Arbres fourragers, une ressource prometteuse
Pour faire face au changement climatique et au manque d’herbe, la ferme caprine du Pradel (07) s’intéresse au pâturage d’arbres fourragers, et en particulier du mûrier blanc. Les premiers résultats sont prometteurs.

Les arbres fourragers pourraient-ils représenter une part importante de la ration en période estivale ? C’est sur cette question que se penche la ferme expérimentale caprine, l’Institut de l’élevage (Idele) et des OPA du Massif central, dans le cadre du projet APaChe* lancé l’an dernier. L’ambition : trouver des pistes pour s’adapter au changement climatique via le pâturage d’arbres, alors que l’herbe se fait plus rare. L’étude vise à analyser les effets de l’intégration d’arbres fourragers dans la ration des chèvres : quels impacts sur la production du lait ? La qualité du lait et du fromage ? Quel entretien et plantations privilégier ? Comment intégrer l’arbre fourrager dans son système ?
Mûrier, des valeurs nutritionnelles intéressantes
« L’été dernier, nous avons fait pâturer un lot de chèvres pendant seize jours sur deux hectares de mûriers blancs (feuilles vertes), plantés il y a une trentaine d’années pour la culture du ver à soie, explique Philippe Thorey, animateur de Cap’ Pradel. On observe une bonne appétence de la part des chèvres et une bonne digestibilité. » Plus globalement, les premiers résultats sur la productivité sont « excellents », selon Philippe Thorey. « La qualité du lait progresse, avec un taux protéique qui augmente légèrement et un taux butyreux largement amélioré par rapport à une ration à base de foin de luzerne en bâtiment. Par ailleurs, la production de lait a aussi tendance à augmenter. » Autre avantage du mûrier blanc : il est naturellement présent en Ardèche, résiste bien à la chaleur et procure de l’ombrage au troupeau.
Et la qualité des fromages ?
Pour l’heure, l’expérimentation s’est arrêtée à la qualité du lait. « Nous allons cette année analyser les effets du mûrier blanc sur la qualité des fromages, en partenariat avec le laboratoire de l’Idele. Le but est de caractériser les éventuels changements organoleptiques sur le picodon. Mais on sait déjà qu’avec une qualité du lait améliorée, le rendement fromager sera supérieur, ce qui est déjà positif pour la transformation fromagère. » Le projet APaChe doit se poursuivre jusqu’en 2024. « On commence également à étudier l’aspect plantation, indique l’animateur Cap’Pradel. Nous avons planté 1 300 mûriers en mars. L’objectif est de trouver le meilleur type d’implantation pour faciliter le travail de l’éleveur, mais également le meilleur type de taille pour favoriser la pousse de feuilles accessibles aux chèvres. »
D’autres arbres fourragers à l’étude
Au Pradel, des essais ont également été menés sur le pâturage de vignes après vendange. « Nous allons également étudier le frêne, uniquement à l’auge, pour en étudier les effets sur la production laitière, ajoute Philippe Thorey. Comme le mûrier blanc, le frêne présente une très bonne valeur alimentaire, avec une bonne digestibilité. »
Mylène Coste
* Ce projet mené sur trois ans (2021-2024) est financé par la Draaf Aura dans le cadre des fonds Massif central.