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Culture fruitière

Amandier : « Une culture durable et rentable à part entière »

Faire le choix de l’amandier, même dans le cadre d’une diversification, c’est opter pour une culture fruitière durable et rentable à part entière. Avant de se lancer, plusieurs points clés au plan agronomique, du matériel et de la logistique comme de la stratégie commerciale sont à valider.

Amandier : « Une culture durable et rentable à part entière »

Est-ce que ma parcelle est non ou peu gélive, est-ce que mes sols sont adaptés à la culture amandier, est-ce que je dispose d’une possibilité d’irrigation ? Voilà les trois premières questions en termes agronomiques qu’il convient de se poser dans l’optique d’une culture rentable. Il faudra ensuite valider ces paramètres, pour commencer à bâtir un projet dans lequel d’autres éléments alimenteront nécessairement la réflexion. « Si l’on est dans un secteur gélif, les risques de perte de rendement sont trop importants. Même constat avec des sols inadaptés, qui ne permettront qu’une faible production et engendreraient même un risque de mortalité des arbres. L’absence de solution d’irrigation, elle, pénalisera le rendement global. Elle pourra aussi favoriser l’alternance et la production d’amandons plus petits et plus secs, donc entraîner des poids de récoltes plus faibles », commente Jean-Michel Montagnon, conseiller en arboriculture à la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et référent région Paca sur l’amandier.
En verger, les temps de travaux sont généralement un poste sous-évalué. Et c’est, pour le conseiller, un vrai danger, même si l’amandier est, certes, moins gourmand en main-d’œuvre que d’autres productions fruitières. « Au regard des temps de taille, c’est beaucoup plus faible que sur du pêcher et beaucoup plus rapide que sur du pommier pour ce qui est des temps de récolte », note Jean-Michel Montagnon. Cependant, le temps qui doit être consacré à l’observation contre les bioagresseurs ou à la gestion de l’irrigation est fondamental, et fait de la culture de l’amandier un métier à part entière. « Il faut vraiment oublier que la culture de l’amande est secondaire, si l’on souhaite accorder une dimension professionnelle au produit et développer une culture rentable », insiste le conseiller.

Trois niveaux de surfaces 

La réflexion ne s’arrête pas là. Il convient d’adapter le projet à la surface et aux intentions de commercialisation. Comme l’explique Jean-Michel Montagnon, « on observe globalement trois niveaux de surfaces de plantation, entre les gens qui envisagent de planter entre 0,5 et 2 hectares (ha), ceux qui partent sur des surfaces entre 2 et 10 ha, et ceux dont le projet est plus important, au-delà de 10 ha ». Ces trois approches discrimineront des natures de projets différents et engendreront des conséquences différentes sur le choix du matériel de récolte et la logistique.
La culture de l’amandier est totalement mécanisable pour les opérations de récoltes. Mais l’investissement dans une machine, de l’ordre de 40 000 € en moyenne, n’est envisageable et rentable qu’avec des surfaces supérieures à 10 ha. Sur les petites parcelles qui ne peuvent justifier des investissements aussi élevés, il existe d’autres solutions : mutualisation avec des amandiculteurs du secteur, ou de prestations. Mais elles nécessitent d’être anticipées afin de disposer du matériel de récolte le jour J.
Pour la culture de l’amandier, l’aspect logistique revêt en réalité une grande importance. En plus de la récolte, il concerne l’écalage (souvent traité avec la machine de récolte), le séchage des amandes (indispensable pour la conservation et le cassage), et le cassage des coques. Là encore, en fonction des volumes de production, ces opérations ne sauraient s’improviser.
La dimension commerciale d’un « projet amande » a bien entendu toute son importance. Sur de petites surfaces, les coûts de production seront plus élevés et nécessiteront la recherche de débouchés permettant une meilleure valorisation de la production, au travers de stratégies de vente directe ou par de l’ensachage par exemple. Aussi, pour ce qui est du volet transformation, certaines casseries proposent aujourd’hui des produits plus élaborés, comme des amandes grillées, salées ou de la poudre d’amande. Des orientations à considérer en fonction des débouchés souhaités. Et sur le territoire régional, qui reste encore déficitaire en points de cassage, les solutions offertes à ceux qui envisagent la production d’amandes évoluent dans le bon sens. Une nouvelle casserie s’est montée il y a un an et demi, chez Nicolas Granget, à Bédarrides dans le Vaucluse. Et, compte tenu de la dynamique sur la filière et des volumes en croissance constante, d’autres projets comme celui d’Eygalières (13) sont en cours.
Bien évidemment, tous ces éléments sont à associer et à compléter, notamment par les coûts de plantation et les coûts de production. Et, comme dans tout projet, il sera aussi indispensable de considérer sa capacité d’autofinancement et d’emprunt dans sa réflexion globale, avant de décider de planter de l’amandier. 

Emmanuel Delarue

Les États-Unis premiers producteurs d’amandes au monde

Selon Agridata#13 publié le 13 janvier, les États-Unis sont devenus les premiers producteurs d’amandes au monde avec près de deux millions de tonnes produites en 2019, soit 55,4 % de la production mondiale d’amandes. L’Europe, qui a été leader de la production mondiale de ce fruit jusqu’au milieu des années 1980, n’en représente plus que 13,5 %. L’Espagne reste le pays dominant dans ce secteur avec 687 230 hectares en 2019 (203 600 ha en 1961) et représente le deuxième producteur mondial de cette coque. A l’inverse, l’Italie a perdu presque 84 % de ses surfaces : de 316 000 ha en 1961 à 52 040 en 2019.
La France, cinquième producteur européen, a, elle aussi, vu sa production chuter de plus de 69 % : 3 680 t en 1961 contre 1 130 en 2019. Notre pays consomme chaque année 42 000 t d’amandes.
A noter, le Maroc qui n’avait pas de surface d’amandes répertoriées en 1961 détenait, en 2019, plus de 190 000 ha ! Les États-Unis sont les premiers exportateurs mondiaux (214 487 t) devant l’Australie (48 071 t). En revanche, le premier importateur mondial est l’Inde avec un volume de 160 192 t.

Variétés et porte-greffes : attention aux compatibilités

Variétés et porte-greffes : attention aux compatibilités
La culture de l’amandier est totalement mécanisable pour les opérations de récoltes. Mais investir dans une machine ne peut s’envisager qu’avec des surfaces supérieures à dix hectares. © E. Delarue

L’implantation d’un verger d’amandiers nécessite de bien choisir sa ou ses parcelles et de faire aussi des bons choix variétaux et de porte-greffe. Les nouvelles variétés sont à floraison tardive, ce qui limite les risques de gel de printemps. Mais, a contrario, elles ont aussi des exigences de conduite, de pollinisation ou de récolte. Le calendrier sanitaire est relativement allégé par rapport au pêcher, mais l’amandier doit être protégé contre Eurytoma amygdali et différents champignons pathogènes. Là encore, il faut anticiper et évaluer les risques pour des traitements adaptés. En matière de porte-greffes, le GF 677 est l’un des mieux maîtrisés aujourd’hui sur nos sols calcaires, tandis que l’on préférera Marianna GF 8-1 pour des sols plus tassés. Mais attention : il n’est pas compatible avec toutes les variétés. Une nouvelle gamme de porte-greffes est aussi désormais disponible.
En matière de conduite, plusieurs formes - comme l’axe, la palmette ou encore la haute densité - sont à l’étude dans les conditions provençales. Pour obtenir du rendement et de la qualité, le concept qui se dégage encore majoritairement en Espagne est le modèle du gobelet multi-charpentières, qui s’appuie sur une distance de plantation de 6 mètres entre les rangs, et de 4,5 m à 6 m sur le rang adossé à une récolte mécanique. 
E. D.