Résultats des essais variétés en blé dur
À l’heure du choix des variétés pour les semis 2022, Arvalis-Institut du végétal présente les résultats des essais réalisés en blé dur et triticale. Description.

Dans un marché abondant et diversifié, le choix variétal en blé dur est orienté par les débouchés. Les propriétés technologiques d’une production de blé sont en effet largement influencées par la variété. Les caractéristiques agronomiques et qualitatives des variétés seront donc prises en compte. L’agriculteur, comme l’organisme stockeur, a intérêt à diversifier ses choix variétaux pour limiter les risques d’accident climatique, et associer points forts et faiblesses des différentes variétés pour la commercialisation. Type de sol, date prévisionnelle de semis, contraintes de désherbage et tolérance aux accidents récurrents sont autant de facteurs qui doivent rentrer en compte dans le choix de la variété.
Les valeurs sûres
Anvergur (RAGT 2013) :
C’est la référence actuelle dans la plupart des milieux. En 2022, elle se fait battre par RGT Belalur et RGT Vanur. Mais elle reste cependant très performante sur l’ensemble des essais. Elle possède une grande souplesse : épi très fertile et PMG moyen mais très élastique. Sa précocité est idéale pour la région et sa grande fertilité d’épi permet de compenser une implantation médiocre. Elle a sa place dans tous les milieux à l’exception des milieux très séchants où son PS peut chuter, et des milieux très fertiles où elle craint la verse. Son rendement est meilleur en finition douce qu’en année à finition échaudante ou à maladies de l’épi. Tolérance à la septoriose parmi les meilleures. Sa tolérance à la rouille brune dérive un peu depuis son inscription en 2013. En revanche, une très bonne tolérance à la rouille. Bonne qualité globale sauf pour les PMG et PS, juste dans la moyenne. Compte tenu de son rendement, sa teneur en protéines est bonne. Anvergur et RGT Voilur sont les variétés produisant le plus de protéines par hectare.
Casteldoux (Desprez - 2015) :
Excellente tolérance aux rouilles. Très bon rendement pour les sols moyens à finition parfois difficile. Belle qualité. Jusqu’à 55 à 60 q/ha, son rendement est du niveau de celui d’Anvergur. Assez précoce, elle construit son rendement avec un épi moins fertile qu’Anvergur mais un grain un peu plus gros. Moins souple en cas d’implantation difficile, elle finit en revanche mieux. En 2022, elle est en-dessous de la moyenne en termes de rendement. Sa tolérance aux rouilles est excellente. Très sensible à la septoriose, le premier traitement ne peut être abandonné qu’en année sèche pendant la montaison, ce qui a été le cas en 2022 comme en 2021. Sa qualité est bonne avec notamment une assez bonne tolérance à la moucheture qui conforte sa tolérance globale aux maladies de l’épi.
Claudio (Heliosem - 2001) :
Référence vieillissante en milieu séchant. Très sensible au mitadinage. Un potentiel inférieur à 40 q/ha, avec une fin de cycle échaudante, elle n’est rejointe que par Santur et RGT Aventadur. Très précoce, elle n’est freinée que par le froid de l’hiver. Le risque d’un excès de précocité est faible quand l’hiver est bien marqué. En 2022, son rendement est supérieur à la moyenne grâce au maintien d’une bonne valeur de PMG liée à sa précocité. Haute et sensible à la verse, elle est inadaptée en sol profond.
Miradoux (Deprez - 2007) :
Elle a en moyenne un rendement inférieur de 5 % à celui d’Anvergur. Sa très grande sensibilité aux rouilles peut être très pénalisante. Qualité irréprochable toujours recherchée. Miradoux n’est déconseillée que dans les sols séchants à cause de sa tardiveté. Ses limites sont sa grande sensibilité aux rouilles brune et jaune et à Fusarium. En 2022, son rendement est un peu en-dessous de la moyenne. Elle supporte assez bien les pluies à l’épiaison.
RGT Voilur (RAGT - 2016) :
Excellente teneur en protéines mais grains petits. Son élaboration du rendement rappelle celui d’Anvergur avec un épi aussi fertile mais un grain un peu plus petit (- 2 g). Son rendement atteint celui d’Anvergur sauf en cas de forte compensation sur une faible densité d’épis probablement limitée par son petit PMG. Elle paraît ainsi moins à l’aise en milieu séchant. Ses tolérances à la rouille brune et à la septoriose sont excellentes, en revanche elle montre depuis plusieurs années une sensibilité à la rouille jaune précoce qui s’est confirmée en 2020 avec de nombreuses parcelles touchées précocement. Bon comportement face aux mosaïques en 2016. RGT Voilur paraît sensible au piétin échaudage et, de manière générale, aux atteintes racinaires. Très courte, elle résiste très bien à la verse. En 2022, elle fait encore partie des plus performantes. Compte tenu de son rendement, sa teneur en protéines est exceptionnelle. Tolérante à la moucheture.
Santur (RAG- 2013) :
Entre 30 et 50 q/ha, elle produit 2 à 3 q/ha de plus que Claudio et son PS est presque aussi bon. Elle construit son rendement avec peu d’épis fertiles et un PMG proche de celui de Claudio. Sa fertilité des épis la rend beaucoup plus souple que Claudio en cas de mauvaise implantation. Toute aussi précoce que Claudio, elle est exposée aux mêmes risques de gel au printemps et aux mêmes conseils de date de semis : ne jamais semer avant fin octobre.
Toscadou (Desprez - 2016) :
Demi-précoce à gros grains et bon PS, finissant bien. Bon potentiel en milieu moyen à séchant. Au-dessous de 55 q/ha, son rendement est du niveau d’Anvergur. Son élaboration du rendement rappelle celle de Miradoux avec un peu plus de tout : épis, fertilité, PMG (+ 2 g). Sa capacité de compensation est inférieure à celle des meilleures (Anvergur, Nobilis, Voilur), il faut donc réussir son implantation. Sa précocité, son PMG et son PS élevé lui permettent de bien finir en sols moyens à séchants où elle remplace bien Atoudur (potentiel 40 à 50 q/ha). Assez sensible à la septoriose, il faut prévoir un traitement.
Variétés intéressantes
Relief (Syngenta - 2014) :
Potentiel de rendement égal à celui d’Anvergur, au-dessus de 70 q/ha. Tardive et de finition lente, elle est plus adaptée aux sols profonds. Elle a montré en 2019, 2020 et 2021 une bonne résilience après la longue sécheresse de sortie d’hiver et a su en 2020 comme en 2021 très bien valoriser les pluies d’avril et mai. En 2022, la fin de cycle séchante lui a été très défavorable. Elle construit son rendement avec un nombre d’épis moyen, très fertiles (plus que Sculptur) et un grain petit (PMG inférieur à Biensur). Bonne tolérance à la mosaïque VSFB (virus des stries en fuseau) mais inférieure à celle de LG Boris. Sensible aux maladies foliaires (septoriose, rouilles), il faut prévoir un traitement. Sa qualité technologique est bonne et sa teneur en protéines est moyenne compte tenu de son rendement. Bonne pour les situations à risque de fusarioses (précédent maïs, humidité en mai) ou à VSFB et les milieux finissant bien (sol très profond, irrigation).
RGT Aventadur (RAGT - 2018) :
Ultra-précoce inscrite en Italie. Son potentiel de rendement est supérieur à celui de Claudio de 5 à 10 %. Elle épie en moyenne deux à trois jours avant Claudio, le risque de gel à la montaison est donc très élevé. Elle est très courte (comme Sculptur) et a fait son rendement avec beaucoup d’épis, peu fertiles et un gros PMG (type Toscadou). Son PS est moyen. En 2022, elle finit moins bien que Claudio et n’a pas pu maintenir son PMG en fin de cycle.
Variétés récentes
RGT Vanur (RAGT - 2019) :
Première année de résultats en tant que variété inscrite au catalogue. Elle a démontré une très bonne tolérance à la rouille jaune (parmi les meilleures avec Anvergur et Nobilis). Elle semble en revanche être sensible à la rouille brune mais à confirmer. Bon comportement face à la septoriose (similaire à RGT Voilur). De hauteur intermédiaire, elle semble moins sensible à la verse qu’Anvergur. Elle fait son rendement avec de très gros grains (PMG le plus important de l’ensemble des essais). Son PS semble moyen (type RGT Voilur). Son taux de protéines est proche de celui d’Anvergur. En 2020, elle semblait avoir un bon potentiel à la fois sur des sols peu profonds et profonds. En 2021, les résultats sont plus mitigés. Elle a un rendement moyen en-dessous de la moyenne des essais. En 2022, elle est la première du classement grâce à une bonne fin de cycle et un bon remplissage malgré les conditions échaudantes.
Platone (Sem Partners - 2017) :
Variété demi-précoce italienne. Elle est observée depuis deux ans dans la région. Elle confirme en 2022 avoir un des PS les plus élevés parmi les variétés présentes dans les essais : seul Claudio la dépasse cette année. Son PMG et son taux de protéines sont plus élevés que la moyenne : 1 % de plus en protéines. Elle a fait un nombre d’épis moyen et a une fertilité d’épis plutôt faible. Platone semble être une variété finissant bien et donc tolérant assez bien une sécheresse de fin de cycle. Mais elle est peu souple et rattrape difficilement un mauvais départ (implantation difficile ou sécheresse précoce).
Yves Pousset, Arvalis-Institut du végétal
Les nouveautés
Canaillou (Desprez - 2020) :
Variété demi-précoce, elle s’est très bien comportée dans l’ensemble des essais, avec un rendement toujours supérieur au rendement moyen de chaque essai.
Elle semble s’adapter à tous les types de conditions : sol superficiel séchant, sol intermédiaire et profond. Elle fait son rendement grâce à un nombre d’épis élevé, un nombre de grains par épi plutôt moyen mais des gros grains (au-dessus de la moyenne des essais). Sur les parcelles où l’azote a été limitant au début de la montaison, elle a produit moins d’épis, et donc moins de talles. Elle conserve un taux de protéines correct étant donné son rendement.
RGT Belalur (RAGT- 2020) :
Variété demi-tardive, elle a montré un potentiel de rendement toujours plus élevé que la moyenne. Elle construit celui-ci grâce à une très bonne fertilité d’épis (la meilleure de toutes les variétés cette année en nombre de grain/épi). Elle fait ainsi un nombre d’épis modeste mais ceux-ci sont de grande taille. Les grains ne sont pas particulièrement gros au sein de l’épis. Malgré un rendement très élevé, elle réussit à faire un taux de protéines correct.
Formidou (Desprez - 2020) :
Variété demi-précoce, Formidou a un rendement dans la moyenne sur des sols profonds, et en-dessous de la moyenne sur les sols plus séchants. Elle construit son rendement en faisant un nombre d’épis plutôt faible, un nombre de grains par épi moyen et des grains de taille moyenne. Sa principale qualité réside dans sa capacité à faire de la protéine. Variété qui paraît intéressante en système biologique (elle a été testée cette année dans le réseau variétal biologique). Aucune maladie sur les essais pour le confirmer mais dans le réseau d’inscription Formidou, elle a eu un bon comportement face aux maladies.
RGT Soissur (RAGT - 2020) :
Variété demi-tardive, elle construit son rendement en faisant beaucoup d’épis mais de petite taille et composés de petits grains. Son point faible semble être sa capacité à faire des protéines alors que son rendement se trouve dans la moyenne. Son ratio rendement et protéines n’est pas bon. Son point fort réside dans sa grande tolérance au froid. C’est une variété qui peut trouver un intérêt dans des secteurs tardifs. RGT Soissur a des défauts qui peuvent être assez contraignants. Elle peut trouver un intérêt ponctuellement dans des secteurs tardifs comme les Alpes où sa tolérance au froid peut être un atout. À vérifier l’année prochaine.
RGT Kapsur (RAGT - 2020) :
Variété demi-précoce, elle a un rendement dans les essais menés depuis deux ans en-dessous de la moyenne du regroupement des essais. Elle construit son rendement en faisant un nombre d’épis moyen avec un peu plus de grains mais plus petits. Par rapport à son rendement 2022, son taux de protéines est un peu faible. Elle apporte un peu de PS. Même si cette année cela n’a pas pu être noté sur les essais (faible pression en maladie), elle aurait une bonne tolérance à la fusariose qu’il faudra valider au cours d’une année à plus forte pression. RGT Kapsur a été plutôt moyenne en termes de rendement dans les essais en 2022. À voir si sa tolérance à la fusariose observée lors de son inscription se confirme, dans ce cas-là, elle aurait un intérêt sur des parcelles à risque.