Accès au contenu
Adem 26

Face à la prédation et au changement climatique, accompagner le pastoralisme

Prédation, conséquence du changement climatique sur les espaces pastoraux, de nombreux sujets ont été abordés à l’assemblée générale de l’association départementale d’économie montagnarde de la Drôme (Adem 26), le 19 novembre à Marsanne.

Face à la prédation et au changement climatique, accompagner le pastoralisme
Philippe Cahn et Dominique Narboux, respectivement président et directrice de l’Adem 26. ©AD26 - S.S.

« Des actions remarquables », Isabelle Nuti, directrice de la DDT de la Drôme, qui représentait l’État lors de l’assemblée générale de l’Adem 26, n’a pas tari d’éloges sur les travaux menés par cette association. Créée en 1987, le but de cette structure est de soutenir et développer les activités pastorales collectives sur le territoire drômois, notamment via la création et l’accompagnement de groupements pastoraux et d’associations foncières pastorales. L’Adem offre également une expertise technique sur la gestion des espaces pastoraux, notamment face à la prédation et au changement climatique.

Cabane d’urgence 

A Marsanne, Philippe Cahn, président de l’Adem 26, a rappelé que plus aucun territoire drômois n’est épargné par la prédation. « 2020 restera dans les annales comme la pire année (…). La Drôme est le département où la situation s’est le plus détériorée avec une extension des attaques jusqu’en plaine, a-t-il rappelé. En 2021, la prédation s’est invitée aux portes de l’agglomération de Montélimar, avec près d’une trentaine d’attaques et 70 victimes dans un rayon allant de Labégude-de-Mazenc à Roussas, en passant par Allan, La Touche ». Face à ce constat, l’Adem 26 se fait le porte-parole des éleveurs. « Nous sommes intervenus vigoureusement lors du dernier comité loup pour demander que l’ensemble du département soit reconnu en cercle 1 afin que l’ensemble des éleveurs puisse bénéficier en amont des mesures de protection du plan loup », a souligné son président.

Sur le terrain, l’Adem 26 cherche aussi à apporter des réponses. Elle vient d’investir 19 450 euros HT dans une « cabane d’urgence » mobile, déplaçable par voie aérienne ou terrestre. En cours de construction, sa surface sera de 7,5 m² et son poids de 900 kg. Elle pourra être mise à disposition d’éleveurs en situation de prédation pour assurer une surveillance au plus près des troupeaux. Elle permettra aussi à tout éleveur ou groupement pastoral de tester un emplacement avant la construction d’une cabane.

Quatre estives pilotes

Autre sujet majeur qui mobilise l’Adem 26 : les conséquences sur les ressources en herbe du changement climatique. Fabien Candy, ingénieur pastoraliste en charge de ce dossier, a confirmé que l’Adem 26 souhaite travailler davantage sur les conseils à apporter aux éleveurs quant aux dates de montée et de descente en estive. « Les alpages souffrent avec les sécheresses successives. Cela a des conséquences sur les performances zootechniques des animaux », souligne l’ingénieur. Un suivi spécifique sur quatre estives pilotes (Ambelle, Font d’Urle, jardin du Roi et Chamouse) est lancé avec le Département, en partenariat avec les parcs des Baronnies et du Vercors.

Une station météo installée en juin dernier à Font d'Urle fournira des données sur la pousse de l'herbe en fonction des sommes de températures. Des indicateurs, propres aux zones d’estive, seront travaillés dès 2022 avec l’Inrae et la chambre d’agriculture de la Drôme.

Sur la ressource en eau, l’Adem a réalisé un inventaire des impluviums de la Drôme (55 recensés). Elle a par ailleurs effectué des analyses bactériologiques pour évaluer la qualité de l’eau dans différents points d’abreuvement à disposition des troupeaux en estive. Enfin l’association présentera courant 2022, les résultats des expérimentations menées avec le parc des Baronnies provençales sur les solutions pour limiter l’évaporation de l’eau des impluviums (modules plastiques type Hexaball® et Hexacover® notamment).

Déconstruire les idées reçues

Autre mission qui occupe de plus en plus l’Adem 26, la communication en direction du grand public. La crise du Covid a entrainé une fréquentation accrue des territoires de montagne, d’où la nécessité de mieux faire connaître le pastoralisme, a souligné Philippe Cahn. « C’est un axe fort du futur programme de sensibilisation à destination du grand public que nous sommes en train d’élaborer avec la Région, a-t-il révélé. Nous devons déconstruire certaines idées reçues, notamment celle qui consiste à dire : “la montagne est un espace de liberté qui n’appartient à personne“. Derrière chaque espace, il y a un propriétaire qu’il soit privé ou public et ceux qui viennent sont invités mais pas chez eux. Autre idée reçue : “tous les usages, y compris le loisir, ont la même légitimité“. Là encore, c’est faux. Les éleveurs ont un droit de pâturage avec un acte de location, soit un bail, soit une convention de pâturage. Les autres pratiques, exceptée la chasse parfois, sont des tolérances. Si la cohabitation est respectueuse, elle durera, sinon elle pourrait être remise en cause par les exploitants et ce serait dommage pour tout le monde ». C’est pourquoi l’Adem 26 mise sur la communication pour expliquer ces enjeux, que ce soit via des formations à destination des professionnels du tourisme, d’actions auprès du grand public lors d’évènements festif autour de la transhumance (La-Bégude-de-Mazenc, Marsanne, plateau de Beurre…) ou auprès des scolaires.

Sophie Sabot

L’Adem 26 en bref

Trente structures sont membres de l’Adem 26. Parmi elles : la chambre d’agriculture, les syndicats agricoles, la MSA, la Safer, le Département, les parcs naturels régionaux du Vercors et des Baronnies, les communautés de communes, la fédération des chasseurs, l’ONF, le CRPF…

L’Adem 26 met à disposition des éleveurs et groupements pastoraux des documents techniques : guide pratique de l’employeur en situation pastorale, guide pratique des responsabilités juridiques en espace pastoral, stocker l’eau en alpage, abreuvement et faune sauvage…

Plus d’infos ici.

Bassin de Montélimar : le territoire s’ouvre au pastoralisme

La relance des activités pastorales sur le territoire de l’agglomération de Montélimar était à l’ordre du jour des échanges de l’Adem, le 19 novembre à Marsanne. Sur cette commune depuis deux ans, des actions sont menées pour l’entretien et la reconquête d’espaces avec un éleveur ovin de Roynac (lire ici). En 2021, une opération (en partenariat avec le syndicat mixte du bassin du Roubion et du Jabron) a également été lancée avec un éleveur du Gard pour lutter contre la végétalisation du lit du Roubion par des espèces invasives. Ces actions seront renouvelées en 2022. Elles seront inscrites dans le prochain plan pastoral territorial (PPT) du bassin de Montélimar, porté par l’Agglo de Montélimar et la communauté de communes Dieulefit-Bourdeaux, qui devrait voir le jour au printemps prochain.

S.S.