Les dernières expérimentations du Ratho
La station expérimentale horticole du Ratho à Brindas (69) a organisé début juillet sa traditionnelle journée technique
à destination de ses adhérents. L'occasion pour ces professionnels de l'horticulture de se retrouver après une année de crise sanitaire,
et de découvrir les dernières expérimentations menées sur place.

Le rendez-vous avait manqué à ses habitués. Jeudi 1er juillet, la station expérimentale horticole du Ratho à Brindas a pu organiser dans des conditions presque normales sa traditionnelle journée technique. Un événement incontournable pour les professionnels de la filière horticole, et qui permet aux adhérents de venir découvrir les dernières expérimentations qui y ont été menées. « C'est un peu notre journée portes ouvertes, explique en préambule David Vuillermet, responsable d'expérimentation de l’Institut Astredhor, qui gère le site. Elle s'adresse à nos adhérents et à tous les professionnels de la filière horticole et pépinière. Nous ouvrons nos portes pour présenter nos essais thématiques et les résultats obtenus auprès de nos producteurs. » Cette nouvelle édition a fait le plein avec près de 110 participants au total. Une « moyenne haute » à en croire David Vuillermet. Et les producteurs ne sont généralement pas les seuls à y participer. La journée technique brasse aussi des représentants des mairies et collectivités ainsi que des fournisseurs de poterie, de substrats, de jeunes plants et de l'ensemble des outils intégrés à la production horticole. « On sent que les thématiques ont été d'intérêt cette année », glisse d'ailleurs le responsable d'expérimentation pour justifier cet engouement.
Des ateliers aux thématiques très attendues
Ces thématiques ont été notamment abordées en matinée autour de trois ateliers différents. Le premier d'entre eux portait sur le prêt à poser végétal ou « Vegepap ». Un concept commercial qui en était à sa troisième et dernière année d'expérimentation et qui permet de proposer au consommateur une association de plantes dans une poterie design équipée de tous les outils nécessaires à l'entretien de la plante tout au long de la saison. « Le lycée de Dardilly nous a fait un retour après avoir testé le concept sur un point de vente où ils ont questionné les consommateurs sur leurs attentes et leur regard sur ce type de produit », ajoute David Vuillermet. Les résultats de cette enquête ont permis de révéler un vrai intérêt pour l'esthétique du produit.
Le prêt à poser fait partie des produits commerciaux expérimentés par le Ratho depuis maintenant trois ans.
Le deuxième atelier était lui centré sur la fertilisation organique. « Il s'agit d'une grosse attente en horticulture où l'on recherche de plus en plus d'alternatives à la fertilisation minérale chimique », précise Éric Vuillermet, président de la station. La technique était présentée par Sophie Bresch, issue du CDHR Centre Val de Loire du réseau Astredhor. Développée en hors-sol, elle s'est révélée intéressante à plusieurs titres avec un apport d'éléments fertilisants plus diversifié et son intégration dans l'horticulture biologique. En revanche, des désagréments comme des blocages ou des excès de minéralisation en fonction des températures peuvent être constatés et réclament un pilotage de fertilisation rigoureux. La matinée s'est close par un atelier autour de l'empreinte carbone des productions horticoles avec la présentation du projet Carbon' Aura. « Nous avons développé un outil pour simuler les émissions de gaz à effet de serres dans la production d'un plant, présente David Vuillermet. Il suffit de rentrer les différents paramètres d'une culture comme le type de serre, de substrat, de poterie ou encore de chauffage et de cette façon on connaît les postes qui émettent le plus. » Un diagnostic qui permet en conséquence de remédier aux postes les plus polluants pour ensuite utiliser des alternatives plus respectueuses de l'environnement.
Des plantes de services pour lutter contre les ravageurs
Les participants ont pu profiter du jardin d'expertise de la station avec d'un côté les prêts à poser en expérimentation et de l'autre les stands d'obtenteurs et de partenaires de la station. « Ils fournissent les jeunes plants et nous proposent chaque année leurs nouveautés que nous élevons et mettons en production, souligne David Vuillermet. Le jardin d'expertise est structuré autour des thématiques de l'innovation et de l'économie en eau. Ce sujet est une forte attente des collectivités qui pour des raisons environnementales doivent réduire l'irrigation. » Ce temps d'échanges et de repérage de nouvelles variétés pour les producteurs a laissé place aux ateliers de plantes de service en horticulture, pépinière et maraîchage. Des espaces tenus par des adhérents de la station qui ont présenté leurs retours sur diverses expérimentations menées au Ratho. C'est le cas de Matthieu Berlioz, ingénieur projet au Domaine de Chapelan à Feyzin (69). « Dans le cadre de notre Groupe 30 000 nous avons développé l'utilisation de plantes de services pour attirer des syrphes afin de lutter contre le puceron du rosier, développe-t-il. Nous avons mis à côté de rosiers des plantes nectarifères à côté des plantes réservoirs attirant les pucerons. » Un dispositif qui a évidemment suscité les interrogations des producteurs désireux d'importer la technique sur leur propre exploitation. « Nous avons pu réduire notre indice de fréquence de traitement (IFT) avec trois traitements en moins par rapport à une culture classique, affirme Matthieu Berlioz. Cela étant, l'année était exceptionnelle sur le plan du climat, il faudra donc confirmer l'an prochain. » Sous une autre serre, Sophie Chevignon, qui travaille pour les Établissements Vuillermet en Savoie, a présenté l'utilisation d'aubergines au milieu d'une culture de dipladenias. « Cela permet de déceler plus rapidement les attaques d'aleurodes, explique-t-elle. Nous avons eu de bons résultats avec notre essai et cela permet de réduire encore les impacts phytosanitaires. » Cette technique et celles précédemment citées ont en tout cas retenu l'attention des visiteurs du jour. « Le prêt à poser ou l'engrais organique sont des choses qui nous intéressent et qui méritent d'être développées », témoigne par exemple Patrick Gouttepifre, producteur à Clermont-Ferrand et adhérent du Ratho depuis 30 ans. Lui, comme d'autres, envisagent déjà de les adopter dès la saison prochaine.
Simon Alves