vent, ont stoppé net les premières miellées de printemps et le développement des colonies. Le butinage printanier devenu difficile (très peu de fenêtres, fleurs lessivées), les abeilles ont rapidement consommé les réserves récoltées de début d’année. Dans la majorité des régions, les apiculteurs ont procédé à des nourrissements au printemps pour maintenir les colonies en vie », explique la Fédération nationale des associations de développement de l’apiculture (ADA France). Ces conditions climatiques médiocres se sont poursuivies jusqu’en juin. Au-delà, une amélioration météorologique a permis la production de nectar. Toutefois, certaines colonies, trop affaiblies par les conditions printanières, n’ont pas été en mesure de produire du miel en été. Ainsi, les récoltes d’été sont très hétérogènes d’une région à une autre et même d’un département à un autre. Certaines miellées ont pu être très productives pour les uns alors que pour d’autres, les récoltes sont quasiment nulles. Les dernières miellées sont éparses dans le temps et bien souvent tardives. Beaucoup d’espoirs reposaient sur ces récoltes de fin de saison. Dans plusieurs régions, le nourrissement hivernal a démarré précocement (Île-de-France, Centre Val-de-Loire), alors que d’autres ressortent de l’été avec des réserves (Nouvelle-Aquitaine) et de belles colonies (Auvergne-Rhône-Alpes). Des demandes d’aides sont en cours pour obtenir des indemnisations de solidarité nationale (ISN).
Frelon asiatique : une pression limitée
Les conditions climatiques, peu propices aux abeilles, ont également été difficiles pour le frelon asiatique. On note localement une forte pression du frelon dans le Sud-Est de la France, ainsi que son apparition en Corse fin août. La pression du varroa a été forte en fin de saison dans plusieurs régions (Hauts-de-France, Île-de-France, Nouvelle Aquitaine, Centre Val-de-Loire, Normandie, localement en Bourgogne-Franche-Comté). En revanche, en Auvergne-Rhône-Alpes, la pression est restée plutôt faible.
Élevage : des conditions printanières défavorables
La saison d’élevage a débuté précocement, mais la météo du printemps a créé des problèmes de fécondation quasiment dans toutes les régions. Le bilan est moyen à correct pour la plupart mais le bilan de l’année reste très hétérogène.
Sophie Chatenet d’après étude ADA France
1. 70 % producteurs conventionnels, 27 % en bio, et 3 % en conversion.
Récolte 2024 : répartition selon les miellées
Les miellées qui ont été le plus produites en 2024, en dehors des miels toutes fleurs, sont celles de lavande, châtaignier et colza. Viennent ensuite les miellées de tournesol, fleurs de printemps et montagne, puis les miellées de forêt et d’acacia. La production de la catégorie « autres miellées », qui rassemble les miels de fleurs d’été, de bruyère, de rhododendron ou encore de carotte, d’arbousier, de bourdaine, différents types de maquis, plusieurs miellats, oignons, pissenlit, ronce, sarrasin, trèfle, érable sycomore... (liste non exhaustive) représente 38,7 % du volume de miel produit.
À noter sur la dénomination des miellées : en fonction des nectars disponibles et des stratégies de commercialisation de chaque apiculteur, la frontière entre les catégories « colza » et « fleurs de printemps » peut être poreuse. Une partie du miel déclaré comme miel de « fleurs de printemps » peut ainsi être catégorisée en miel de colza, pur colza ou contenant partiellement du nectar de colza.
Le nombre d’apiculteurs en France augmente
En 2023, FranceAgriMer recensait plus de 63 410 apiculteurs sur le territoire français. Un nombre en augmentation sur la majeure partie du pays.
Selon le dernier recensement de FranceAgriMer, en 2023, on compte 63 415 apiculteurs, soit une progression de 1,1 % par rapport à 2022. Selon le nombre de ruches, on recense 57 753 apiculteurs ayant moins de 50 ruches (+ 1,1 % vs 2022) ; 2 660 apiculteurs entre 50 et 149 ruches (+ 0,6 %) ; 2 121 entre 150 et 399 ruches et 881 apiculteurs ayant plus de 400 ruches (+ 4,9 %). La catégorie des apiculteurs de plus de 50 ruches a augmenté de 0,7 % entre 2022 et 2023, ils sont désormais 5 662 en France (5 620 en 2022).
En régions
La population d’apiculteurs se concentre essentiellement dans les régions du Sud de la France, avec en tête Auvergne-Rhône-Alpes qui regroupe 20,9 % des apiculteurs français, suivi de la Nouvelle-Aquitaine avec 11 % et de l‘Occitanie (10 %). Dans la partie Nord, le Grand-Est se positionne comme la deuxième région française en nombre d ‘apiculteurs (12,8 %). La population d’apiculteurs des DOM représente 1,7 % de la population totale des apiculteurs français. Le nombre d’apiculteurs recule dans quatre régions françaises. Le recul le plus important est observé en Corse (- 7,5 %), suivi de la Provence-Alpes-Côte d’Azur (- 4,1 %), de l’Auvergne-Rhône-Alpes (- 2,5 %) et de l’Île-de-France (-1,7 %). A contrario, le nombre d’apiculteurs est en progression dans toutes les autres régions notamment dans les régions Normandie et Hauts-de-France.
Source : FranceAgriMer