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Viticulture

Vins IGP de la Drôme : choisir le bon scénario

En assemblée générale, la fédération drômoise des IGP viticoles a dressé un constat alarmant de la situation viticole en vue des prochaines vendanges, avant d’échanger sur les perspectives de la filière à l’horizon 2040.

Vins IGP de la Drôme : choisir le bon scénario
Juliette Mounier et Adelin Marchaud, respectivement responsable administrative et président de la fédération drômoise des IGP viticoles, ont animé l’assemblée générale organisée à la Maison de l’agriculture à Cléon-d’Andran. ©AP

«Au vignoble, la sécheresse et les pics de température dès le printemps ont marqué 2022 pour donner au final des vins contrastés en volume et en qualité, a affirmé Adelin Marchaud, président de la fédération drômoise des IGP viticoles, à l’occasion de l’assemblée générale le 4 avril à Cléon-d’Andran. On a relevé deux tendances : les zones précoces et irriguées - ou peu affectées par le manque d’eau - avec de fortes périodes pluvieuses de fin de cycle, qui donnent généralement de belles qualités avec des quantités souvent moindres ; les zones tardives, malmenées pendant l’été mais diluées par les pluies automnales, avec des équilibres, du volume ou des couleurs pas toujours maîtrisées, donnant lieu à des vins parfois difficiles à vinifier et, parfois aussi, à commercialiser. »
Pour rappel, le rôle de la fédération départementale est d’assurer la gestion et la défense des vins IGP (indication géographique protégée) de la Drôme, des Collines rhodaniennes et des Coteaux des Baronnies. Devant une quinzaine de personnes, représentants de la filière viticole, le président a dressé un constat quelque peu inquiétant de la situation actuelle du marché : « Avec la récolte 2022, les caves se heurtent à un marché dépressif ou en berne dans le Sud-Drôme, laissant des stocks importants non contractualisés à seulement cinq mois du début des vendanges 2023 ». Pour Adelin Marchaud, l’inquiétude provient également de l’intérêt grandissant des consommateurs pour d’autres boissons alcoolisées. « Le vin perd en France chaque jour quelques occasions de dégustation au profit d’autres boissons telles que la bière. (…) Cela met en évidence nos difficultés à garder notre place sur le marché des boissons des Français », souligne-t-il.

Remise en question

L’avenir des IGP viticoles est-il en danger ? Toujours est-il que les désordres connus ces dernières années rebattent les cartes et engagent une vraie remise en question. Dans ce contexte, les professionnels des quatre bassins de production viticole (Sud-Ouest, Languedoc-Roussillon, Loire, Sud-Est) se sont réunis en 2022 à l’initiative de la Confédération des vins IGP, en coordination avec FranceAgriMer. Présente à Cléon-d’Andran, Axelle Fichtner, directrice d’Inter-Med (ODG de l’IGP Méditerranée), a présenté les résultats de cette réflexion prospective sur la filière française des vins IGP à l’horizon 2040-2045. Parmi les quatre scénarios étudiés, deux ont retenu une attention toute particulière. Le premier scénario vise à prendre en compte les attentes sociétales tout en gardant comme pilier l’origine des vins. Dans le second scénario, également plébiscité par la région Sud-Est, « la provenance du vin devient ”la règle” pour les consommateurs, a expliqué Axelle Fichtner. La filière vin IGP adapte ses produits et son marketing pour attirer les nouvelles générations avec des produits de marques standardisés ou bien des produits “authentiques” s’inspirant des bières artisanales. »

Lutter contre une fusion IGP/AOP

A contrario, les deux autres scénarios seraient à éviter : le premier prévoit que le fait de produire ou de consommer du vin est dangereux pour la santé et que les aides publiques se voient alors limiter à la restructuration du vignoble avec la promesse de pratiques environnementales vertueuses. Autre scénario catastrophe, celui d’une « fusion IGP / AOP » afin de constituer des offres régionales simplifiées. « Certains thèmes reviennent dans la majorité des scénarios, comme la communication sur les signes d’identification de la qualité et de l’origine, le soutien à la recherche, l’œnotourisme, le développement des cépages résistants... », prévient Axelle Fichtner. Quoi qu’il en soit, la filière viticole devra répondre à un certain nombre d’enjeux pour assurer sa pérennité et devra obligatoirement passer par l’innovation, l’adaptation, la recherche variétale, la qualité et l’origine de ses vins.

Amandine Priolet

Repères en Drôme

Campagne 2021-2022 (millésime 2021) 
209 opérateurs actifs.
766 lots déclarés toutes IGP confondues.
Volumes totaux revendiqués pour la récolte 2021 :
- IGP Collines rhodaniennes : 
   34 716 hl.
- IGP Drôme : 28 919 hl.
- IGP Ardèche : 693 hl.
- IGP Coteaux des Baronnies : 
   16 385 hl.
- IGP Méditerranée : 65 054 hl.