La flavescence dorée sous de nouveaux projecteurs
Les premiers clichés pris dans les vignes de Saône-et-Loire avec la caméra Flash au début de l’expression des symptômes de la flavescence dorée confirment les espoirs autour de cet outil de détection.

Montée sur un scooter électrique, la caméra Flash a fait ses débuts dans les parcelles de Saône-et-Loire, fin août, du côté de Berzé. Il fallait attendre les premières expressions des symptômes de la maladie pour pouvoir commencer à tester cette caméra arrivée une semaine auparavant des États-Unis.
Engranger des prises de vues
« On va lui apprendre à détecter la même chose que ce que l’œil humain voit », indique Héloïse Mahé, chargée de formation au Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). À l’équipe présente - constituée de membres du BIVB et de la chambre d’agriculture - d’engranger un maximum de prises de vues pour pouvoir ensuite enseigner à la machine et à son intelligence artificielle quels sont les symptômes recherchés. Il faudra donc détecter, pour les chardonnays, un jaunissement de tout ou partie de la feuille, une décoloration des ramures, un enroulement de la feuille, un non-aoûtement du bois, des grappes qui se dessèchent.
« Nous allons en fait apprendre à la machine à détecter les jaunisses, comme ce que nous faisons actuellement lors de la prospection à pied. Seul le test en laboratoire permettra de déterminer s’il s’agit de flavescence dorée ou de bois noir », stipule Héloïse Mahé. Là-dessus, la caméra ne fera pas mieux que l’œil humain, mais elle représente malgré tout une aide précieuse dans la lutte contre la maladie dont le facteur exponentiel peut aller jusqu’à 100 en un an, comme le rappelle Christine Dubus, conseillère viticole à la chambre d’agriculture en charge notamment des questions de surveillance biologique et de traitement eau chaude.
Flavescence dorée ou bois noir ?
« Très peu de vignes sont aujourd’hui épargnées par les jaunisses, souligne-t-elle, on estime que 75 % des parcelles ont au moins un pied présentant des symptômes », étant entendu qu’il ne s’agit pas à chaque fois de flavescence dorée. « Le bois noir ne présente pas de facteur épidémique, son seul problème est de trop ressembler à la flavescence dorée. »
Composée de deux objectifs pour les prises de vues, de 12 lampes leds assurant un éclairage constant et optimal de chaque cep et d’une balise GPS permettant de repérer au centimètre près le pied concerné, la caméra évolue à une trentaine de centimètres de la vigne, garantissant une parfaite détection. « L’efficacité s’en trouve améliorée par rapport à un drone qui évolue au-dessus et beaucoup plus haut », fait remarquer Héloïse Mahé. Même avec le feuillage, la caméra arrivera toujours à capter un bout de rameau non-aoûté par exemple.
Vers d’autres utilisations ?
Et la détection des jaunisses n’est très certainement qu’un début : « On pourra très bien à terme apprendre au système à détecter tout autre problème sur la vigne ». Ainsi, à l’issue du passage de la caméra dans ses parcelles, un viticulteur pourra un jour être informé de quel pied souffre de quelle problématique : pas seulement de jaunisse donc mais aussi mildiou, oïdium, court-noué, etc., tout est possible car tout est enseignable à la caméra. Pour l’heure, les équipes s’attellent uniquement à la flavescence dorée ce qui représente déjà un important défi.