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Fourrage

L’affouragement en vert,  entre autonomie et productivité

En réponse à la hausse des coûts et aux aléas climatiques, certains éleveurs choisissent l’affouragement en vert pour leur élevage de ruminants. Un choix plutôt stratégique, selon Jean-Pierre Monier, conseiller élevage à la chambre d’agriculture de la Loire.

L’affouragement en vert,  entre autonomie et productivité
©Wirestock - Freepik
« L’affouragement en vert n’est pas l’apanage de ceux qui ne font pas pâturer. Les agriculteurs ont recours à cette pratique lorsque le pâturage n’est plus possible ou que les conditions ne sont pas optimales ».

«L’affouragement en vert consiste, tout simplement, à ramener de l’herbe fraîche au nez des vaches. Et contrairement à ce que l’on peut penser, cette technique peut être peu onéreuse. Je suis quelques exploitations ligériennes qui pratiquent l’affouragement en vert et les résultats économiques sont particulièrement intéressants », assure le conseiller. 

Production laitière optimisée

À condition que tout soit bien mené, la pratique apporte de nombreux avantages, notamment en ce qui concerne les fortes chaleurs liées au réchauffement climatique. « La qualité de l’herbe est valorisée, en condition de sécheresse notamment, si l’on a des parcelles trop éloignées, difficiles à valoriser en pâturage. Cela permet aux vaches d’avoir de l’herbe fraîche à disposition, très appétente surtout lorsqu’il fait chaud ». Car pour le conseiller, il est nécessaire de le rappeler : « en cas de fortes chaleurs, les vaches sont fainéantes. S’il fait plus de 30 degrés dans la prairie, il est possible de constater le soir venu qu’elles n’ont rien mangé, puisque comme nous, elles préfèrent se reposer à l’ombre, sans trop bouger. Résultat, elles produisent moins de lait. Et comme le dicton l’indique : faire travailler la panse pour éviter les dépenses », l’affouragement en vert contribue ainsi à pallier cette problématique en garantissant une meilleure production laitière. « Plus la vache mange, plus la qualité en termes de taux butyreux et protéique sera optimale. La production laitière en quantité sera également améliorée.  Car c’est aujourd’hui un grand problème, en juin, juillet, août, l’on constate des chutes de taux dans les laiteries. Il devient également nécessaire d’avoir des bâtiments bien adaptés, ventilés, propres au bien-être animal. Cela permet de maîtriser un niveau d’ingestion et de production, c’est fondamental », explique Jean-Pierre Monier, avant d’ajouter : « Il faut savoir que l’affouragement en vert n’est pas l’apanage de ceux qui ne font pas pâturer. Les agriculteurs qui mettent ça en place sont de vrais pâturants, ils ont recours à cette pratique lorsque le pâturage n’est plus possible ou que les conditions ne sont pas optimales ». 

Faire face au réchauffement climatique

« L’affouragement commence dès l’approche de la période estivale, lorsque l’herbe commence à se faire rare, sur des parcelles un peu plus éloignées. L’affouragement en vert permet de la valoriser directement », explique-t-il. « D’autant plus qu’aujourd’hui, il y a deux printemps : au printemps, et à l’automne. Le second est problématique puisque les jours étant diminués, l’herbe est parfois trop loin pour être valorisée sur pied, mais elle est également difficile à faire sécher et enrubanner. Cela demande donc un coût très important. L’affouragement en vert est également très intéressant de ce côté-là. » Les prairies valorisées sont ainsi multi-espèces, pour les protéines et légumineuses. « Le trèfle violet par exemple est très long à faire sécher notamment en automne, donc l’amener directement aux vaches est très bien. On n’apporte pas de légumineuses pures pour éviter les problèmes de météorisation chez les vaches », ajoute-t-il. La fréquence de coupe, elle, reste très variable, selon la météo, mais le rythme est presque journalier. 

Favoriser la cohérence 

Qu’ils soient en conventionnel ou en bio, beaucoup d’éleveurs choisissent l’affouragement en vert pour ces nombreuses raisons. « D’autant plus que beaucoup d’entre eux n’ont presque rien investi, même si les investissements sont extrêmement variables selon les fermes et les besoins. Ils utilisent la même machine qu’ils utilisent pour affourager et pour désiler l’ensilage en hiver. Aujourd’hui on utilise aussi beaucoup de faucheuses frontales : pas besoin de système, on utilise la faucheuse frontale devant le tracteur et on ramasse l’herbe derrière. Le poids des infrastructures est très cher, c’est l’inconvénient majeur », précise le conseiller. Ainsi, ce dernier conseille un modèle qui repose sur une cohérence entre coût alimentaire et coût de mécanisation, qualité et prix du lait. Sans oublier le temps de travail. 

Charlotte Bayon